Sur les pas d’Obama. Le renouveau de la gauche américaine
Niels Planel Paris, Hachette Littératures, 2009, 234 pages
Niels Planel n’est pas un expert de la politique américaine, et son petit ouvrage, aux accents souvent très solennels, est plus le résultat de ses observations éclairées d’une Amérique dans laquelle il réside, et dont il cherche parfois à comprendre les subtilités, qu’une énième analyse sur l’état de la puissance américaine. En suivant les pas d’Obama, son profil, son parcours, son programme et ses idées, l’auteur se propose de voir dans quelle mesure l’arrivée à la Maison-Blanche du premier président métis de l’histoire des États-Unis, si elle marque le renouveau de la gauche américaine après trois décennies empruntes de conservatisme, est également un véritable tournant dans la destinée de ce pays, qui doit aujourd’hui faire face à de multiples défis et reconstruire ce qui a fait le rêve américain.
L’ouvrage de Niels Planel est une radiographie d’une Amérique malade et à la recherche d’un nouveau souffle. Une Amérique qui, derrière les chiffres inquiétants d’une crise qui s’installe lentement, offre le douloureux spectacle de l’indigence, de la misère, et d’une forme de décomposition sociale inédite depuis le début des années 1930, et peut-être plus profonde encore. L’auteur n’hésite pas à employer le terme de « tiers monde » pour évoquer l’impression que lui donnent certains quartiers pauvres de Washington, à seulement quelques centaines de mètres de la Maison-Blanche ou du Congrès, qu’il compare même aux rues de Dakar ou de Nouakchott.
On peut parfois reprocher à l’auteur de laisser son enthousiasme s’emporter sur l’espoir suscité par l’arrivée au pouvoir de Barack Obama. Les problèmes que rencontrent les États-Unis et les réponses proposées par le nouveau président américain sont ainsi très bien exposés, mais il serait parfois nécessaire de nuancer quelque peu, notamment en analysant les difficultés que pourrait rencontrer la nouvelle Administration, tant en interne que sur la scène internationale. Ainsi, et malgré les espoirs légitimes, ce n’est pas seulement parce que l’Amérique souhaite changer que ce changement sera possible et qu’il apportera de bons résultats. Tant en interne que sur la scène internationale, le chantier est vaste, et rien n’indique encore que la nouvelle Administration sera en mesure de réaliser l’ensemble de son programme, même si on ne peut que le lui souhaiter.
Au-delà de la qualité de l’écriture, l’ouvrage de Niels Planel invite en tout cas à la réflexion sur l’avenir des États-Unis, non sur la scène internationale ou dans les couloirs des lobbies et think tanks, mais sur Main Street, terme qualifiant l’Amérique de la rue, et souvent employé par Barack Obama lui-même à l’occasion de la campagne présidentielle. Sur les pas d’Obama donc, pour mieux comprendre les blessures profondes de ce pays, et l’espoir de changement que suscite le nouveau président.