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Oublier la Terre ? La conquête spatiale 2.0
Par Jacques Arnould - Paris, Éditions Le Pommier, 2018, 168p.
« Le temps est peut-être venu où les hommes contrôleront le destin des étoiles ». Cette phrase prononcée par Arthur C. Clarke devant le Congrès américain en 1975 (citée à la page 6 de l’ouvrage) est révélatrice de l’intérêt croissant de l’époque concernant les questions spatiales. Ces envies de découvertes connaissent un certain regain depuis une quinzaine d’années et l’essor des GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon, pour ne citer que les entreprises les plus connues). Elon Musk, avec sa compagnie SpaceX, projette même de coloniser l’espace et d’emmener l’homme sur Mars.
Chargé des questions éthiques au Centre national d’études spatiales (CNES), Jacques Arnould présente dans son essai les nouveaux objectifs du Newspace, cette « révolution que connaît le secteur spatial » (p. 10). Il souhaite amener le lecteur à se questionner sur les effets que de telles avancées pourraient entraîner pour l’espèce humaine. Pourquoi l’envie de quitter la Terre se transforme-t-elle en obsession du côté des GAFA ? La planète est-elle en si piteux état qu’il faudrait l’abandonner ? Apprendre à connaître et apprivoiser l’espace, mais pour y faire quoi ?
C’est autour de ces interrogations que se construit l’argumentation de l’auteur. Il structure son propos en huit parties, destinées à accompagner le lecteur au long de son raisonnement et à le familiariser avec les grandes étapes de la conquête spatiale. Les premiers chapitres (« Et si c’était demain ? » ; « Espace 2.0 » ; « Objectif Lune ») rappellent que l’espace a toujours suscité la curiosité à travers les époques. En 1610, déjà, Johannes Kepler prédisait « que de courageux navigateurs s’élanceraient dans l’éther céleste pour rejoindre et explorer les astres d’un univers qui perdrait bientôt sa clôture… » (p. 26). Cet engouement pour l’inconnu a ensuite été abondement relayé par le cinéma et la littérature de science-fiction, qui accompagnaient d’ailleurs les manœuvres de guerre froide répondant aux besoins de domination révélés par le lancement états-unien du programme Apollo, en 1961. Les innovations technologiques, l’alliance du public et du privé – plus précisément entre l’ambition des programmes spatiaux étatiques et les baisses des coûts apportées par les entreprises privées telles que SpaceX ou Blue Origin –, puis les investissements astronomiques des GAFA confirment que l’homme n’a jamais été aussi proche de fouler le sol d’un nouvel objet non terrestre – depuis Neil Armstrong sur la Lune en 1969.
Jacques Arnould met en évidence « les nouvelles frontières de l’espace » (p. 61), en appelant toutefois le lecteur à remettre en question les projets en cours. Des thématiques stimulantes sont par ailleurs abordées, comme la question juridique liée à la conquête spatiale : à quel drapeau appartiendrait, par exemple, une nouvelle planète ou un astéroïde qui permettrait le forage et l’exploitation minière ?
L’auteur guide le lecteur jusqu’au vif du sujet : les questions éthiques que posent les nouveaux objectifs de conquête spatiale et qui devraient, selon lui, demeurer primordiales aux yeux des responsables de ces projets d’envergure. Cette dernière partie attire ainsi l’attention sur le fait que la Terre, elle, « ne se meut pas » (p. 126). Inversement, les expéditions spatiales laissent sourdre l’idée d’abandonner l’être humain au profit du « cyborg » – un être dont les capacités seraient décuplées grâce aux effets d’une intelligence artificielle incorporée –, voire celle que tous les humains ne pourront faire partie du projet transhumaniste. C’est donc bien tout l’avenir de la condition de l’homme qui est mis en jeu par le dessein avant-gardiste de l’idéologie des GAFA, et sur lequel l’auteur souhaite nous interpeller.
