Sortir de la crise : comment l’Europe peut sauver le monde
Guy Verhofstadt Paris, André Versailles Éditeur/Actes Sud, 2009
En 2006, Guy Verhofstadt avait plaidé pour la création des États-Unis d’Europe1. L’ancien Premier ministre belge, député européen, président du groupe politique ADLE au Parlement européen, récidive dans cet ouvrage qui démontre « comment l’Europe peut sauver le monde » et lui permettre de sortir de la crise.
L’ouvrage débute par une description de la crise financière, de ses causes, des dérives du système financier anglo-saxon ainsi que de l’intervention des autorités américaines et notamment d’Alan Greenspan. L’ancien Premier ministre continue en détaillant les conséquences de la crise en Europe et les imperfections du fonctionnement actuel de l’Union européenne pour faire face à cette crise financière.
Le préalable au sauvetage du monde est que l’Union européenne se sauve elle-même. Comme l’explique l’auteur, la crise est née aux États-Unis mais l’Union européenne est touchée de plein fouet. Les conséquences sont aujourd’hui plus importantes en Europe qu’outre-atlantique. Or, la réaction de l’Union européenne pèche selon lui par son insuffisance. Elle ne consacre en effet que 1,5 % de son PIB à son plan de relance, ou plus exactement à ses plans de relance puisque chaque pays membre agit indépendamment et sans réelle coordination avec les autres. En comparaison, les États-Unis, moins touchés par la crise, consacrent 6 % de leur PIB à la relance.
Face à ce constat, Guy Verhofstadt présente son plan pour sortir l’Europe de la crise et, partant, faire de l’Union européenne le fer de lance de la reprise mondiale. L’auteur en est convaincu, c’est « l’heure de l’Europe ». Dans le contexte de cette crise financière et économique caractérisée par l’échec du modèle américain, « l’Europe et la zone euro n’ont d’autre choix que de prendre la tête des efforts visant à construire un nouveau monde ». Guy Verhofstadt plaide pour une réponse à la crise en trois temps. D’abord, la mise en place d’un nouvel arsenal de normes et d’un « chien de garde » européen afin de s’attaquer au fonctionnement des banques et institutions financières. Pour lui, « sans dispositions clairement établies et invocables au plan juridique, le marché n’est plus un marché mais une jungle, une brousse où la guerre fait rage » (p. 77). Ensuite, il préconise un vaste Europlan d’investissements transfrontaliers orientés vers la transition de l’économie fossile à une économie fondée sur la durabilité. Son objectif est d’atteindre l’indépendance énergétique et de concentrer l’investissement sur l’économie du futur. Il vise notamment les technologies de l’information et des communications ou le vieillissement de la population qu’il présente comme l’un des enjeux européens majeurs des prochaines décennies. En outre, Guy Verhofstadt plaide pour la création d’un marché obligataire européen. Ce marché obligataire permettrait aux États membres de se financer à bas coût sur les marchés internationaux. De plus, ce marché obligataire européen permettrait de financer les investissements européens de l’Europlan. Le rendement de l’Europlan étant supérieur au rendement obligataire, il serait possible de financer l’Europlan sans recourir à une contribution des États membres ni à une nouvelle taxe.
Derrière ce projet ambitieux, c’est un véritable programme que présente celui qui avait été pressenti en 2004 pour prendre la direction de la Commission européenne. Certains considèreront ces propositions comme utopiques, d’autres comme irréalisables. Toutefois, le député européen a utilisé sa parfaite connaissance des mécanismes européens pour démontrer point par point la faisabilité de son projet de relance de l’Union européenne. Il utilise en effet systématiquement des projets déjà en œuvre ou en gestation au sein de l’Union européenne, et prévoit comment ceux-ci pourraient évoluer.
Reste l’écueil de la volonté politique de l’Union européenne et de ses États membres pour mettre en œuvre une telle (r)évolution.
1 G. Verhofstadt, Les États-Unis d’Europe, Paris, Luc Pire éditions, 2006.