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Pour une économie plus humaine
Muhammad Yunus Paris, JC Lattès, 2011, 305 p.
1974. Le professeur d’économie Muhammad Yunus fait face à la pauvreté dans son pays, le Bangladesh. Il décide de prêter 27 $ aux habitants d’un village afin de permettre à ceux-ci de développer des activités économiques. Plutôt que de trouver un travail, les habitants de ce village peuvent ainsi créer leur propre activité et leurs propres moyens de subsistance. Suite au succès de cette initiative, le professeur Yunus crée la Grameen Bank dédiée à ce social business. Parallèlement, il diffuse ses idées au travers d’écrits tels que les ouvrages Vers un monde sans pauvreté (JC Lattès, 1998) ou Vers un nouveau capitalisme (JC Lattès, 2008) qui deviennent vite des best-sellers. Trente ans plus tard, M. Yunus est devenu l’emblème du social business et du microcrédit. Son action a même été distinguée d’un prix Nobel de la paix en 2006. Nouvelle forme de capitalisme et nouveau type d’entreprise fondé sur l’altruisme des individus, le social business constitue une réponse innovante aux problèmes sociaux, économiques et environnementaux dont souffre l’humanité.
Dans ce troisième ouvrage, le professeur Yunus fait une fois de plus preuve de pédagogie. Il fournit un mode d’emploi du social business afin que d’autres, partout dans le monde, puissent poursuivre et développer l’œuvre qu’il a initiée. Comme le définit l’ouvrage, un social business est « une entreprise dont les investisseurs cherchent à venir en aide à d’autres individus sans en retirer de bénéfice personnel » (p. 23). Le professeur Yunus insiste : il ne s’agit en aucun cas de charité. Le social business a pour objectif d’être une véritable entreprise, destinée à couvrir l’ensemble de ses coûts, condition sine qua non pour que l’activité permette d’aider les gens de façon permanente. L’intérêt de cet ouvrage est que l’auteur peut cette fois alimenter sa démonstration de plusieurs initiatives mises en place à travers le monde, et notamment les joint ventures entre le groupe Grameen et des entreprises occidentales telles que Danone, Veolia, BASF ou Intel au Bangladesh.
On apprécie particulièrement le détail avec lequel l’auteur décrit les expériences de Danone ou Veolia, faites de succès mais aussi de doutes, ou de challenges à relever. L’un des défis que pose le social business, en effet, est de « créer un modèle économique qui soit rentable tout en fournissant un service utile aux pauvres ou à d’autres groupes sociaux dont les besoins ne sont pas satisfaits » (p. 132) tels que les soins médicaux, les services financiers ou l’éducation. Souvent, les conseils donnés concernent l’entrepreneuriat, et se distinguent peu de la création d’une entreprise à but lucratif.
C’est là la principale différence et le principal attrait face aux activités caritatives : « Comme un social business cherche à s’autofinancer, il est possible que l’argent investi dans une telle entreprise produise des bénéfices pour la société pendant des années, voire des décennies. Les sommes consacrées à des activités caritatives sont au contraire fréquemment épuisées en l’espace de quelques mois – et les bénéfices ainsi produits tendent à disparaître tout aussi rapidement » (p. 183). En proposant cette troisième voie entre capitalisme lucratif et activités caritatives, le professeur Yunus oblige le lecteur à réviser son raisonnement, et à inventer une nouvelle manière de concevoir le monde. Une démonstration brillante et convaincante, idéale pour amener de nouveaux adeptes au social business.
C’est là la principale différence et le principal attrait face aux activités caritatives : « Comme un social business cherche à s’autofinancer, il est possible que l’argent investi dans une telle entreprise produise des bénéfices pour la société pendant des années, voire des décennies. Les sommes consacrées à des activités caritatives sont au contraire fréquemment épuisées en l’espace de quelques mois – et les bénéfices ainsi produits tendent à disparaître tout aussi rapidement » (p. 183). En proposant cette troisième voie entre capitalisme lucratif et activités caritatives, le professeur Yunus oblige le lecteur à réviser son raisonnement, et à inventer une nouvelle manière de concevoir le monde. Une démonstration brillante et convaincante, idéale pour amener de nouveaux adeptes au social business.