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Où partir avant qu’il ne soit trop tard ? Compte à rebours pour un tourisme responsable
Arild Molstad Paris, La Découverte, 2009, 270 p.
Le commerce équitable est à la mode. Le tourisme équitable le deviendra-t-il ?
Arild Molstad, journaliste, photographe, écrivain qui a bourlingué sur les cinq continents, se fait l’avocat d’un tourisme responsable qui préserve et valorise le caractère d’une destination. Son livre, traduit du norvégien, est un amalgame très anglo-saxon du carnet de voyages et de l’essai militant. Il est organisé en une quinzaine de courts chapitres centrés autour d’autant de « destinations de rêve » menacées par l’afflux de visiteurs : Venise, Bali, Dubrovnik, La Havane, le Maasai Mara...
La croissance exponentielle des flux touristiques – on compterait 1 milliard de touristes aujourd’hui et le double dans dix ans – pose le défi de la « soutenabilité » de nos pratiques : « persister à courir le monde sans que nous [...] ne prenions davantage conscience des dangers imminents que nous faisons courir à la planète nous mènera droit dans le mur » (p. 16).
Une solution, radicale, serait de s’abstenir de voyager ou, à tout le moins, de limiter les déplacements touristiques.
Telle n’est pas la solution prônée par Arild Molstad qui estime qu’un tourisme raisonné et responsable loin de constituer une menace peut représenter une opportunité. Il propose de dépasser le concept galvaudé d’éco-tourisme pour celui, plus large, de géotourisme, qui replace l’être humain au centre de la réflexion. Il s’agit d’associer les communautés locales à l’accueil des voyageurs (formation de guides, aides aux chambres d’hôtes, politique concertée de labellisation) et d’éviter au maximum un « tourisme off shore » type clubs de vacances dont les seules retombées locales sont négatives.
Ces recommandations s’adressent aux États, aux professionnels du tourisme mais aussi – dans une tonalité très anglo-saxonne qui prête parfois à sourire – au touriste que nous sommes tous un jour ou l’autre : « vous pouvez agir à votre niveau en tant que particulier » (p. 267). Et A. Molstad d’égrener quelques conseils « simples et efficaces » (sic) pour « diminuer l’impact de nos voyages » : limiter au maximum ses déplacements en avion (un Paris-Miami est aussi polluant que l’usage régulier d’une voiture pendant six mois !), en compenser les émissions de gaz à effet de serre par l’achat de crédits carbone (comme les Rolling Stones ou Coldplay l’ont fait durant leurs tournées), préférer sur place le train à la voiture ou au bateau plus polluants, sélectionner un tour-operator dûment labellisé, consommer local... Autant de pratiques qui renchérissent peut-être le coût du voyage mais qu’A. Molstad nous exhorte à suivre si l’on veut transmettre à nos enfants le patrimoine qui nous a été légué.