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L’unification allemande et ses conséquences pour l’Europe, 20 ans après
Stephan Martens (éd.) Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2011, 140 p.
Cet ouvrage, écrit par des spécialistes des questions allemandes et européennes, se compose d’une courte préface d’Alain Juppé, suivie de trois parties, exposant successivement la réaction française à la réunification allemande, celle des puissances victorieuses de la Deuxième Guerre mondiale, et les conséquences pour l’Europe.
Dans la première partie, Hélène Miard-Delacroix démontre que l’attitude du Président Mitterrandau moment de la réunification a été interprétée de manière simplificatrice. Elle note que sa position était influencée par un « mélange de crainte et de réalisme » (p. 18) car, malgré les acquis de la coopération entre les deux pays, il ne pouvait s’empêcher de penser que « face à l’opportunité inouïe se présentant à eux, les Allemands seraient tentés de faire cavalier seul » (p. 18). Elle énumère ensuite les pierres d’achoppement entre H. Kohl et F. Mitterrand, (frontière polonaise, souci pour le Président français de ne pas déséquilibrer les rapports de pouvoir en Europe, menace d’une relation bilatérale Bonn-Washington trop proche). Ainsi, la réaction française a été avant tout celle d’un Président craignant « l’ébranlement de l’équilibre de la Guerre froide » (p. 25) et qui aurait freiné la réunification pour « sauver les acquis de la perestroïka » (p. 25). Dans son analyse, Jérôme Vaillant met plus en exergue l’idée que, pour F. Mitterrand, l’unification allemande ne pouvait avoir lieu qu’autour de l’idée européenne. Mais, une fois encore, les objectifs des deux pays différaient : l’Allemagne tendait vers une union politique tandis que la France privilégiait une union économique et monétaire.
Dans la première partie, Hélène Miard-Delacroix démontre que l’attitude du Président Mitterrandau moment de la réunification a été interprétée de manière simplificatrice. Elle note que sa position était influencée par un « mélange de crainte et de réalisme » (p. 18) car, malgré les acquis de la coopération entre les deux pays, il ne pouvait s’empêcher de penser que « face à l’opportunité inouïe se présentant à eux, les Allemands seraient tentés de faire cavalier seul » (p. 18). Elle énumère ensuite les pierres d’achoppement entre H. Kohl et F. Mitterrand, (frontière polonaise, souci pour le Président français de ne pas déséquilibrer les rapports de pouvoir en Europe, menace d’une relation bilatérale Bonn-Washington trop proche). Ainsi, la réaction française a été avant tout celle d’un Président craignant « l’ébranlement de l’équilibre de la Guerre froide » (p. 25) et qui aurait freiné la réunification pour « sauver les acquis de la perestroïka » (p. 25). Dans son analyse, Jérôme Vaillant met plus en exergue l’idée que, pour F. Mitterrand, l’unification allemande ne pouvait avoir lieu qu’autour de l’idée européenne. Mais, une fois encore, les objectifs des deux pays différaient : l’Allemagne tendait vers une union politique tandis que la France privilégiait une union économique et monétaire.
La deuxième partie traite des perceptions américaine, britannique et russe de la réunification allemande. Nicolas Vaicbourd souligne que les problèmes liés à la réunification se règleront finalement entre les dirigeants de ces trois pays. La perception américaine est analysée sous l’angle de la politique de G. Bush. Selon le Président américain, « l’équilibre européen devrait reposer sur un triptyque de coopération intégrée, constituée de l’OTAN pour les questions de sécurité, la Communauté européenne dans le domaine économique et la CSCE pour les questions politiques » (p. 53). L’analyse de la vision britannique est fondée sur la presse, ce qui apporte au lecteur une perspective nouvelle pour appréhender le regard de méfiance, voire de rejet, d’une grande majorité de Britanniques pour le peuple allemand. C’est tout en finesse que François-Charles Mougel nous invite à réfléchir à la complexité des intérêts et des enjeux britanniques. En effet, la Grande-Bretagne doit, avec une certaine amertume, se rendre compte aujourd’hui qu’elle n’est pas « l’aiguillon de l’Europe » (p. 67) ni le « pont qu’elle rêvait d’être entre l’Europe et les États-Unis » (p. 67). Anne de Tinguy, dans son analyse de l’unification vue par les Soviétiques, questionne le rôle de l’Union soviétique acteur ou spectateur de la réunification, et décrit fort bien les deux principaux objectifs du Kremlin : « bloquer l’intégration de l’Allemagne unifiée dans l’OTAN (…) pour ensuite obtenir un crédit de 20 milliards de deutschemarks » (p. 81).
La dernière partie, consacrée aux conséquences de l’unification allemande pour l’Europe, est plus axée sur les réalités économiques actuelles, et sur la place de l’Union européenne sur la scène internationale, acteur politique incertain certes parvenu « à la paix, puis à la prospérité mais hésitant à franchir la porte ultime, celle de la finalité politique » (p. 94). Les dernières analyses mettent en avant les divergences d’approche de la France et de l’Allemagne sur le rôle de l’Union dans la politique économique, mais également la recherche pragmatique de compromis. Jean-Marc Daniel conclut sur la nécessité de reformuler le Pacte de stabilité et de croissance pour mieux faire fonctionner le couple franco-allemand « mais aussi entériner le fait que le G4 est appelé à devenir le lieu du pouvoir efficace en Europe (…). Les petits pays sont probablement prêts à accepter que les grands jouent un rôle leader pourvu qu’il soit au service du projet commun et non de leurs intérêts » (p. 134).
Un ouvrage, fort bien argumenté et documenté qui illustre avec justesse le bouleversement géopolitique majeur qu’a été l’unification allemande et le rôle que l’Allemagne continue d’exercer aujourd’hui.