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Les Coréens
Pascal Dayez-Burgeon Paris, Tallandier, 2011, 202 p.
Agrégé d’histoire, ancien de l’ENA, actuellement directeur adjoint de l’Institut des sciences de la communication du CNRS et, surtout, ancien diplomate en Corée du Sud de 2001 à 2006, Pascal Dayez-Burgeon décrypte dans son essai Les Coréens, tous les aspects de la société coréenne.
La Corée du Sud est encore méconnue, malgré son essor économique et politique fulgurant. Loin du cliché du « Pays du matin calme », l’auteur, grâce à son expérience diplomatique de plusieurs années dans ce pays, dépeint avec précision – de façon très abordable pour le grand public – l’évolution de la société coréenne.
Ce pays est aujourd’hui une puissance économique parmi les plus importantes de la planète. Partie pratiquement de zéro au lendemain de la guerre de Corée (1950 – 1953), la Corée du Sud s’est transformée en un demi-siècle en géant économique, en démocratie militante, en acteur majeur du numérique et en pôle culturel.
Pourtant ce pays suscite encore l’indifférence. Le fait que le regard des étrangers soit si souvent tourné vers les puissances chinoise et japonaise, semble faire de la Corée du Sud une crevette coincée entre deux baleines. De plus, la division de la péninsule et la dictature de Kim Jung-il font oublier le miracle sud-coréen en concentrant toute l’attention sur les tensions géopolitiques de la zone.
Cet essai réussit à modifier la vision des étrangers sur ce pays, en convainquant les lecteurs que demain sera coréen. En effet, P. Dayez-Burgeon décrypte le miracle coréen, en s’intéressant à l’association de la tradition et des ressources de modernité technologique du pays.
Il arrive à montrer l’évolution de la Corée du Sud, en traitant tout à la fois de son histoire, de son processus de démocratisation, de son essor économique au travers des Chaebols, des valeurs de son peuple, notamment sur le plan du travail et de l’éducation, de sa culture et du phénomène Hallyu, et de sa relation aux nouvelles technologies (allant jusqu’à parler de « cybermonde coréen »).
Malgré la diversité des domaines abordés, l’illustration par de nombreux exemples concrets rend la lecture de cet ouvrage passionnante.
P. Dayez-Burgeon traite également de la relation de la Corée du Sud avec son voisin du Nord, en soulignant la nécessité, mais également les difficultés, d’une réunification de la péninsule.et agrémente ses propos d’une comparaison avec la réunification allemande. Sa fonction de diplomate lui permet de nous livrer ici une analyse pertinente et détaillée sur le sujet. Cependant, on pourrait émettre la critique que ce défi crucial pour le nord comme pour le sud est traité par P. Dayez-Burgeon avec un peu trop d’optimisme quant à sa réussite.
L’auteur, tout au long de son essai, parvient toutefois à nous communiquer son enthousiasme sur l’avenir de la Corée du Sud. On peut regretter, de la part d’un étranger, que la question de l’évolution de la société coréenne ne soit pas traitée avec un peu plus d’impartialité. En effet, l’auteur évoque trop rapidement les problèmes qui accompagnent le développement de la société coréenne tels que la précarité du système social, la faiblesse de la politique intérieure, l’opacité des relations entre économie et politique, l’urbanisation à outrance et la difficile préservation de l’environnement.