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Penser la stratégie, de l’Antiquité à nos jours
par Béatrice Heuser - Paris, Picard, 2013, 430 p.
Si l’origine étymologique du mot stratégie – stratos (armée), agein (conduire) – est éclairante à quelques égards, on ne peut cependant comprendre ce concept si l’on ne tient pas compte des évolutions technologiques, politiques, économiques et sociétales. C’est précisément l’objet de cet ouvrage. Penser la stratégie en 2014 ne peut se faire sur le même mode de raisonnement que durant l’Antiquité. L’élaboration d’une stratégie doit, aujourd’hui, tenir compte de la doctrine, de la pensée, des événements militaires et politiques. En d’autres termes, on se doit de l’appliquer et de le confronter à la réalité contemporaine.
Si le terme de stratégie est employé continuellement et sans distinction de ses caractéristiques, l’ouvrage publié par Béatrice Heuser, docteur de l’Université d’Oxford et occupant actuellement la chaire des Relations internationales à l’Université de Reading (Royaume-Uni), permet non seulement de définir ce concept, mais aussi de le replacer, dans des contextes historiques précis afin de révéler toute la pertinence. S’il apparaît évident qu’une stratégie au temps d’Alexandre le Grand sera tout à fait différente que sous Philippe Leclerc, l’auteur décrypte chacun des mécanismes, en se basant tant sur l’analyse historique que politique. Au-delà de définitions qu’elle peut donner, la réflexion de B. Heuser, par les notions-clés abordées, trouvent un écho à travers une lecture critique de son évolution. Grâce à une analyse à la fois théorique et pratique, elle revient avec précision sur le concept même de stratégie. Comment le comprendre ? l’entendre ? le définir ? Comment peut-on analyser cette notion à travers les âges ? Les réponses apportées, en plus d’être passionnantes, sont extrêmement fournies et documentées. De plus, si la stratégie demeure un sujet pointu, il est présenté de façon extrêmement pertinente au cours du premier chapitre, permettant ainsi au profane de saisir les différents enjeux de cette notion.
Au gré des pages, toutes les notions-clés sont abordées et décortiquées. Guerre juste, totale, stratégie navale et maritime, aérienne ou nucléaire, paradigme napoléonien sont autant de concept qui sont définis et replacés dans un contexte précis. Si cet effort de classification peut sembler fastidieux, il ne fait que mettre un peu plus en exergue l’évolution du concept de stratégie, à travers la pensée philosophique, universitaire et l’Histoire. Selon la thèse défendue par l’auteur, la stratégie ne serait ni plus ni moins qu’un moyen, pour un État, d’arriver à ses fins politiques, utilisant tous les moyens à disposition. Si le but reste identique, les moyens et les conséquences fluctuent inévitablement.
La force de cet ouvrage est donc de présenter une vision doctrinale et pratique de ce concept, tout en le faisant évoluer dans le temps. On peut ainsi tout à la fois suivre la mutation de ce principe, eu égard à la période historique dans laquelle il évolue, mais aussi d’un point de vue théorique. Basant sa démonstration sur l’étude des différents théoriciens, B. Heuser parvient à faire saisir au lecteur les principaux enjeux et conséquences de l’appréciation de la stratégie. En d’autres termes, elle redonne au seul mot stratégie, trop souvent utilisé à mauvais escient ou de façon erronée, toutes ses lettres de noblesse. S’il fallait citer un ouvrage de référence en matière d’histoire de la stratégie, il s’agirait sans doute de cet excellent ouvrage.
Si le terme de stratégie est employé continuellement et sans distinction de ses caractéristiques, l’ouvrage publié par Béatrice Heuser, docteur de l’Université d’Oxford et occupant actuellement la chaire des Relations internationales à l’Université de Reading (Royaume-Uni), permet non seulement de définir ce concept, mais aussi de le replacer, dans des contextes historiques précis afin de révéler toute la pertinence. S’il apparaît évident qu’une stratégie au temps d’Alexandre le Grand sera tout à fait différente que sous Philippe Leclerc, l’auteur décrypte chacun des mécanismes, en se basant tant sur l’analyse historique que politique. Au-delà de définitions qu’elle peut donner, la réflexion de B. Heuser, par les notions-clés abordées, trouvent un écho à travers une lecture critique de son évolution. Grâce à une analyse à la fois théorique et pratique, elle revient avec précision sur le concept même de stratégie. Comment le comprendre ? l’entendre ? le définir ? Comment peut-on analyser cette notion à travers les âges ? Les réponses apportées, en plus d’être passionnantes, sont extrêmement fournies et documentées. De plus, si la stratégie demeure un sujet pointu, il est présenté de façon extrêmement pertinente au cours du premier chapitre, permettant ainsi au profane de saisir les différents enjeux de cette notion.
Au gré des pages, toutes les notions-clés sont abordées et décortiquées. Guerre juste, totale, stratégie navale et maritime, aérienne ou nucléaire, paradigme napoléonien sont autant de concept qui sont définis et replacés dans un contexte précis. Si cet effort de classification peut sembler fastidieux, il ne fait que mettre un peu plus en exergue l’évolution du concept de stratégie, à travers la pensée philosophique, universitaire et l’Histoire. Selon la thèse défendue par l’auteur, la stratégie ne serait ni plus ni moins qu’un moyen, pour un État, d’arriver à ses fins politiques, utilisant tous les moyens à disposition. Si le but reste identique, les moyens et les conséquences fluctuent inévitablement.
La force de cet ouvrage est donc de présenter une vision doctrinale et pratique de ce concept, tout en le faisant évoluer dans le temps. On peut ainsi tout à la fois suivre la mutation de ce principe, eu égard à la période historique dans laquelle il évolue, mais aussi d’un point de vue théorique. Basant sa démonstration sur l’étude des différents théoriciens, B. Heuser parvient à faire saisir au lecteur les principaux enjeux et conséquences de l’appréciation de la stratégie. En d’autres termes, elle redonne au seul mot stratégie, trop souvent utilisé à mauvais escient ou de façon erronée, toutes ses lettres de noblesse. S’il fallait citer un ouvrage de référence en matière d’histoire de la stratégie, il s’agirait sans doute de cet excellent ouvrage.