Les Guerres du Golfe, espoir ou chaos
Jean Fleury Paris, Jean Picollec, 2009, 252 p.
Les ouvrages écrits en français sur la guerre en Irak ne sont pas légion. Le général d’armée aérienne Jean Fleury s’emploie dans son nouveau livre à mettre en perspective les deux guerres du Golfe, celle de 1991 et celle d’aujourd’hui. Les Guerres du Golfe se veut un ouvrage d’histoire militaire dans lequel l’auteur prend soin de ne pas tomber dans la critique systématique de l’action américaine. Bien au contraire, son analyse mesurée tend à montrer les écueils de la préparation à la guerre en 2003 par rapport aux préparatifs réfléchis de 1991. En effet, selon Jean Fleury, lors de la première guerre du Golfe, outre l’autorisation par le Conseil de sécurité de l’ONU, les États-Unis ont toujours cherché à constituer une coalition solide pour mener à bien l’offensive en Irak. A l’inverse, en 2003, Washington a décidé de partir en guerre sans l’aval onusien, ni grande coalition avec laquelle se concerter. Mais, pire encore, les Américains sont partis précipitamment sans avoir pleinement étudié l’après-conflit, ni même avoir perçu les déconvenues potentielles des plans d’attaque. Cela a amené aux tourmentes de ces dernières années, où les mouvements d’insurrection ont combattu l’armée d’occupation et se sont affrontés entre eux, plongeant le pays dans le chaos. Une situation qui, selon l’auteur, aurait pu être mieux appréhendée avec des militaires plus loquaces et un pouvoir civil moins obtu.
Cependant, l’ouvrage pèche à plusieurs niveaux. L’auteur aurait pu davantage faire bénéficier le lecteur de ses mémoires lorsqu’il était en poste en 1991, même s’il a déjà écrit à ce sujet par le passé. Pour un ouvrage historique, ses sources sont trop peu nombreuses et, surtout, il manque un travail de terrain et d’entretiens. Notamment pour la deuxième guerre du Golfe, il s’appuie quasi exclusivement sur trois ouvrages[1], aussi complets soient-ils, ne se démarquant que sur quelques chapitres purement techniques et donc pour un public averti. L’aspect le plus problématique est que Jean Fleury interrompt son analyse en 2006, au moment le plus sanglant de la guerre, qui confirme sa théorie d’une offensive mal préparée. Il aurait été intéressant qu’il étudie l’après 2006, l’arrivée du général David Petraeus, le renouvellement de la stratégie militaire et l’emphase sur la contre-insurrection. Guerres du Golfe reste un ouvrage utile, mais qui n’apporte pas d’éléments vraiment nouveaux sur l’analyse de ces deux conflits.