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Palestine : le jeu des puissants
par Dominique Vidal (dir.) - Beyrouth/ Arles, Sindbad/ Actes Sud/ Institut des études palestiniennes, 2014, 192p.
Rares ont été les régions du monde qui ont concentré les attentions et les intérêts autant que la Palestine. Pourtant, que ce soit à travers le conflit israélo-palestinien ou, plus généralement, la situation au Proche-Orient, la Palestine n’est que rarement considérée et analysée en son nom propre. Bien qu’au cœur d’un conflit ouvert qui dure depuis plus d’un demi-siècle, ce territoire, à qui l’on refuse le statut d’État, apparaît le plus souvent uniquement à travers un cadre plus large, qui semble parfois le dépasser.
Cet ouvrage collectif dirigé par Dominique Vidal, historien, journaliste et écrivain français spécialiste du Proche-Orient et du conflit israélo-palestinien, ne se veut pas militant, mais entend au contraire présenter une analyse historique et politique des relations globales de la Palestine. Si l’ensemble des relations avec ses voisins sont perceptibles en filigrane – et fait d’ailleurs l’objet d’un article de Farouk Mardam-Bey –, la pertinence du livre est précisément de placer la Palestine au cœur de l’attention. Les sept contributions entendent ainsi esquisser un tableau général de ce territoire non plus à travers le seul prisme de sa relation avec Israël, mais en décrivant l’intervention régulière des plus grandes puissances dans le temps long.
Les relations avec les États-Unis (article de Rashid Khalidi) ou le Royaume-Uni (Rosemary Hollis) sont évidemment abordées. Celles, plus subtiles et moins connues, avec l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), puis la Russie (Michel Réal) ou encore l’Iran et la Turquie (Bertrand Badie) éclairent le jeu infiniment politique dont la Palestine est tour à tour victime ou bénéficiaire, devant l’illustration parfaite de la realpolitik. À titre d’exemple, pour l’URSS, alors qu’il ne suscite pas d’intérêt particulier jusqu’en 1960, « le problème palestinien va prendre une place croissante dans la diplomatie soviétique avec la conjugaison de trois facteurs : la rupture des relations diplomatiques avec Israël ; la fin de l’alliance avec l’Égypte ; le développement du mouvement national palestinien et l’émergence de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) » (p. 84).
L’article d’Henry Laurens est, pour sa part, particulièrement instructif puisqu’il revient sur la politique française, notamment au cours de la Ve République et sur l’oscillation de Paris entre soutien à Israël et à la cause palestinienne et sur le mythe d’une politique française pro-arabe. Pour lui, « le message, défini dès 1967, a toujours été la paix avec la reconnaissance d’Israël contre le retour des territoires occupés. Ce sont les Arabes qui ont progressivement rejoint les positions françaises » (p. 117). Enfin, l’ouvrage se termine par une analyse de D. Vidal sur le traitement de la question palestinienne par les Nations unies, qui illustre parfaitement la complexité des enjeux, mettant aussi en lumière l’incapacité de l’organisation à apporter une solution pérenne à ce conflit.
Toute la pertinence de cet ouvrage repose sur la qualité et la diversité des articles qui le composent et qui apportent un regard aiguisé sur ce sujet. Le lecteur peut ainsi percevoir à la fois le jeu d’alliances, le délicat équilibre régissant l’ensemble des relations et l’interdépendance des acteurs internationaux. Néanmoins, les calculs politiques, parfois avisés, ne parviennent pas à cacher une autre réalité, humanitaire qui, elle, est catastrophique. De 1950 à 2013, le nombre de réfugiés palestiniens au Proche-Orient est passé de 1 à 5,3 millions, selon l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.
Cet ouvrage collectif dirigé par Dominique Vidal, historien, journaliste et écrivain français spécialiste du Proche-Orient et du conflit israélo-palestinien, ne se veut pas militant, mais entend au contraire présenter une analyse historique et politique des relations globales de la Palestine. Si l’ensemble des relations avec ses voisins sont perceptibles en filigrane – et fait d’ailleurs l’objet d’un article de Farouk Mardam-Bey –, la pertinence du livre est précisément de placer la Palestine au cœur de l’attention. Les sept contributions entendent ainsi esquisser un tableau général de ce territoire non plus à travers le seul prisme de sa relation avec Israël, mais en décrivant l’intervention régulière des plus grandes puissances dans le temps long.
Les relations avec les États-Unis (article de Rashid Khalidi) ou le Royaume-Uni (Rosemary Hollis) sont évidemment abordées. Celles, plus subtiles et moins connues, avec l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS), puis la Russie (Michel Réal) ou encore l’Iran et la Turquie (Bertrand Badie) éclairent le jeu infiniment politique dont la Palestine est tour à tour victime ou bénéficiaire, devant l’illustration parfaite de la realpolitik. À titre d’exemple, pour l’URSS, alors qu’il ne suscite pas d’intérêt particulier jusqu’en 1960, « le problème palestinien va prendre une place croissante dans la diplomatie soviétique avec la conjugaison de trois facteurs : la rupture des relations diplomatiques avec Israël ; la fin de l’alliance avec l’Égypte ; le développement du mouvement national palestinien et l’émergence de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) » (p. 84).
L’article d’Henry Laurens est, pour sa part, particulièrement instructif puisqu’il revient sur la politique française, notamment au cours de la Ve République et sur l’oscillation de Paris entre soutien à Israël et à la cause palestinienne et sur le mythe d’une politique française pro-arabe. Pour lui, « le message, défini dès 1967, a toujours été la paix avec la reconnaissance d’Israël contre le retour des territoires occupés. Ce sont les Arabes qui ont progressivement rejoint les positions françaises » (p. 117). Enfin, l’ouvrage se termine par une analyse de D. Vidal sur le traitement de la question palestinienne par les Nations unies, qui illustre parfaitement la complexité des enjeux, mettant aussi en lumière l’incapacité de l’organisation à apporter une solution pérenne à ce conflit.
Toute la pertinence de cet ouvrage repose sur la qualité et la diversité des articles qui le composent et qui apportent un regard aiguisé sur ce sujet. Le lecteur peut ainsi percevoir à la fois le jeu d’alliances, le délicat équilibre régissant l’ensemble des relations et l’interdépendance des acteurs internationaux. Néanmoins, les calculs politiques, parfois avisés, ne parviennent pas à cacher une autre réalité, humanitaire qui, elle, est catastrophique. De 1950 à 2013, le nombre de réfugiés palestiniens au Proche-Orient est passé de 1 à 5,3 millions, selon l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient.