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Terrorismes. Histoire et droit
par Mireille Delmas-Marty et Henry Laurens (dir.) - Paris, CNRS Éditions, 2013, 337 p.
Si l’origine étymologique du terme « terrorisme » renvoie à la Révolutionfrançaise, quel sens lui donner aujourd’hui ? Comment ne pas l’envisager d’une façon polymorphe et polysémique? Comment s’est-il construit et développé pour devenir un élément à part entière de notre actualité quotidienne ? C’est précisément l’objectif de cet excellent ouvrage dirigé par Henry Laurens et Mireille Delmas-Marty, qui a pour ambition de décortiquer la notion à la lumière de l’Histoire et du droit. Le premier apporte ainsi ses connaissances et son analyse d’historien en qualité de professeur au Collège de France, titulaire de la chaire d’histoire contemporaine du monde arabe. La seconde, également professeur au Collège de France et par ailleurs docteur en droit, fournit un éclairage juridique à cette thématique. Sous leur direction, l’ensemble des contributeurs tentent de définir et de comparer anarchistes, comitadjilik, carbonistes, non seulement à travers le temps, mais aussi en adoptant un point de vue légal.
Le terrorisme ne naît pas avec la Révolution française et la Terreur mise en place à l’époque de Robespierre. Ce que l’on qualifie aujourd’hui de « violence d’origine politique exercée contre un État et / ou une société de la part d’un acteur que l’on peut considérer comme non-étatique (même s’il peut disposer d’un soutien étatique externe au pays considéré) » (p. 11) peut trouver de multiples avatars dans l’Histoire. Les tyrannicides, les attentats anarchistes ou les attentats perpétrés par Al-Qaïda sont autant d’exemples qui illustrent la polymorphie du terrorisme : acte isolé ou de groupe, visant une personne ou une communauté. La pertinence de l’ouvrage réside dans sa capacité à faire percevoir la subtilité du concept. Pour une même situation, on qualifiera un acte tantôt de résistant, tantôt de terroriste, selon le point de vue adopté. Une partie de l’ouvrage est ainsi consacrée au traitement du terrorisme sous le IIIe Reich.
À la fois menace, objet et protagoniste à part entière évoluant au gré de l’Histoire, ce procédé politique connaît aujourd’hui une certaine vulgarisation. L’ouvrage d’Henry Laurens et Mireille Delmas-Marty trouve sa pertinence dans un effort constant de définition précise et selon les circonstances. Au-delà de la simple action terroriste, les auteurs développent des enjeux sociétaux, politiques, juridiques sous-tendus par la notion. Si l’ouvrage peut souffrir de quelques redondances entre les parties historiques et juridiques, ces deux thématiques permettent d’aborder de façon exhaustive l’ensemble des volets d’un sujet technique, trop souvent généralisé. S’interroger sur la nature véritable du terrorisme revient à se questionner sur les politiques coercitives mises en œuvre, sur les interventions militaires ou encore sur les procédés juridiques visant sa condamnation. M. Delmas-Marty revient avec justesse sur la délicate, voire impossible, définition juridique du terrorisme. Si une vision manichéenne revient à désigner l’action de l’ennemi comme terroriste, peut-on et doit-on, pour autant, le priver des droits les plus essentiels et élémentaires ? L’analyse des jurisprudences nationales, européennes et internationales permet ainsi de toucher du doigt une réalité insuffisamment considérée. La lutte contre le terrorisme revient-elle à instaurer, dans un État, un régime juridique particulier venant réduire les droits essentiels de sa population et les nier aux supposés terroristes?
En mettant en perspective les événements historiques liés au terrorisme avec l’évolution juridique de la question, les auteurs parviennent à quadriller de façon extrêmement précise la notion, et révèlent ainsi toutes les ambiguïtés et la polysémie qu’elle peut receler. En s’interrogeant sur les conséquences historiques mais aussi sur la traduction dans l’ordre juridique des terrorismes, ils réussissent le tour de force de nous faire saisir leur extrême complexité.
Le terrorisme ne naît pas avec la Révolution française et la Terreur mise en place à l’époque de Robespierre. Ce que l’on qualifie aujourd’hui de « violence d’origine politique exercée contre un État et / ou une société de la part d’un acteur que l’on peut considérer comme non-étatique (même s’il peut disposer d’un soutien étatique externe au pays considéré) » (p. 11) peut trouver de multiples avatars dans l’Histoire. Les tyrannicides, les attentats anarchistes ou les attentats perpétrés par Al-Qaïda sont autant d’exemples qui illustrent la polymorphie du terrorisme : acte isolé ou de groupe, visant une personne ou une communauté. La pertinence de l’ouvrage réside dans sa capacité à faire percevoir la subtilité du concept. Pour une même situation, on qualifiera un acte tantôt de résistant, tantôt de terroriste, selon le point de vue adopté. Une partie de l’ouvrage est ainsi consacrée au traitement du terrorisme sous le IIIe Reich.
À la fois menace, objet et protagoniste à part entière évoluant au gré de l’Histoire, ce procédé politique connaît aujourd’hui une certaine vulgarisation. L’ouvrage d’Henry Laurens et Mireille Delmas-Marty trouve sa pertinence dans un effort constant de définition précise et selon les circonstances. Au-delà de la simple action terroriste, les auteurs développent des enjeux sociétaux, politiques, juridiques sous-tendus par la notion. Si l’ouvrage peut souffrir de quelques redondances entre les parties historiques et juridiques, ces deux thématiques permettent d’aborder de façon exhaustive l’ensemble des volets d’un sujet technique, trop souvent généralisé. S’interroger sur la nature véritable du terrorisme revient à se questionner sur les politiques coercitives mises en œuvre, sur les interventions militaires ou encore sur les procédés juridiques visant sa condamnation. M. Delmas-Marty revient avec justesse sur la délicate, voire impossible, définition juridique du terrorisme. Si une vision manichéenne revient à désigner l’action de l’ennemi comme terroriste, peut-on et doit-on, pour autant, le priver des droits les plus essentiels et élémentaires ? L’analyse des jurisprudences nationales, européennes et internationales permet ainsi de toucher du doigt une réalité insuffisamment considérée. La lutte contre le terrorisme revient-elle à instaurer, dans un État, un régime juridique particulier venant réduire les droits essentiels de sa population et les nier aux supposés terroristes?
En mettant en perspective les événements historiques liés au terrorisme avec l’évolution juridique de la question, les auteurs parviennent à quadriller de façon extrêmement précise la notion, et révèlent ainsi toutes les ambiguïtés et la polysémie qu’elle peut receler. En s’interrogeant sur les conséquences historiques mais aussi sur la traduction dans l’ordre juridique des terrorismes, ils réussissent le tour de force de nous faire saisir leur extrême complexité.