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On nous ment ! Vérités et légendes sur la crise
Olivier Pastré, Jean-Marc Sylvestre Paris, Fayard, 2011, 230 p.
« On nous ment ! » est un titre qui interpelle. Écrit par deux économistes français, l’ouvrage s’adresse à tous. Absolument rien d’académique. Les chiffres sont peu présents ou sont là pour choquer et secouer les citoyens que nous sommes.
L’histoire est simple ou, du moins, est-ce ainsi que les faits d’actualité nous sont présentés. Les deux auteurs ont pris pour mission de nous démontrer que derrière les affirmations médiatiques se cachent en fait de vrais mensonges. Média et politiques concourent à cela, en se faisant complices des économistes. Il n’y a pas de parti pris ici, tout le monde est tour à tour visé.
L’histoire de Rosa, jeune mexicaine venue aux États-Unis qui passe de l’enchantement à la désillusion totale, sert d’entrée en matière. Néanmoins, si le cas de Rosa est exemplaire (« L’ensemble de ce livre constitue une ode à Rosa », p. 225), on aurait pu s’en passer tant il est devenu une image d’Épinal.
Seize questions sont ensuite décortiquées. Chaque chapitre a pour titre une affirmation tenant lieu de vérité. Le lecteur se sent immédiatement concerné car ces « vérités » sur l’état du monde nous sont si familières qu’on ne les questionne effectivement plus. Les auteurs nous incitent au contraire à aller chercher les faits au-delà des slogans. Quelques exemples d’affirmations : « La crise est finie », « Les salaires des patrons sont scandaleux », « Taxer les banques : la solution miracle », « Le protectionnisme est mort et enterré », « Les émergents sont le salut du monde », « Le monde va mourir de faim », « L’Europe va imploser ». Sur cette dernière affirmation par exemple, la probabilité que l’Europe implose est nulle selon les auteurs, car cela impliquerait une implosion de tous les États membres. La situation actuelle, au contraire, va faire avancer l’Europe, qui doit son existence aux crises, obligeant les gouvernements à réagir. Malgré des divergences croissantes, « l’Europe tient la route » (p. 167). « La difficulté vient aujourd’hui de ce que rien ne se fera sans l’adhésion des opinions publiques. Or certains des bâtisseurs de l’Europe ont tellement menti qu’ils ne sont plus crédibles. La plus belle réussite de l’Europe, c’est l’euro ; c’est aussi le plus gros de ses mensonges » (p. 174), poursuivent les auteurs.
Sans détour linguistique, voire même d’une façon parfois franchement journalistique, O. Pastré et J-M. Sylvestre se veulent là « pour rétablir la vérité » (p. 27). In fine, c’est une incitation faite au lecteur de s’indigner de façon organisée et de remédier à ces lamentations sans fondements, par « la création d’un contre-pouvoir » (p. 226).
En guise de conclusion, les auteurs s’interrogent sur le pourquoi de ces mensonges qui deviennent partie intégrante de l’histoire économique. La globalisation apporte son lot de complexités dont il devient de plus en plus difficile de donner une explication compréhensible au grand public. Cela peut expliquer le recours aux mensonges simplificateurs. La médiatisation galopante exacerbe ce besoin de simplifier pour les masses. « Transparence et évaluation sont [donc] les deux mamelles d’une économie en quête de vérité » (p. 223), tels sont les mots d’ordre donnés aux politiques.
L’ouvrage contient de multiples suggestions et de bonnes idées, hélas un peu dissoutes dans la masse. Mais il reste un très bon résumé des « vérités » actuelles. La lecture est facile et fort divertissante grâce à un style léger et agitateur. À lire néanmoins dans l’année, à moins de le conserver comme référence sur un sujet tel que « l’usage du mensonge en économie », intitulé du chapitre 2, qui aurait pu être aussi un parfait titre pour cet ouvrage.