See English version below « Ça s’est passé comme ça ». Ceci...
Sahel. Éclairer le passé pour mieux dessiner l’avenir
par Collectif, Bérangère Rouppert (coord.), - Bruxelles, GRIP, 2013, 134 p.
Cet ouvrage délivre un rapide panorama de la situation dans les différents pays du Sahel à travers des prismes variés (gestion de la crise malienne par les différentes puissances, défi soulevé par l’islamisme politique, modes d’expression de l’identité touarègue, etc.). Les auteurs apportent une analyse complète de cette région au cœur des débats géopolitiques depuis le commencement de la crise au Mali, au début de l’année 2012. L’exercice est d’autant plus pertinent qu’il s’appuie sur un travail transversal et pluridisciplinaire pour appréhender les causes profondes de la situation actuelle. Afin de réaliser l’examen le plus exhaustif possible, le Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité (GRIP) a fait appel à de nombreux chercheurs évoluant dans des domaines aussi divers que la sociologie, l’islamologie, l’histoire, les sciences politiques, les relations internationales et les questions de défense. L’analyse proposée est bienvenue tant cette région, nouvellement sous le feu des projecteurs, est méconnue et négligée.
Le déclenchement de la crise malienne fut une surprise dans la plupart des chancelleries. En effet, ce pays était présenté des années durant comme un modèle de transition démocratique. De plus, le président démocratiquement élu, Amadou Toumani Touré, fut renversé par Amadou Haya Sanogo, un officier formé durant six ans aux États-Unis, et une partie des rebelles maliens était alors constituée de militaires anciennement encadrés par une mission américaine de formation. Ce livre offre ainsi des clés de compréhension de cette crise très complexe, souvent mal analysée ou, tout du moins, de manière trop partielle, voire partiale. La situation actuelle a régulièrement été présentée comme découlant directement de la chute du régime de Mouammar Kadhafi à la fin de l’année 2011. Si le renversement de l’ancien chef d’État libyen a effectivement joué un rôle important, on ne peut faire l’économie d’une étude plus complète des racines profondes de la crise qui traverse la région du Sahel.
Ainsi, le GRIP a divisé cet ouvrage en plusieurs chapitres, chacun centrés sur l’un des différents acteurs de ce dossier malien, qu’ils soient des protagonistes internes (l’État malien par le prisme de la corruption et du clientélisme mais aussi les groupuscules armés touaregs ou tenant de l’islamisme radical) ou des acteurs extérieurs (groupes djihadistes, États du Sahel, Union européenne et États-Unis). En effet, cette crise n’est pas seulement nationale mais bien régionale, et concerne l’ensemble de la bande sahélienne. La non-pertinence de certains tracés de frontières et l’extrême porosité de ces dernières donnent une coloration internationale à toute problématique nationale. Ce point est absolument primordial pour mieux appréhender ce contexte et éviter de voir d’autres pays sombrer dans le chaos. Les auteurs insistent sur ce paramètre, en présentant une analyse transnationale et transdisciplinaire afin de mieux saisir toute la complexité et l’entièreté de la situation. Ils abordent ainsi des sujets méconnus, comme l’adoption par le gouvernement mauritanien d’une autre politique que l’utilisation exclusive de la force vis-à-vis de l’islamisme radical, par le biais d’un dialogue national sur les notions chères aux fondamentalistes entre plusieurs franges de la société et des prisonniers condamnés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ils insistent aussi sur les menaces pesant sur les autres voisins, comme l’Algérie, qui reste chaque année le pays victime du plus grand nombre d’attaques des groupes radicaux dans la région, mais aussi le Niger, qui demeure en proie à une rébellion touarègue latente.
Cet ouvrage collectif très complet apporte donc au lecteur une vision globale de la crise sahélienne, de ses racines profondes aux jeu et positions de chacun des acteurs de cet épineux dossier. La volonté des chercheurs de recontextualiser historiquement et géographiquement la guerre au Mali permet une compréhension plus large de cette dernière afin d’éviter qu’un scénario similaire ne se répète dans les pays frontaliers.
Le déclenchement de la crise malienne fut une surprise dans la plupart des chancelleries. En effet, ce pays était présenté des années durant comme un modèle de transition démocratique. De plus, le président démocratiquement élu, Amadou Toumani Touré, fut renversé par Amadou Haya Sanogo, un officier formé durant six ans aux États-Unis, et une partie des rebelles maliens était alors constituée de militaires anciennement encadrés par une mission américaine de formation. Ce livre offre ainsi des clés de compréhension de cette crise très complexe, souvent mal analysée ou, tout du moins, de manière trop partielle, voire partiale. La situation actuelle a régulièrement été présentée comme découlant directement de la chute du régime de Mouammar Kadhafi à la fin de l’année 2011. Si le renversement de l’ancien chef d’État libyen a effectivement joué un rôle important, on ne peut faire l’économie d’une étude plus complète des racines profondes de la crise qui traverse la région du Sahel.
Ainsi, le GRIP a divisé cet ouvrage en plusieurs chapitres, chacun centrés sur l’un des différents acteurs de ce dossier malien, qu’ils soient des protagonistes internes (l’État malien par le prisme de la corruption et du clientélisme mais aussi les groupuscules armés touaregs ou tenant de l’islamisme radical) ou des acteurs extérieurs (groupes djihadistes, États du Sahel, Union européenne et États-Unis). En effet, cette crise n’est pas seulement nationale mais bien régionale, et concerne l’ensemble de la bande sahélienne. La non-pertinence de certains tracés de frontières et l’extrême porosité de ces dernières donnent une coloration internationale à toute problématique nationale. Ce point est absolument primordial pour mieux appréhender ce contexte et éviter de voir d’autres pays sombrer dans le chaos. Les auteurs insistent sur ce paramètre, en présentant une analyse transnationale et transdisciplinaire afin de mieux saisir toute la complexité et l’entièreté de la situation. Ils abordent ainsi des sujets méconnus, comme l’adoption par le gouvernement mauritanien d’une autre politique que l’utilisation exclusive de la force vis-à-vis de l’islamisme radical, par le biais d’un dialogue national sur les notions chères aux fondamentalistes entre plusieurs franges de la société et des prisonniers condamnés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Ils insistent aussi sur les menaces pesant sur les autres voisins, comme l’Algérie, qui reste chaque année le pays victime du plus grand nombre d’attaques des groupes radicaux dans la région, mais aussi le Niger, qui demeure en proie à une rébellion touarègue latente.
Cet ouvrage collectif très complet apporte donc au lecteur une vision globale de la crise sahélienne, de ses racines profondes aux jeu et positions de chacun des acteurs de cet épineux dossier. La volonté des chercheurs de recontextualiser historiquement et géographiquement la guerre au Mali permet une compréhension plus large de cette dernière afin d’éviter qu’un scénario similaire ne se répète dans les pays frontaliers.