L’essai de Jacques Arnould est court, aisé à lire et s’adresse à tout public, du plus initié au moins compétent concernant les questions spatiales, car le but est d’attirer sur les engagements éthiques du Newspace et les conséquences de ses avancées. Passionné et sachant transmettre son intérêt pour les sujets liés à la conquête spatiale, Jacques Arnould rappelle néanmoins avec précaution que le projet transhumaniste « devrait, sans cesser de prendre souci de l’humain, s’inquiéter de tous les humains » (p. 145).
Chargé des questions éthiques au Centre national d’études spatiales (CNES), Jacques Arnould présente dans son essai les nouveaux objectifs du Newspace, cette « révolution que connaît le secteur spatial » (p. 10). Il souhaite amener le lecteur à se questionner sur les effets que de telles avancées pourraient entraîner pour l’espèce humaine. Pourquoi l’envie de quitter la Terre se transforme-t-elle en obsession du côté des GAFA ? La planète est-elle en si piteux état qu’il faudrait l’abandonner ? Apprendre à connaître et apprivoiser l’espace, mais pour y faire quoi ?
C’est autour de ces interrogations que se construit l’argumentation de l’auteur. Il structure son propos en huit parties, destinées à accompagner le lecteur au long de son raisonnement et à le familiariser avec les grandes étapes de la conquête spatiale. Les premiers chapitres (« Et si c’était demain ? » ; « Espace 2.0 » ; « Objectif Lune ») rappellent que l’espace a toujours suscité la curiosité à travers les époques. En 1610, déjà, Johannes Kepler prédisait « que de courageux navigateurs s’élanceraient dans l’éther céleste pour rejoindre et explorer les astres d’un univers qui perdrait bientôt sa clôture… » (p. 26). Cet engouement pour l’inconnu a ensuite été abondement relayé par le cinéma et la littérature de science-fiction, qui accompagnaient d’ailleurs les manœuvres de guerre froide répondant aux besoins de domination révélés par le lancement états-unien du programme Apollo, en 1961. Les innovations technologiques, l’alliance du public et du privé – plus précisément entre l’ambition des programmes spatiaux étatiques et les baisses des coûts apportées par les entreprises privées telles que SpaceX ou Blue Origin –, puis les investissements astronomiques des GAFA confirment que l’homme n’a jamais été aussi proche de fouler le sol d’un nouvel objet non terrestre – depuis Neil Armstrong sur la Lune en 1969.
Jacques Arnould met en évidence « les nouvelles frontières de l’espace » (p. 61), en appelant toutefois le lecteur à remettre en question les projets en cours. Des thématiques stimulantes sont par ailleurs abordées, comme la question juridique liée à la conquête spatiale : à quel drapeau appartiendrait, par exemple, une nouvelle planète ou un astéroïde qui permettrait le forage et l’exploitation minière ?
L’auteur guide le lecteur jusqu’au vif du sujet : les questions éthiques que posent les nouveaux objectifs de conquête spatiale et qui devraient, selon lui, demeurer primordiales aux yeux des responsables de ces projets d’envergure. Cette dernière partie attire ainsi l’attention sur le fait que la Terre, elle, « ne se meut pas » (p. 126). Inversement, les expéditions spatiales laissent sourdre l’idée d’abandonner l’être humain au profit du « cyborg » – un être dont les capacités seraient décuplées grâce aux effets d’une intelligence artificielle incorporée –, voire celle que tous les humains ne pourront faire partie du projet transhumaniste. C’est donc bien tout l’avenir de la condition de l’homme qui est mis en jeu par le dessein avant-gardiste de l’idéologie des GAFA, et sur lequel l’auteur souhaite nous interpeller.
L’essai de Jacques Arnould est court, aisé à lire et s’adresse à tout public, du plus initié au moins compétent concernant les questions spatiales, car le but est d’attirer sur les engagements éthiques du Newspace et les conséquences de ses avancées. Passionné et sachant transmettre son intérêt pour les sujets liés à la conquête spatiale, Jacques Arnould rappelle néanmoins avec précaution que le projet transhumaniste « devrait, sans cesser de prendre souci de l’humain, s’inquiéter de tous les humains » (p. 145).