See English version below « Ça s’est passé comme ça ». Ceci...
Marchés financiers, sans foi ni loi ?
Par David Allouche et Isabelle Prigent - Paris, Presses universitaires de France, 2016, 167p.
Après la crise financière de 2008, l’action des marchés financiers mondiaux a été remise en question et fortement critiquée partout sur la planète. Certains pays, notamment anglo-saxons, ont tiré certaines leçons de la crise et ont mis en place des règlementations, et les fonds de retraites. En France, en revanche, l’opinion publique se méfie toujours du système financier.
David Allouche et Isabelle Prigent tentent de convaincre les Français du contraire : il faut embrasser le marché financier, au risque d’en subir les conséquences. Une position qui va à l’encontre de la tendance actuelle d’une partie du discours politique français, dans lequel la mondialisation économique est fortement remise en question face à une vague dite « populiste » venant autant de la droite que de la gauche. Néanmoins, tout en présentant une image nuancée du système, D. Allouche et I. Prigent observent les marchés financiers avec une approche critique.
Le livre s’ouvre sur le constat que la France, du fait de son passé de nation catholique, a développé un certain tabou à l’égard de l’argent, souvent perçu dans une perspective usurière. Cette vision n’est pas aussi évidente de l’autre côté de la Manche, par exemple, où la forte tradition protestante n’établit pas la même association avec l’argent. Cette courte présentation est suivie d’une rapide introduction sur les principes des marchés financiers, en particulier la spéculation, processus de création d’argent par une relation entre le risque et le temps. Bien que le risque soit ainsi nécessaire au fonctionnement du système, la crise de 2008 a posé la question de sa gestion.
Du troisième au cinquième et dernier chapitre, les auteurs détaillent le rôle que jouent les marchés dans la croissance économique : financement des grandes sociétés, des start-up, et même de l’État. Malgré cela, les Français préfèrent épargner leur argent – 15,2 % contre 6,79 % chez les Britanniques – et le placer dans des investissements considérés peu risqués, autrement dit « réels » – l’immobilier ou l’assurance. Mais cette aversion au risque a incité les grandes sociétés françaises à rechercher de l’investissement en provenance de l’étranger, jusqu’à hauteur de 70 % de leurs capitaux. D. Allouche et I. Prigent abordent ensuite les thèmes récurrents de la régulation financière et des conflits d’intérêts. Enfin, ils détaillent les pratiques d’investissement socialement responsable et les nouvelles méthodes d’investissement, comme le crowdfunding.
Ce n’est qu’en conclusion que les auteurs abordent la question posée dans le titre de leur ouvrage : les marchés sont-ils sans foi ni loi ? D. Allouche et I. Prigent affirment que cette question n’apporte pas de solution aux problèmes les plus graves du système mondial, mais offrent néanmoins un certain nombre de conseils et de pistes pour les éviter.
En somme, ce livre constitue une bonne introduction au commerce, à la finance et à l’économie. Néanmoins, sa concision implique l’exclusion de plusieurs détails. Par exemple, bien que les auteurs abordent le sujet de la régulation financière, ils ne mentionnent pas le manque de convention internationale en la matière, qui formulerait par exemple de nouvelles régulations pour éviter la concurrence déloyale entre les pays. L’abrogation du Glass-Steagall Act en 1999 ou, plus récemment, du Dodd-Frank Act par Monsieur Trump oblige les marchés européens à être moins règlementés pour rester compétitifs. Et même si une convention internationale de régulation voyait le jour, de nouvelles crises pourraient survenir. Un exemple de la complexité des divers aspects des marchés financiers que l’ouvrage ne traite pas.
Marchés financiers, sans foi ni loi ? démystifie le monde de la finance internationale avec une approche généraliste, mais aussi critique. Ce livre diffère beaucoup de la littérature parue ces dernières années, comme Le casse du siècle (Michael Lewis), ou d’autres ouvrages davantage journalistiques. Enfin, les auteurs ont fait l’effort d’éviter un ton trop technique, rendant de ce fait l’ouvrage plus accessible.
David Allouche et Isabelle Prigent tentent de convaincre les Français du contraire : il faut embrasser le marché financier, au risque d’en subir les conséquences. Une position qui va à l’encontre de la tendance actuelle d’une partie du discours politique français, dans lequel la mondialisation économique est fortement remise en question face à une vague dite « populiste » venant autant de la droite que de la gauche. Néanmoins, tout en présentant une image nuancée du système, D. Allouche et I. Prigent observent les marchés financiers avec une approche critique.
Le livre s’ouvre sur le constat que la France, du fait de son passé de nation catholique, a développé un certain tabou à l’égard de l’argent, souvent perçu dans une perspective usurière. Cette vision n’est pas aussi évidente de l’autre côté de la Manche, par exemple, où la forte tradition protestante n’établit pas la même association avec l’argent. Cette courte présentation est suivie d’une rapide introduction sur les principes des marchés financiers, en particulier la spéculation, processus de création d’argent par une relation entre le risque et le temps. Bien que le risque soit ainsi nécessaire au fonctionnement du système, la crise de 2008 a posé la question de sa gestion.
Du troisième au cinquième et dernier chapitre, les auteurs détaillent le rôle que jouent les marchés dans la croissance économique : financement des grandes sociétés, des start-up, et même de l’État. Malgré cela, les Français préfèrent épargner leur argent – 15,2 % contre 6,79 % chez les Britanniques – et le placer dans des investissements considérés peu risqués, autrement dit « réels » – l’immobilier ou l’assurance. Mais cette aversion au risque a incité les grandes sociétés françaises à rechercher de l’investissement en provenance de l’étranger, jusqu’à hauteur de 70 % de leurs capitaux. D. Allouche et I. Prigent abordent ensuite les thèmes récurrents de la régulation financière et des conflits d’intérêts. Enfin, ils détaillent les pratiques d’investissement socialement responsable et les nouvelles méthodes d’investissement, comme le crowdfunding.
Ce n’est qu’en conclusion que les auteurs abordent la question posée dans le titre de leur ouvrage : les marchés sont-ils sans foi ni loi ? D. Allouche et I. Prigent affirment que cette question n’apporte pas de solution aux problèmes les plus graves du système mondial, mais offrent néanmoins un certain nombre de conseils et de pistes pour les éviter.
En somme, ce livre constitue une bonne introduction au commerce, à la finance et à l’économie. Néanmoins, sa concision implique l’exclusion de plusieurs détails. Par exemple, bien que les auteurs abordent le sujet de la régulation financière, ils ne mentionnent pas le manque de convention internationale en la matière, qui formulerait par exemple de nouvelles régulations pour éviter la concurrence déloyale entre les pays. L’abrogation du Glass-Steagall Act en 1999 ou, plus récemment, du Dodd-Frank Act par Monsieur Trump oblige les marchés européens à être moins règlementés pour rester compétitifs. Et même si une convention internationale de régulation voyait le jour, de nouvelles crises pourraient survenir. Un exemple de la complexité des divers aspects des marchés financiers que l’ouvrage ne traite pas.
Marchés financiers, sans foi ni loi ? démystifie le monde de la finance internationale avec une approche généraliste, mais aussi critique. Ce livre diffère beaucoup de la littérature parue ces dernières années, comme Le casse du siècle (Michael Lewis), ou d’autres ouvrages davantage journalistiques. Enfin, les auteurs ont fait l’effort d’éviter un ton trop technique, rendant de ce fait l’ouvrage plus accessible.