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Les démocraties scandinaves. Des systèmes politiques exceptionnels ?
par Yohann Aucante - Paris, Armand Colin, coll. U, 2013, 256 p.
Dans le monde politique moderne, les démocraties du Nord de l’Europe (Danemark, Finlande, Islande, Norvège et Suède) sont généralement considérées comme des exemples. Ces pays arrivent systématiquement en tête des différents classements qui tentent de comparer les niveaux de démocratisation à l’échelle internationale. Quand bien même on peut discuter de la pertinence globale des critères de mesures de la démocratie, cette régularité est néanmoins remarquable. L’ouvrage de Yohann Aucante, maître de conférences à l’École des hautes études en sciences sociales
(EHESS), étudie l’exceptionnalité scandinave en même temps qu’il vise à proposer une synthèse et des analyses nouvelles des régimes politiques de l’Europe nordique.
Ainsi, l’auteur expose combien les pays scandinaves occupent une place à part dans les représentations de la démocratie moderne. Objets de fascination sans cesse renouvelée, même pour les critiques de ces systèmes politiques et sociaux, ces « petits pays » ont attiré une attention internationale sans commune mesure avec leur taille et leur place dans la géopolitique moderne. Comme il est très habilement dépeint dans cet ouvrage, l’un des traits communs à tous ces régimes politiques est sans aucun doute leur très grande stabilité durant cette époque particulièrement tourmentée qu’est le XXe siècle. En effet, si l’on peut légitimement s’interroger sur la précocité de la démocratisation de ces pays nordiques, il est incontestable qu’une fois établis, leurs régimes n’ont pratiquement pas été remis en question, que ce soit par des révolutions ou des coups d’État – hormis durant la période de l’occupation allemande en Norvège et au Danemark. Qui plus est, la démocratisation s’est poursuivie et approfondie, en vertu des principes cardinaux de liberté et d’égalité.
L’auteur propose une étude globale non exhaustive mais pédagogiquement très aboutie du contexte historique et géopolitique dans lequel ont émergé ces régimes, tenus depuis longtemps comme « modèles » et loués pour être parvenu à concilier capitalisme et égalité sociale, pour leur démocratie exemplaire et transparente et leur culture de la paix. Il se demande également dans quelle mesure les démocraties scandinaves ont été vraiment précoces, stables et exemplaires, et questionne d’une manière critique leurs évolutions politiques. Ainsi, il affirme que « si les Scandinaves ont contribué à repousser les frontières de la démocratie, il n’existe pas de perfection en la matière » (p. 23), et leur trajectoire peut aussi être examinée de manière plus critique dans des domaines tels que le commerce – notamment des armes – avec des régimes autoritaires à différentes époques, les conditions de l’intégration des populations immigrées ou le déclin relatif de la participation citoyenne. Ces défis, les pays nordiques semblent être d’ores et déjà préparés à les soulever, car loin de céder au fatalisme, ils sont conscients que la démocratie nécessite évolution et adaptation. En Suède, par exemple, la démocratie est ancrée dans une tradition de représentation paysanne unique en Europe, aux côtés des ordres de la noblesse, du clergé et la bourgeoisie. C’est aussi dans ce pays que les principes de liberté d’expression et de garantie contre la censure ont été établis le plus tôt, dès la fin du XVIIIe siecle.
Première synthèse du genre en français, cet ouvrage interroge les particularités sociales et politiques scandinaves au cours de l’Histoire, sans négliger les spécificités propres à chaque pays. Traitant en priorité du Danemark, de la Norvège et de la Suède, il aborde également les cas de la Finlande et de l’Islande, jusqu’à la spectaculaire crise financière et politique qui a touché cette petite île en 2008. À ce titre, il intéressera en premier lieu les étudiants et enseignants en sciences politiques, sociales et en histoire, mais aussi ceux qui recherchent des outils de réflexion précis pour comprendre la genèse et le fonctionnement de ces démocraties.
(EHESS), étudie l’exceptionnalité scandinave en même temps qu’il vise à proposer une synthèse et des analyses nouvelles des régimes politiques de l’Europe nordique.
Ainsi, l’auteur expose combien les pays scandinaves occupent une place à part dans les représentations de la démocratie moderne. Objets de fascination sans cesse renouvelée, même pour les critiques de ces systèmes politiques et sociaux, ces « petits pays » ont attiré une attention internationale sans commune mesure avec leur taille et leur place dans la géopolitique moderne. Comme il est très habilement dépeint dans cet ouvrage, l’un des traits communs à tous ces régimes politiques est sans aucun doute leur très grande stabilité durant cette époque particulièrement tourmentée qu’est le XXe siècle. En effet, si l’on peut légitimement s’interroger sur la précocité de la démocratisation de ces pays nordiques, il est incontestable qu’une fois établis, leurs régimes n’ont pratiquement pas été remis en question, que ce soit par des révolutions ou des coups d’État – hormis durant la période de l’occupation allemande en Norvège et au Danemark. Qui plus est, la démocratisation s’est poursuivie et approfondie, en vertu des principes cardinaux de liberté et d’égalité.
L’auteur propose une étude globale non exhaustive mais pédagogiquement très aboutie du contexte historique et géopolitique dans lequel ont émergé ces régimes, tenus depuis longtemps comme « modèles » et loués pour être parvenu à concilier capitalisme et égalité sociale, pour leur démocratie exemplaire et transparente et leur culture de la paix. Il se demande également dans quelle mesure les démocraties scandinaves ont été vraiment précoces, stables et exemplaires, et questionne d’une manière critique leurs évolutions politiques. Ainsi, il affirme que « si les Scandinaves ont contribué à repousser les frontières de la démocratie, il n’existe pas de perfection en la matière » (p. 23), et leur trajectoire peut aussi être examinée de manière plus critique dans des domaines tels que le commerce – notamment des armes – avec des régimes autoritaires à différentes époques, les conditions de l’intégration des populations immigrées ou le déclin relatif de la participation citoyenne. Ces défis, les pays nordiques semblent être d’ores et déjà préparés à les soulever, car loin de céder au fatalisme, ils sont conscients que la démocratie nécessite évolution et adaptation. En Suède, par exemple, la démocratie est ancrée dans une tradition de représentation paysanne unique en Europe, aux côtés des ordres de la noblesse, du clergé et la bourgeoisie. C’est aussi dans ce pays que les principes de liberté d’expression et de garantie contre la censure ont été établis le plus tôt, dès la fin du XVIIIe siecle.
Première synthèse du genre en français, cet ouvrage interroge les particularités sociales et politiques scandinaves au cours de l’Histoire, sans négliger les spécificités propres à chaque pays. Traitant en priorité du Danemark, de la Norvège et de la Suède, il aborde également les cas de la Finlande et de l’Islande, jusqu’à la spectaculaire crise financière et politique qui a touché cette petite île en 2008. À ce titre, il intéressera en premier lieu les étudiants et enseignants en sciences politiques, sociales et en histoire, mais aussi ceux qui recherchent des outils de réflexion précis pour comprendre la genèse et le fonctionnement de ces démocraties.