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Pour une Europe juste
Élisabeth Guigou, entretiens avec Véronique Auger Paris, Cherche midi, 2011, 183 p.
En janvier 2011, Élisabeth Guigou présentait sa vision de l’Europe dans un nouvel ouvrage Pour une Europe juste. Un an avant l’élection présidentielle française, mais surtout un an après l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne, celle qui fut députée européenne et ministre déléguée aux Affaires européennes analyse les enjeux auxquels sont actuellement confrontées la France et l’Europe. Ministre au moment de la rédaction du traité de Maastricht, E. Guigou est sans conteste, depuis trente ans, l’une des meilleures expertes des questions européennes. Loin de déclarations de principe, la députée, qui est également membre de Notre Europe, association fondée par Jacques Delors en faveur d’une fédération d’États-nations, apporte des propositions précises pour faire de la région un espace de justice.
L’ouvrage réalisé sous forme d’entretiens permet de découvrir la passion de la députée pour l’Europe ainsi que les racines de son engagement permanent en sa faveur depuis les années 1980. Aux yeux d’E. Guigou, le traité de Lisbonne, qui, après le projet de Constitution européenne, réforme les institutions de l’Union européenne, constitue une opportunité exceptionnelle pour l’Europe. Il lui donne les moyens de ses ambitions, afin de jouer un rôle mondial. Si l’Union européenne est fondamentale aux yeux d’E. Guigou, c’est parce qu’elle apporte beaucoup par rapport à l’action des États pris indépendamment. Née au Maroc, E. Guigou est une fervente partisane d’un rapprochement de l’Union européenne avec les pays méditerranéens et d’une politique de co-développement avec le continent africain. L’Europe, dit-elle, « a encore de grandes choses à faire avec ces peuples » (p. 65). La députée s’est également fortement impliquée dans le projet défendu par Notre Europe d’une véritable politique énergétique commune et milite pour une Europe ouverte sur son environnement, qu’elle oppose à une Europe forteresse.
Bien entendu, elle évoque largement la question de la coopération judiciaire, prenant notamment l’exemple du divorce de couples binationaux pour expliquer l’importance d’une coopération européenne dans ce domaine, comme dans celui de l’exécution des jugements ou du mandat d’arrêt européen. Le 5 mai 2011, à Lille, lors du colloque « 60 ans d’Europe » et de la remise des prix du concours « Vu d'Europe », E. Guigou insistait également, face à une importante assemblée d’étudiants, sur l’immense progrès que fut selon elle le programme Erasmus, proposant de rendre obligatoire une session Erasmus de six mois à l’ensemble des étudiants de Master, proposition dont elle détaille les bienfaits dans son ouvrage.
En pleine crise financière, E. Guigou s’oppose à une Europe financière et promeut l’Union européenne comme vecteur de justice sociale. La députée défend une Europe qui permettrait un équilibre entre le développement économique, social et écologique. Un ouvrage passionnant, avec des idées novatrices qui permettent de saisir les enjeux de la construction européenne et de bénéficier de l’expérience de celle qui, dès 1982, accompagnait J. Delors et vivait de l’intérieur cette Europe forte qu’elle appelle de ses vœux.