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L’humanisme réinventé.
Joseph Yacoub Cerf, Paris, 2012, 216 p.
Joseph Yacoub offre une réflexion sur les enjeux de l’humanisme contemporain, non seulement dans la perspective des chantiers élaborés par l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), mais aussi s’agissant des différents prismes devant permettre l’étude du pluralisme.
Monseigneur Francesco Follo, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO, signe la préface en rappelant que : « Le mérite de ce travail est d’avoir révélé et mis en valeur ces facettes de l’humanisme issues de plusieurs cultures, religions et continents, dans une diversité d’approches et de regards » (p. 15).
Le livre s’ouvre sur une courte introduction générale, soulignant les contributions majeures relatives à l’humanisme. Cependant, on aurait apprécié avoir une définition plus claire de l’humanisme, telle qu’envisagée par l’auteur. L’articulation entre les différentes parties de l’ouvrage en aurait été renforcée.
Joseph Yacoub consacre la première partie de son ouvrage à l’apport de l’UNESCO, entre 1946 et 1952, en particulier à travers son enquête de 1947, s’intéressant aux fondements philosophiques des droits de l’homme, dans la perspective de l’élaboration de la Déclaration universelle. Quelque deux cents penseurs du monde entier ont été interrogés à ce propos, afin de faire émerger un consensus universel autour de ces questions. On retiendra notamment l’expression de Jacques Maritain qui parlait du « babélisme de la pensée moderne » (p. 41). En outre, l’implication de ces intellectuels témoigne de la dimension universelle qui souhaitait être accordée au texte. Néanmoins, l’étude souligne très clairement toute la difficulté de faire émerger un consensus global sur la question des droits de l’homme, sans que cela n’apparaisse comme une entreprise dictée par les seuls fondements philosophiques de l’Occident. Le second chantier développé par l’UNESCO en 1949 a porté sur le pluralisme des cultures. L’analyse est prolongée par l’étude des relations philosophiques et culturelles entre l’Orient et l’Occident. Cette dernière réflexion, connue aussi sous l’appellation « Les entretiens de New Delhi » (1951), avait pour but de considérer l’articulation culturellepossible et nécessaire entre l’Orient et l’Occident, sous la forme d’une synthèse témoignant de l’unité du genre humain. La mobilisation de différents intellectuels de tous bords vient renforcer l’idée selon laquelle l’éducation est cardinale pour le rapprochement des cultures. L’effet pédagogique ne peut alors se constituer que dans le prolongement du « rôle des institutions nationales et internationales dans la formation d’un “ nouvel humanisme ” » (p. 130).
Dans la deuxième partie de l’ouvrage, Joseph Yacoub creuse un peu plus encore le lien entre l’un et le multiple, en développant une approche plus strictement théorique. Ainsi, tout en définissant les principaux termes de sa problématique, à savoir la culture, l’universel, le particulier, etc. L’auteur revient avec d’autant plus de poids sur le principe d’universalité appliqué aux droits de l’homme. La partie théorique est alors illustrée par l’étude de la contribution au dialogue des cultures de la Mésopotamie ancienne et de l’héritage syriaque sur le plan du droit et de l’anthropologie. Mobilisant les principales figures de l’Église syriaque, l’auteur insiste sur le fait que le dialogue interculturel passe aussi par des formes d’inculturation et d’adaptation des politiques missionnaires de l’Église d’Orient nestorienne. Outre son originalité, l’exemple étudié renforce le caractère universel de dialogue entre les cultures.
Finalement, l’ouvrage de Joseph Yacoub constitue une réflexion globale, à partir de différentes enquêtes permettant de mettre en lumière la tension entre l’universel et le particulier appliquée à l’humanisme et aux droits de l’homme. Ainsi, un humanisme renouvelé peut-il constituer un levier d’intégration du pluralisme mondial
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