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Travail et genre dans le monde. L’état des savoirs
par Margaret Maruani (dir.) - Paris, La Découverte, 2013, 464 p.
Sociologue, directrice de recherche au CNRS, attachée au Centre de recherche sur les liens sociaux (CERLIS, CNRS – Université Paris-Descartes), Margaret Maruani est la créatrice du réseau de recherche international et pluridisciplinaire Marché du travail et genre (MAGE). Regroupant 45 articles, fruit des recherches de 55 auteurs, cet ouvrage a pour objectif d’ouvrir les horizons de la recherche en soulignant les enjeux, les évolutions et les débats contemporains sur l’articulation du genre et du travail.
Dès l’introduction, l’auteur met en exergue les récurrences observées – de la division sexuelle du travail à l’existence de métiers réservés aux femmes comme ceux du care – et les grandes lignes de démarcation que sont la scolarisation et la salarisation, dont découle l’autonomie économique des femmes. Articulés autour d’une question centrale, celle du poids du travail dans l’évolution des rapports sociaux de sexe et du statut de l’activité professionnelle dans les processus d’émancipation des femmes, les articles sont néanmoins d’une grande diversité. L’intérêt de ce travail collectif réside ainsi dans son approche pluridisciplinaire, qui permet d’appréhender le « leitmotiv » de l’ouvrage : « dans le monde du travail, les femmes sont partout, l’égalité nulle part » (p. 12), selon des approches sociologique, géographique, économique, ou encore historique.
L’ouvrage, divisé en quatre parties, offre ainsi un passionnant panorama sur la relation entre genre et travail. La première partie éclaire les concepts et problématiques nécessaires pour aborder les articles qui la suivent. Ceux-ci reviennent sur l’histoire – le travail rémunéré des femmes, l’histoire des féminismes – mais également sur les notions fondamentales des études de genre – mixité, articulation du genre, de la race et de la classe –, produisant dans le même temps un véritable état des recherches les plus classiques dans le domaine. La deuxième partie aborde les grandes tendances à l’œuvre depuis les années 1980, avec une approche par aires géographiques et pays qui fait néanmoins regretter l’absence de certaines zones comme l’Asie du Sud-Est ou l’Amérique du Nord. La troisième partie traite de la constance des inégalités jugées classiques, comme la dépendance financière des femmes ou le sexe des métiers. Particulièrement concentrée sur l’Europe, et notamment la France, elle présente également des approches comparatives. Enfin, la dernière partie met en valeurs certains des débats contemporains sur le sujet, allant du harcèlement sexuel au syndicalisme en passant par des sujets plus polémiques comme la prostitution ou le neurosexisme – idée qu’il existe un déterminisme génétique des différences cognitives et comportementales entre les sexes.
Si l’ouvrage tire sa force de la variété des sujets traités, c’est également là sa faiblesse. Les sujets abordés, qui ont pour certains fait l’objet de maintes publications, peuvent laisser une sensation d’inachevé et semblent très éloignés les uns des autres. Ainsi, certains articles, comme celui sur la prostitution, constituent de très bons résumés de sujets qui ont déjà fait l’objet de nombreuses publications, alors que d’autres, très spécialisés, sont plus difficiles d’accès. La rigueur des études, chiffrées et scientifiques, compense ce manque de liant. En effet, cette très bonne synthèse à la fois des travaux précédents mais aussi des débats et interrogations actuels est avant tout une invitation à découvrir les différents sujets. Le travail, autrefois signe de la nouvelle indépendance économique des femmes, est désormais un véritable fil rouge pour analyser leur place dans la société. In fine, l’ouvrage est donc un outil de compréhension des évolutions de nos sociétés contemporaines.
Dès l’introduction, l’auteur met en exergue les récurrences observées – de la division sexuelle du travail à l’existence de métiers réservés aux femmes comme ceux du care – et les grandes lignes de démarcation que sont la scolarisation et la salarisation, dont découle l’autonomie économique des femmes. Articulés autour d’une question centrale, celle du poids du travail dans l’évolution des rapports sociaux de sexe et du statut de l’activité professionnelle dans les processus d’émancipation des femmes, les articles sont néanmoins d’une grande diversité. L’intérêt de ce travail collectif réside ainsi dans son approche pluridisciplinaire, qui permet d’appréhender le « leitmotiv » de l’ouvrage : « dans le monde du travail, les femmes sont partout, l’égalité nulle part » (p. 12), selon des approches sociologique, géographique, économique, ou encore historique.
L’ouvrage, divisé en quatre parties, offre ainsi un passionnant panorama sur la relation entre genre et travail. La première partie éclaire les concepts et problématiques nécessaires pour aborder les articles qui la suivent. Ceux-ci reviennent sur l’histoire – le travail rémunéré des femmes, l’histoire des féminismes – mais également sur les notions fondamentales des études de genre – mixité, articulation du genre, de la race et de la classe –, produisant dans le même temps un véritable état des recherches les plus classiques dans le domaine. La deuxième partie aborde les grandes tendances à l’œuvre depuis les années 1980, avec une approche par aires géographiques et pays qui fait néanmoins regretter l’absence de certaines zones comme l’Asie du Sud-Est ou l’Amérique du Nord. La troisième partie traite de la constance des inégalités jugées classiques, comme la dépendance financière des femmes ou le sexe des métiers. Particulièrement concentrée sur l’Europe, et notamment la France, elle présente également des approches comparatives. Enfin, la dernière partie met en valeurs certains des débats contemporains sur le sujet, allant du harcèlement sexuel au syndicalisme en passant par des sujets plus polémiques comme la prostitution ou le neurosexisme – idée qu’il existe un déterminisme génétique des différences cognitives et comportementales entre les sexes.
Si l’ouvrage tire sa force de la variété des sujets traités, c’est également là sa faiblesse. Les sujets abordés, qui ont pour certains fait l’objet de maintes publications, peuvent laisser une sensation d’inachevé et semblent très éloignés les uns des autres. Ainsi, certains articles, comme celui sur la prostitution, constituent de très bons résumés de sujets qui ont déjà fait l’objet de nombreuses publications, alors que d’autres, très spécialisés, sont plus difficiles d’accès. La rigueur des études, chiffrées et scientifiques, compense ce manque de liant. En effet, cette très bonne synthèse à la fois des travaux précédents mais aussi des débats et interrogations actuels est avant tout une invitation à découvrir les différents sujets. Le travail, autrefois signe de la nouvelle indépendance économique des femmes, est désormais un véritable fil rouge pour analyser leur place dans la société. In fine, l’ouvrage est donc un outil de compréhension des évolutions de nos sociétés contemporaines.