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Les armes chimiques et biologiques
Daniel Riche, édition revue et augmentée par Patrice Binder lArchipel, Paris, 2011, 488 p.
Cet ouvrage est une édition actualisée du livre de Daniel Riche : La guerre chimique et biologique, Belfond, Paris, 1982. Daniel Riche, philosophe, journaliste et écrivain fut l’un des premiers à écrire sur les armes chimiques et biologiques. Il décède en 2005 avant d’avoir fini l’actualisation de son ouvrage. C’est Patrice Binder, docteur en médecine et médecin en chef militaire qui reprend cette lourde tâche. L’objectif de ce livre est de dresser un tableau le plus exhaustif possible des connaissances relatives à ces armes et de leur possible devenir, avec en toile de fond la peur irrationnelle qu'elles provoquent dans l’opinion publique.
La première partie de cet ouvrage est dédiée à l’histoire de ces armes et à leur classification. Les auteurs analysent ces armes depuis l’histoire lointaine et l’utilisation de procédés de guerre biologique au Moyen-Âge jusqu’à l’utilisation de gaz de combat contre les populations kurdes d’Irak en passant par les deux grands conflits mondiaux, la guerre du Viêtnam et les programmes de recherche américains, japonais, sud-africains et ceux de l’ex-URSS. Plutôt que de faire une simple énonciation chronologique des faits, les auteurs décrivent au travers d’une enquête poussée le contexte social, politique et stratégique qui a conduit à l’utilisation ou l’émergence de ces armes. Ils démontrent comment la peur née de la Première Guerre mondiale a modelé l’avenir de ces armes par, d’une part la rédaction du protocole de Genève de 1923 relatif à l’interdiction des armes biologiques et chimiques mais aussi de l’autre une course à l’armement. Ce dernier point peut paraître paradoxal, mais la peur des gaz était telle qu’elle a conduit les États à prendre des mesures pour protéger la population et les combattants contre ces gaz mais aussi à préparer une capacité de réponse similaire en cas d’attaque chimique. Cette simili-dissuasion est une des raisons avancées par les auteurs pour expliquer le non-emploi des gaz par l’Allemagne nazie. Cet état d’esprit perdura jusqu’en 1972 et la rédaction de la Convention d’interdiction des armes biologiques, qui sera suivie de la Convention d’interdiction des armes chimiques en 1993.
C’est donc logiquement que la seconde partie de l’ouvrage est consacrée aux conventions, résolutions, lois et mesures dédiées à lutter contre la prolifération ainsi qu’aux mesures prises par les États pour détruire leurs stocks d’armes. Les auteurs analysent les forces et faiblesses des différents textes, l’absence de commission de contrôle pour la convention d’interdiction des armes biologiques, le contrôle basé sur la déclaration de bonne foi pour la convention d’interdiction des armes chimiques mais aussi les difficultés de destruction des stocks existants. La dernière partie de l’ouvrage, qui est une addition au document original, est consacrée aux menaces liées aux progrès des biotechnologies, comme les manipulations génétiques, les recombinaisons, et aux moyens mis en place pour sensibiliser et responsabiliser la communauté des chercheurs vis-à-vis de la dualité de leur travail.
Les auteurs nous proposent une vision complète des questions que posent ces armes et concluent sur la nécessité de rester vigilant. Car si des textes interdisent ces armes, bien des barrières psychologiques, selon eux, sont tombées avec l’avènement du nucléaire comme arme d’ultime recours et l’arme chimique ou biologique a de nouveau un intérêt stratégique. D'autre part, les progrès de la science et l’accès aux connaissances posent le problème de la maîtrise de la prolifération par rapport aux acteurs non étatiques.
Cet ouvrage fouillé, documenté permet d’appréhender tous les aspects des questions soulevées par les armes biologiques et chimiques : leur utilisation, qui les a produit et pourquoi mais aussi où en est-on à présent et quels sont les risques et menaces futurs ?
La première partie de cet ouvrage est dédiée à l’histoire de ces armes et à leur classification. Les auteurs analysent ces armes depuis l’histoire lointaine et l’utilisation de procédés de guerre biologique au Moyen-Âge jusqu’à l’utilisation de gaz de combat contre les populations kurdes d’Irak en passant par les deux grands conflits mondiaux, la guerre du Viêtnam et les programmes de recherche américains, japonais, sud-africains et ceux de l’ex-URSS. Plutôt que de faire une simple énonciation chronologique des faits, les auteurs décrivent au travers d’une enquête poussée le contexte social, politique et stratégique qui a conduit à l’utilisation ou l’émergence de ces armes. Ils démontrent comment la peur née de la Première Guerre mondiale a modelé l’avenir de ces armes par, d’une part la rédaction du protocole de Genève de 1923 relatif à l’interdiction des armes biologiques et chimiques mais aussi de l’autre une course à l’armement. Ce dernier point peut paraître paradoxal, mais la peur des gaz était telle qu’elle a conduit les États à prendre des mesures pour protéger la population et les combattants contre ces gaz mais aussi à préparer une capacité de réponse similaire en cas d’attaque chimique. Cette simili-dissuasion est une des raisons avancées par les auteurs pour expliquer le non-emploi des gaz par l’Allemagne nazie. Cet état d’esprit perdura jusqu’en 1972 et la rédaction de la Convention d’interdiction des armes biologiques, qui sera suivie de la Convention d’interdiction des armes chimiques en 1993.
C’est donc logiquement que la seconde partie de l’ouvrage est consacrée aux conventions, résolutions, lois et mesures dédiées à lutter contre la prolifération ainsi qu’aux mesures prises par les États pour détruire leurs stocks d’armes. Les auteurs analysent les forces et faiblesses des différents textes, l’absence de commission de contrôle pour la convention d’interdiction des armes biologiques, le contrôle basé sur la déclaration de bonne foi pour la convention d’interdiction des armes chimiques mais aussi les difficultés de destruction des stocks existants. La dernière partie de l’ouvrage, qui est une addition au document original, est consacrée aux menaces liées aux progrès des biotechnologies, comme les manipulations génétiques, les recombinaisons, et aux moyens mis en place pour sensibiliser et responsabiliser la communauté des chercheurs vis-à-vis de la dualité de leur travail.
Les auteurs nous proposent une vision complète des questions que posent ces armes et concluent sur la nécessité de rester vigilant. Car si des textes interdisent ces armes, bien des barrières psychologiques, selon eux, sont tombées avec l’avènement du nucléaire comme arme d’ultime recours et l’arme chimique ou biologique a de nouveau un intérêt stratégique. D'autre part, les progrès de la science et l’accès aux connaissances posent le problème de la maîtrise de la prolifération par rapport aux acteurs non étatiques.
Cet ouvrage fouillé, documenté permet d’appréhender tous les aspects des questions soulevées par les armes biologiques et chimiques : leur utilisation, qui les a produit et pourquoi mais aussi où en est-on à présent et quels sont les risques et menaces futurs ?