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Un partenariat pour l’avenir : 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre la France et l’Afrique
par Hubert Védrine, Lionel Zinsou, Tidjane Thiam, Jean-Michel Sévérino et Hakim El Karoui - Paris, Hachette, coll. Pluriel, 2014, 372p.
L’an passé, Pierre Moscovici, alors ministre de l’Économie et des Finances commandait à cinq experts un rapport sur les relations économiques entre l’Afrique et la France. Ce panel prestigieux était composé d’un ancien ministre des Affaires étrangères – mobilisé depuis quelques années pour la rédaction de rapports sur la mondialisation (2007) ou l’OTAN (2012) –, de l’ancien et charismatique directeur général de l’Agence française de développement (AFD), d’un jeune et brillant consultant d’origine franco-marocaine – créateur du Club XXIe siècle, décalque bigarré du très élitiste « Siècle » – , du président franco-béninois d’un fonds d’investissement – et chantre de l’afroptimiste – et d’un X-Mines franco-ivoirien – qui fut un temps ministre du Plan à Abidjan avant de prendre la tête d’une compagnie d’assurances britannique. Difficile de trouver à redire à pareille assemblée où tant d’intelligence, de diplômes et d’expérience se présentent sous le visage avenant de la mixité, sinon sociale, au moins géographique. Rédigé de fait par les jeunes plumes de l’Inspection générale des finances, le « rapport Védrine » ne porte guère la marque de son principal auteur, plus à l’aise sur les sujets politiques. Il ressemble plutôt, jusqu’à la caricature, à ces rapports articulés en deux parties que l’on apprend à rédiger sur les bancs de l’ENA, avec d’abord un état des lieux sans concession, puis une articulation des propositions opérationnelles. La recette vaut dans tous les domaines et reconnaissons-lui, pour quitter le terrain de l’ironie moqueuse, qu’elle n’est pas inefficace.
Le constat principal est que l’Afrique va mieux. Elle affiche des taux de croissance presqu’insolents : 5 % en moyenne par an pour le PIB, 16 % pour les échanges commerciaux. À rebours d’idées reçues difficiles à déraciner, la pauvreté y recule, les conflits s’y font plus rares, et une classe moyenne de 300 à 500 millions d’individus qui épargnent et consomment est en train de s’y développer. La France y perd cependant des parts de marché : de 10,1 % en 2000 à 4,7 % en 2011, ce alors que les parts de la Chine passaient dans le même temps de 6 à 16 %. Pourtant, la France possède des atouts culturels, humains, économiques et militaires qu’elle pourrait mieux mettre en valeur : environ 100 millions de francophones vivent en Afrique, près de 2,3 millions d’immigrés vivant en France en sont originaires - dont 1,6 million provenant du Maghreb -, près de 250 000 Français vivant sur le continent – qui sont toutefois à mettre en perspective avec le million de Chinois et les 2 millions d’Indiens.
D’où une série de propositions regroupées en quinze chapitres. Il s’agirait, tout d’abord, de faciliter la délivrance des visas économiques – seul marqueur politique d’un rapport dont la neutralité est à la fois admirable et angoissante. Une autre proposition concerne les droits d’inscription des étudiants étrangers dans les universités françaises, que les rapporteurs proposent d’augmenter dans l’optique de financer des bourses d’excellence pour les étudiants africains – une idée déjà avancée par Alain Minc en 1987. L’une des recommandations les plus ambitieuses a trait à la zone CFA, que le rapport suggère d’élargir aux petits pays anglophones d’Afrique de l’Ouest (Ghana, Liberia, Sierra Leone), puis au Nigeria - non mentionné dans le rapport mais dans les interviews données par Hubert Védrine à l’occasion de sa sortie -, voire de rebaptiser symboliquement.
Ce rapport a été remis en décembre 2013 en marge du sommet Afrique-France réuni à Paris autour de François Hollande. Accessible comme c’est l’usage sur le site du ministère de l’Économie ou sur celui de la Documentation française, il a été publié en poche dans la collection Pluriel de Hachette. Hélas, le retard pris par la création de la fondation publique-privée franco-africaine qu’il appelait de ses vœux pour assurer le suivi des propositions qu’il articulait est de mauvais augure pour leur mise en œuvre.
Le constat principal est que l’Afrique va mieux. Elle affiche des taux de croissance presqu’insolents : 5 % en moyenne par an pour le PIB, 16 % pour les échanges commerciaux. À rebours d’idées reçues difficiles à déraciner, la pauvreté y recule, les conflits s’y font plus rares, et une classe moyenne de 300 à 500 millions d’individus qui épargnent et consomment est en train de s’y développer. La France y perd cependant des parts de marché : de 10,1 % en 2000 à 4,7 % en 2011, ce alors que les parts de la Chine passaient dans le même temps de 6 à 16 %. Pourtant, la France possède des atouts culturels, humains, économiques et militaires qu’elle pourrait mieux mettre en valeur : environ 100 millions de francophones vivent en Afrique, près de 2,3 millions d’immigrés vivant en France en sont originaires - dont 1,6 million provenant du Maghreb -, près de 250 000 Français vivant sur le continent – qui sont toutefois à mettre en perspective avec le million de Chinois et les 2 millions d’Indiens.
D’où une série de propositions regroupées en quinze chapitres. Il s’agirait, tout d’abord, de faciliter la délivrance des visas économiques – seul marqueur politique d’un rapport dont la neutralité est à la fois admirable et angoissante. Une autre proposition concerne les droits d’inscription des étudiants étrangers dans les universités françaises, que les rapporteurs proposent d’augmenter dans l’optique de financer des bourses d’excellence pour les étudiants africains – une idée déjà avancée par Alain Minc en 1987. L’une des recommandations les plus ambitieuses a trait à la zone CFA, que le rapport suggère d’élargir aux petits pays anglophones d’Afrique de l’Ouest (Ghana, Liberia, Sierra Leone), puis au Nigeria - non mentionné dans le rapport mais dans les interviews données par Hubert Védrine à l’occasion de sa sortie -, voire de rebaptiser symboliquement.
Ce rapport a été remis en décembre 2013 en marge du sommet Afrique-France réuni à Paris autour de François Hollande. Accessible comme c’est l’usage sur le site du ministère de l’Économie ou sur celui de la Documentation française, il a été publié en poche dans la collection Pluriel de Hachette. Hélas, le retard pris par la création de la fondation publique-privée franco-africaine qu’il appelait de ses vœux pour assurer le suivi des propositions qu’il articulait est de mauvais augure pour leur mise en œuvre.