See English version below « Ça s’est passé comme ça ». Ceci...
Puissances moyennes dans le jeu international. Le Brésil et le Mexique aux Nations unies
par Mélanie Albaret - Paris, Presses de Sciences Po, 2014, 200p.
Lors de ces dernières années, l’Amérique latine a joué un rôle de plus en plus important au sein des organisations multilatérales, du fait notamment du poids croissant dont jouissent certains États du continent sur la scène internationale. Dans son ouvrage Puissances moyennes dans le jeu international, Mélanie Albaret montre cependant que ce rôle n’a pas été constant depuis la création de l’Organisation des Nations unies (ONU), en 1945.
S’appuyant sur une démarche socio-historique, l’auteur propose ainsi d’analyser les rapports changeants au multilatéralisme de deux puissances moyennes – le Brésil et le Mexique – dans le cadre particulier de l’ONU, ce afin de constater l’évolution des activités et des centres d’intérêts de ces deux pays dans leur jeu multilatéral. Ce travail est basé sur une étude des acteurs, de leurs stratégies et de leurs discours au sein de trois organes de l’organisation : le Conseil de sécurité, le Conseil des droits de l’homme et la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). En dépit de ce point de départ onusien, M. Albaret insiste sur la différence qui existe entre les organisations internationales et le concept de multilatéralisme. Elle prend également soin d’inclure une étude des dynamiques interne et externe des pays étudiés. L’originalité de cet ouvrage provient à la fois de son caractère comparé et de l’extension temporelle de la période analysée.
Le choix du Brésil et du Mexique comme cas d’étude est, quant à lui, justifié par le positionnement similaire des deux États dans le jeu international, leurs expériences relativement proches au niveau interne, ainsi que la nature de leurs relations avec les États-Unis. M. Albaret montre néanmoins des différences importantes, notamment quant au positionnement des deux pays face au multilatéralisme. L’investissement dans les trois organes susmentionnés varie, en effet, dans le temps et selon le pays.
L’apport principal de l’ouvrage tient au fait qu’il établit une typologie de différentes variantes du multilatéralisme, qui sont autant d’outils mis à disposition du chercheur travaillant sur les enceintes multilatérales. Pour qualifier les relations des deux États par rapport à celles-ci, l’auteur parle ainsi de « positions amultilatérales » (p. 39), de « multilatéralisme limité » (p. 65) et de « politique coopérative » (p. 125). Cette typologie permet de comprendre et de différencier de manière plus fine comment le Brésil et le Mexique agissent dans le jeu multilatéral dans le temps, mais aussi en fonction des thèmes traités au sein des trois organes.
La dépendance entre les dynamiques internes et externes n’est, par ailleurs, jamais laissée de côté. Ainsi, le cas du Mexique montre comment des mouvements internes d’étudiants en 1968 ont ouvert le pays aux organisations de défense des droits de l’homme, notamment Amnesty International. Cet événement aura en fait des répercussions dans les forums multilatéraux, et changera le rapport du Mexique, à l’époque sous la coupe d’un régime autoritaire, au multilatéralisme, qui ne soutiendra plus les régimes autoritaires de la même manière.
Publié à partir de sa thèse de doctorat, l’ouvrage de M. Albaret présente un travail fructueux pour l’analyse du multilatéralisme, et notamment son rôle dans l’émergence des pays du Sud sur la scène internationale. Il permet également d’alimenter une approche socio-historique souvent sous-représentée dans le champ académique des relations internationales.
S’appuyant sur une démarche socio-historique, l’auteur propose ainsi d’analyser les rapports changeants au multilatéralisme de deux puissances moyennes – le Brésil et le Mexique – dans le cadre particulier de l’ONU, ce afin de constater l’évolution des activités et des centres d’intérêts de ces deux pays dans leur jeu multilatéral. Ce travail est basé sur une étude des acteurs, de leurs stratégies et de leurs discours au sein de trois organes de l’organisation : le Conseil de sécurité, le Conseil des droits de l’homme et la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED). En dépit de ce point de départ onusien, M. Albaret insiste sur la différence qui existe entre les organisations internationales et le concept de multilatéralisme. Elle prend également soin d’inclure une étude des dynamiques interne et externe des pays étudiés. L’originalité de cet ouvrage provient à la fois de son caractère comparé et de l’extension temporelle de la période analysée.
Le choix du Brésil et du Mexique comme cas d’étude est, quant à lui, justifié par le positionnement similaire des deux États dans le jeu international, leurs expériences relativement proches au niveau interne, ainsi que la nature de leurs relations avec les États-Unis. M. Albaret montre néanmoins des différences importantes, notamment quant au positionnement des deux pays face au multilatéralisme. L’investissement dans les trois organes susmentionnés varie, en effet, dans le temps et selon le pays.
L’apport principal de l’ouvrage tient au fait qu’il établit une typologie de différentes variantes du multilatéralisme, qui sont autant d’outils mis à disposition du chercheur travaillant sur les enceintes multilatérales. Pour qualifier les relations des deux États par rapport à celles-ci, l’auteur parle ainsi de « positions amultilatérales » (p. 39), de « multilatéralisme limité » (p. 65) et de « politique coopérative » (p. 125). Cette typologie permet de comprendre et de différencier de manière plus fine comment le Brésil et le Mexique agissent dans le jeu multilatéral dans le temps, mais aussi en fonction des thèmes traités au sein des trois organes.
La dépendance entre les dynamiques internes et externes n’est, par ailleurs, jamais laissée de côté. Ainsi, le cas du Mexique montre comment des mouvements internes d’étudiants en 1968 ont ouvert le pays aux organisations de défense des droits de l’homme, notamment Amnesty International. Cet événement aura en fait des répercussions dans les forums multilatéraux, et changera le rapport du Mexique, à l’époque sous la coupe d’un régime autoritaire, au multilatéralisme, qui ne soutiendra plus les régimes autoritaires de la même manière.
Publié à partir de sa thèse de doctorat, l’ouvrage de M. Albaret présente un travail fructueux pour l’analyse du multilatéralisme, et notamment son rôle dans l’émergence des pays du Sud sur la scène internationale. Il permet également d’alimenter une approche socio-historique souvent sous-représentée dans le champ académique des relations internationales.