Religions traversées. Lieux saints partagés entre chrétiens, musulmans et juifs en Méditerranée
Dionigi Albera et Maria Couroucli Actes Sud, 2009, 359 p.
Enfin un ouvrage qui s’intéresse de près à un phénomène religieux commun aux trois religions monolithiques en Méditerranée : la fréquentation des mêmes sanctuaires par des visiteurs appartenant à différents groupes confessionnels.
Par cette anthropologie comparative analysée dans ce livre, le lecteur pourra constater que certains « actes de dévotion » autour de « lieux saints partagés » inspireraient un respect intercommunautaire et interreligieux. Mais la question est évidemment plus délicate et certes moins tranchée que cela ne semble y paraître.
En effet, les neuf chapitres de ce livre abordent de différents points de vue la notion de « lieux saints partagés ». Il ne s’agit pas de prosélytisme ou de conversion comme l’on pourrait le croire, mais bien d’une fréquentation des mêmes sanctuaires par des fidèles appartenant à des groupes confessionnels différents.
Pour mieux comprendre ce « phénomène », les auteurs s’attardent sur des notions précises comme le Vakëf, (type de propriétés inviolables appartenant à l’église ou aux monastères), le Komsiluk (le voisinage) ou encore la figure d’un saint, en l’occurrence Saint Georges (Mar Girgis) ou les apparitions de la Vierge Marie (Maryam) en Égypte. Les exemples cités englobent la Syrie, l’Albanie, le Maroc, la Turquie, la Bulgarie, etc. Autant de pays du pourtour méditerranéen.
L’on ne peut que saluer la qualité des chapitres rédigés, sans être insensible à certains passages relatant des comportements relevant de la superstition et de la magie.
Pour conclure l’ouvrage est intéressant à plus d’un titre, il pose les premiers jalons d’un phénomène encore peu commenté, mais le lecteur regrettera probablement l’absence d’un chapitre consacré au cas du Liban et à ses 18 communautés.