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Pour une gouvernance mondiale
Entretiens avec Jean-Marc Vittori Autrement, Paris, 2010, 97 p.
À l’occasion des Journées de l’économie, Jean-Marc Vittori, éditorialiste aux Échos, a interrogé cinq acteurs actuels ou passés des principales institutions mondiales pour recueillir leur avis sur la gouvernance mondiale. Dès le titre, l’ouvrage ne vise pas à remettre en cause le concept ou la nécessité d’une telle coordination des politiques nationales à l’échelle du monde. Il s’agit bien d’un plaidoyer « pour une gouvernance mondiale ». La question que pose le journaliste est celle des modalités d’une telle coopération. Comment mettre en place cette gouvernance mondiale dont les États du monde entier soulignent la nécessité ? Comme l’affirme Christine Lagarde, ex-ministre française de l’Économie, actuelle directrice du Fonds monétaire international (FMI) la crise a permis une prise de conscience collective sur le caractère indispensable de la gouvernance mondiale pour la bonne santé de toutes les économies du monde. Angel Gurria, secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), reconnaît le manque de pouvoir de contrainte de l’institution qu’il représente mais croit au pouvoir du soft law, par la promotion de normes communes. Il milite d’ailleurs pour une action dans le domaine financier ou fiscal mais aussi dans le domaine de l’emploi. Car pour lui, « à première vue, c’est une question éminemment nationale. Mais ce n’est plus vrai » (p. 37). Pascal Lamy, qui, avant d’être directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a été commissaire européen, pose légitimement la question « sommes-nous prêts à être gouvernés ? » avant de proposer de localiser les questions de gouvernance globale, en rendant les gouvernants responsables devant leurs opinions publiques sur ces questions internationales comme ils le sont sur leurs questions nationales, plutôt que de globaliser les questions de gouvernance locale. François Bourguignon, ancien économiste en chef de la Banque mondiale qui dirige aujourd'hui l’École d’économie de Paris, se focalise sur la nécessité pour les États d’abandonner une partie de leur souveraineté dès lors qu’il est question d’un « bien public mondial », tout comme l’Union européenne a su le faire dans plusieurs domaines. Michel Camdessus, directeur général du Fonds monétaire international (FMI) de 1983 à 2000, prend lui aussi appui sur la construction européenne ou le discours multilatéraliste du Président Obama pour apporter une vision optimiste de l’évolution vers une gouvernance mondiale à l’occasion de la création du G20.
En posant des questions identiques à chacun de ces spécialistes de renommée mondiale, Jean-Marc Vittori présente une vision commune sur la nécessité d’une gouvernance mondiale, un accord unanime sur le besoin de légitimité des organes internationaux et l’absence actuelle de pouvoir coercitif pour faire appliquer des normes communes. Le journaliste fait également, et surtout, ressortir des divergences sur le « comment faire », démontrant qu’il n’existe pas une solution unique, mais plusieurs approches pour coordonner l’action des États westphaliens dans le cadre d’une gouvernance mondiale. C’est là toute la richesse de cet ouvrage indispensable pour saisir les enjeux du débat actuel sur cette question.
En posant des questions identiques à chacun de ces spécialistes de renommée mondiale, Jean-Marc Vittori présente une vision commune sur la nécessité d’une gouvernance mondiale, un accord unanime sur le besoin de légitimité des organes internationaux et l’absence actuelle de pouvoir coercitif pour faire appliquer des normes communes. Le journaliste fait également, et surtout, ressortir des divergences sur le « comment faire », démontrant qu’il n’existe pas une solution unique, mais plusieurs approches pour coordonner l’action des États westphaliens dans le cadre d’une gouvernance mondiale. C’est là toute la richesse de cet ouvrage indispensable pour saisir les enjeux du débat actuel sur cette question.