- Roni Brauman, ancien président et membre de Médecins sans frontières
- Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS
- Christophe Ventura, directeur de Recherche à l’IRIS, en charge du programme Amérique Latine et Caraïbes.
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La guerre d’agression lancée par la Russie en Ukraine cristallise et rend visible des tendances déjà à l’œuvre, et les accélère. Déclin relatif de l’hégémonie et de la puissance des États-Unis, montée en puissance concomitante de la Chine et de l’Asie vers laquelle bascule le centre de gravité de l’économie mondiale, affirmation progressive des États dits du « Sud », figurent ainsi parmi les principales caractéristiques du moment actuel des relations internationales. La guerre en Ukraine constitue alors une nouvelle étape significative dans la configuration d’un monde désormais apolaire. Elle confirme l’existence d’un système international en crise et ouvre un nouveau chapitre caractérisé par l’intensification des rivalités de pouvoir et la montée des impérialismes locaux et régionaux. Dans ce cadre, les valeurs que les puissances occidentales continuent plus ou moins confusément de considérer comme universelles ne parviennent plus à prédominer ni militairement, ni politiquement, ni culturellement. Au-delà de leur diversité et de celle de leurs intérêts, les puissances dites du Sud s’affirment sur la scène mondiale et bousculent les équilibres anciens. Elles remettent en cause la hiérarchie de l’ordre international et refusent de s’aligner systématiquement sur les intérêts et les positions des puissances occidentales.
Le monde se désoccidentalise-t-il alors ? C’est précisément l’ambition de ce dossier que de discuter cette notion de « désoccidentalisation » du monde et des réalités qu’elle recouvre, d’en saisir les points d’appui, mais aussi les contradictions et les limites.