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Les pays émergents : de nouveaux acteurs. BRIC’s : Brésil, Russie, Inde, Chine Afrique du Sud
Axelle Degans Paris, Ellipses, fiches CQFD, 2011
Le livre d’Axelle Degans est un manuel et, de fait, c’est un texte structuré qui suit un format de fiches « CQFD » avec C pour Cartes, courbes, croquis, Q pour Qui, quoi, F pour Faits et D pour Dates.
La présentation des BRIC’s – le « s » désignant l’ajout de l’Afrique du Sud au concept initial de BRIC – donne lieu à un chapitre par pays. Des informations de base y figurent, telles qu’une courte description des différents chefs d’États et de gouvernement passés, et la (ou les) particularité(s) du pays en question (Apartheid pour l’Afrique du Sud par exemple).
Les cinq chapitres suivants soulèvent diverses questions liées à ce concept de BRIC’s. L’auteure tente de positionner leur dynamique individuelle dans une dynamique plus globale, tout en s’interrogeant sur la pertinence du concept lui-même (chapitres 6 et 7). L’approche géopolitique utilisée, très synthétique, met en perspective la place de ces émergents en tant qu’alliance et le rôle qu’ils peuvent jouer dans l’architecture mondiale. Néanmoins, ce groupe est loin d’être homogène comme le démontre la façon dont chacun d’eux a géré la crise (chapitre 10). Le chapitre le plus intéressant est sans doute le chapitre 9 intitulé « les BRIC’s : escroquerie ou réalité ? ». L’auteure met en avant le fait que ce groupe de pays est un ensemble peu homogène, dont les impressionnantes dimensions économiques ne sont que toutes relatives et dont la place dans les grandes institutions internationales reste limitée. Comme l’auteure le souligne : « l’architecture mondiale ne s’est pas redéfinie autour des BRIC’s » (p. 140). La démonstration semble critiquable : les limites évoquées par A. Degans, le « BRIC’s bashing » avéré de certains média (p. 136), ou encore la dénonciation par certains d’un bouclier efficace monté par la Chine ne suffisent pas pour conclure que le concept relève d’une usurpation intellectuelle et économique.
D’une façon générale, ces cinq chapitres thématiques sont les plus intéressants de l’ouvrage, et aussi ceux où les connaissances géopolitiques de l’auteure ressortent le mieux. Quelques sujets de débats intéressants sont posés comme la question de savoir si les BRIC’s sont « les gagnants du xxie siècle ? » (p. 114) ou encore l’idée du découplage selon laquelle les BRIC’s, ayant gagné en maturité, ne dépendraient plus du marché nord-américain. On regrette néanmoins que le traitement de ces questions se limite le plus souvent à un court paragraphe.
Nous avons donc là un manuel pédagogique para-universitaire, et non un véritable ouvrage de géopolitique sur les pays émergents, destiné à qui n’a pas besoin d’approfondir le concept des BRIC’s mais souhaite simplement avoir une idée de sa substance et des enjeux qui y sont liés. Comme tout ouvrage sur ces sujets, le risque d’obsolescence est son plus gros écueil d’autant que des chronologies y sont incluses. À titre d’exemple, la chronologie économique de la Chine s’arrête en 2008. On peut d’ailleurs à ce sujet souligner une coquille de taille : la Chine est présentée comme la deuxième puissance économique mondiale dès 2008. La bibliographie sélective est récente mais on y regrette la totale absence de références anglo-saxonnes. Pour conclure, le « plus » que nous offre A. Degans est qu’il existe encore peu d’ouvrages récapitulatifs sur le sujet des émergents et que toute nouvelle addition reste à ce titre la bienvenue.