See English version below « Ça s’est passé comme ça ». Ceci...
Réflexions sur la question blanche
Gilles William Goldnadel Paris, Gawsewitch éditions, 2011, 300 p.
Avocat et essayiste, président de France Israël, Gilles William Goldnadel est considéré comme un militant de choc pro-israélien, et ne refuse pas cette dénomination. Il vient de publier Réflexions sur la question blanche qui pourrait être considéré comme un brûlot mais qui est représentatif d'un courant de pensée qui semble se renforcer dans notre pays.
L’auteur déplore que le mot race soit devenu tabou et admet que c'est le cas depuis le choc médiatique de la Shoah, responsable de ce qu'il qualifie de xénophilie.
S’il reconnaît que l'Occident a commis de nombreux crimes contre l'humanité, il estime que ce dernier n'en a pas le monopole. Il pense qu'aujourd'hui on reste silencieux devant des crimes dont les Occidentaux sont victimes pour uniquement s'alarmer contre ceux commis contre des non Occidentaux. On peut au contraire estimer que les médias français baignent dans un bain amniotique pro-occidental. Entre mille exemples, on connaissait le nombre de victimes américaines en Irak, le nombre de soldats occidentaux tués, on ne s’attarde pas sur les morts afghans et irakiens.
Il serait réducteur de ne considérer la pensée de G-W. Goldnadel que comme tournée vers la défense d'Israël. C'est en fait un « occidentaliste » affiché qui estime que le monde occidental est en danger, en grande partie parce qu'il a renoncé à se défendre. G-W. Goldnadel inclut Israël et les juifs dans le monde occidental. Il reconnaît que c'est un changement, les juifs étant autrefois considéré comme des Orientaux et sont désormais « blanchis ». Alors qu’auparavant il était au mieux toléré dans le monde occidental, après 1970, il sera intégré sous le double effet de la reconnaissance de la Shoah et de la position centrale qu'elle va occuper dans l'espace médiatique et de la victoire de Tsahal dans la guerre des Six Jours.
G-W. Goldnadel touche là un point essentiel. Ce qui fait le poids d’Israël et des communautés juives dans la société française et occidentale, c’est ce mélange de culpabilité et de prise en considération de sa force.
L’auteur estime que l'antisémitisme renouvelé va puiser dans des affrontements israélo-palestiniens sa nouvelle source d'inspiration. Mais n’est-ce pas plutôt l’occupation, la répression qui ont effectivement développé l’antisémitisme dans le monde arabe (qui en était moins affecté auparavant que l’Europe) ? L'antisémitisme ne fait que se surajouter à la détestation de l'homme blanc qui est le produit du traumatisme collectif issu du nazisme.
G-W. Goldnadel cite De Gaulle affirmant en 1960 « nous sommes avant tout un peuple européen de race blanche de culture grecque et latine et de religion chrétienne. » Il s'interroge : De Gaulle était-il raciste ? Non, il vivait dans les années 1950 et 1960.
G-W. Goldnadel a une vision passéiste de la France dont l'évolution de la composition de la population aurait dû s'arrêter dans les années 1960. La France est ce qu'elle est justement par ce qu'elle a intégré au fur et à mesure des minorités. Curieuse contradiction, G-W. Goldnadel reconnaît qu’à cette époque les juifs faisaient encore l'objet d'un rejet au sein de la nation, ils n’étaient pas considérés comme des « blancs » sociologiquement. Il semble pourtant vouloir y revenir. Ou alors maintenant que les juifs sont parfaitement intégrés il semble vouloir fermer la porte aux prochains arrivants.
Pour lui, Israël fait l'objet d'une réprobation quasi générale mais tout autre État occidental impliqué dans un différend armé de même nature ferait l'objet d'un a priori négatif. La faiblesse médiatique est inversement proportionnelle à la puissance militaire dont il dispose, le terme Territoires occupés ne concerne pas le Tibet, Chypre ou le Soudan et ne concerne qu'un seul État, celui du juif. Mais on peut lui répondre qu’il y a une différence entre les Territoires palestiniens, dont l’occupation par Israël est illégale et non reconnue, et les autres territoires dont la souveraineté n’est pas contestée.
Par ailleurs, comment ne pas voir à quel point les leaders politiques et éditorialistes vedettes se montrent d’une très grande sévérité et multiplient les condamnations à l’égard des dirigeants chinois pour ce qu’ils font au Tibet, mais restent très majoritairement silencieux sur la Palestine ? Selon G-W. Goldnadel, Israël serait voué aux gémonies en France. On peut au contraire penser que les responsables politiques, journalistes engagés de façon militante aux côtés de l’État d’Israël, ne voient pas leur carrière compromise. Ce n’est pas le cas de ceux qui émettent des jugements critiques sur le gouvernement israélien, trop souvent qualifiés immédiatement d’antisémites.