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Soudan : conflits autour des richesses
Zygmunt L. Ostrowski Paris, LHarmattan, 2010, 278 p.
Janvier 2011 : après plusieurs décennies de guerre civile et dans le cadre du Comprehensive Peace Agreement de 2005, le référendum maintes fois repoussé aboutit à un vote massif en faveur de la sécession du Sud-Soudan. Quelques mois plus tôt, Zygmunt Otrowski, médecin dirigeant l’ONG humanitaire ADE (Association Européenne pour l’Etude de l’Alimentation et du Développement de l’Enfant) et grand connaisseur du Soudan, a publié un ouvrage très personnel revenant précisément sur la période comprise entre cet accord de paix et le référendum, dont le résultat lui semblait acquis d’avance.
Se présentant comme un bilan de ces quelques années, l’ouvrage est pour plus de moitié consacré à la problématique du Sud Soudan, conflit que l’auteur connaît particulièrement bien à la fois à travers les actions de terrain de l’ADE, mais également grâce à ses relations avec les différents leaders politiques Sud-Soudanais. C’est d’ailleurs cette expérience de terrain et la proximité avec les acteurs qui confèrent sa plus-value la plus importante à l’ouvrage, puisqu’en raison de la relation que l’auteur est parvenu à établir avec ces différentes personnalités, il est en mesure de restituer leurs perceptions, leurs difficultés, parfois même leurs contradictions, et ainsi de permettre aux lecteurs de mieux comprendre la complexité de la situation, de l’opposition entre le Nord et le Sud du Soudan, et les luttes internes pour le contrôle du pouvoir à Juba. De même, par sa connaissance des cercles diplomatiques, l’auteur parvient à prendre un certain recul par rapport au conflit et à en souligner les enjeux internationaux, tant au niveau régional (stabilité des voisins du Soudan, notamment Tchad, RDC et Ouganda) qu’international (France, Etats-Unis, Chine…)
Cette familiarité de l’auteur avec le conflit et les enjeux liés au Sud-Soudan constituent toutefois également la principale limite de cet ouvrage, à double titre. En premier lieu, M. Ostrowski semble chercher à imposer sa vision au lecteur, notamment concernant la mort du leader historique du Sud-Soudan, John Garang de Mabior, dont il était très proche, et dont il considère qu’il a été assassiné, question qui reste aujourd’hui débattue mais fait l’objet d’un long développement dans ce livre.
D’autre part, le bilan des années 2005 - 2010 ne se limitant pas à la question du Sud-Soudan, l’auteur s’intéresse également au Darfour et aux enjeux énergétiques et économiques, mais on regrette que ces aspects (et plus particulièrement le second) soient traités avec plus de détachement et moins de profondeur.