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L’enjeu mondial. L’environnement
Par François Gemenne - Paris, Presses de Sciences Po, 2015, 300p.
Longtemps, les questions d’environnement ont été tenues en dehors de la sphère des relations internationales, la Terre étant censée être régie par les lois physiques et le monde par les lois politiques. Dans le dernier volume de la collection L’enjeu mondial, publiée aux Presses de Sciences Po, Bruno Latour en appelle à inventer une « gaïapolitique », une politique de la Terre. Dans cette perspective, l’ambition de cet ouvrage collectif est de présenter un large panorama des enjeux et des questions politiques et scientifiques que soulèvent les crises environnementales actuelles.
L’introduction de François Gemenne attribue à deux facteurs l’émergence de l’environnement comme sujet majeur des relations internationales depuis les années 1970. D’une part, les crises environnementales ont changé les rapports entre États, à tel point qu’elles ont fini par intéresser les organisations internationales. D’autre part, la plupart des problèmes environnementaux dépasse aujourd’hui les frontières étatiques, ne pouvant par conséquent trouver de résolution que dans un cadre international. Les relations internationales se voient donc bouleversées à la fois par le développement de nouveaux modes d’action publique et l’émergence de nouveaux acteurs.
L’enjeu mondial consacré à l’environnement s’articule en quatre parties. La première est dédiée aux fondements théoriques et historiques de la réflexion sur l’environnement, qui sont à l’origine des politiques internationales afférentes. Elle aborde ainsi les concepts-clés de « gaïapolitique » ou des biens communs de l’humanité. La deuxième partie analyse les enjeux du partage et de la répartition des ressources naturelles, en soulignant leur aspect éminemment politique, qu’il s’agisse d’eau ou d’hydrocarbures. Les différentes contributions ont le mérite de s’intéresser autant à la raréfaction des ressources et à la compétition qu’elle implique qu’aux nouveaux modes de coopération pour gérer ces ressources. Dans la troisième partie de l’ouvrage, les auteurs étudient la manière dont s’est organisée la coopération internationale pour traiter des questions environnementales, tout en soulignant les limites de cette gouvernance et en proposant des pistes pour la renouveler. Enfin, la dernière partie est consacrée à la question nouvelle des conséquences des crises environnementales pour les sociétés humaines. Les différents contributeurs réfléchissent alors à la manière dont les États peuvent se préparer aux nouveaux enjeux géopolitiques, en matière de défense ou de sécurité humaine, qui émergent à la suite de ces crises.
L’on pourrait reprocher un certain manque d’unité à cet enjeu mondial du fait de la diversité des sujets abordés, des styles et des horizons des auteurs. De fait, l’ouvrage n’est pas tant un volume destiné à être lu d’une traite qu’une anthologie de problématiques inscrites dans un large prisme de disciplines et auxquelles il est possible de se référer de manière indépendante. Les états des lieux de diverses problématiques environnementales – l’eau, l’agriculture, la précarité énergétique, la sécurité environnementale – succèdent aux questions plus conceptuelles, voire philosophiques, qui fournissent des cadres théoriques précieux pour l’analyse – les biens communs, la souveraineté.
L’environnement reste un sujet encore trop peu traité par les internationalistes francophones, et lorsque c’est le cas, il est davantage abordé sous l’angle des politiques publiques que des relations internationales. Alors que les questions climatiques ont envahi l’espace public avec la COP 21, les auteurs contribuent ici à placer l’environnement au cœur des sciences sociales, dans un effort salutaire pour renouveler la pensée de l’« Anthropocène », nouvelle ère géologique dans laquelle les humains seraient la principale force de changement de notre planète.
L’introduction de François Gemenne attribue à deux facteurs l’émergence de l’environnement comme sujet majeur des relations internationales depuis les années 1970. D’une part, les crises environnementales ont changé les rapports entre États, à tel point qu’elles ont fini par intéresser les organisations internationales. D’autre part, la plupart des problèmes environnementaux dépasse aujourd’hui les frontières étatiques, ne pouvant par conséquent trouver de résolution que dans un cadre international. Les relations internationales se voient donc bouleversées à la fois par le développement de nouveaux modes d’action publique et l’émergence de nouveaux acteurs.
L’enjeu mondial consacré à l’environnement s’articule en quatre parties. La première est dédiée aux fondements théoriques et historiques de la réflexion sur l’environnement, qui sont à l’origine des politiques internationales afférentes. Elle aborde ainsi les concepts-clés de « gaïapolitique » ou des biens communs de l’humanité. La deuxième partie analyse les enjeux du partage et de la répartition des ressources naturelles, en soulignant leur aspect éminemment politique, qu’il s’agisse d’eau ou d’hydrocarbures. Les différentes contributions ont le mérite de s’intéresser autant à la raréfaction des ressources et à la compétition qu’elle implique qu’aux nouveaux modes de coopération pour gérer ces ressources. Dans la troisième partie de l’ouvrage, les auteurs étudient la manière dont s’est organisée la coopération internationale pour traiter des questions environnementales, tout en soulignant les limites de cette gouvernance et en proposant des pistes pour la renouveler. Enfin, la dernière partie est consacrée à la question nouvelle des conséquences des crises environnementales pour les sociétés humaines. Les différents contributeurs réfléchissent alors à la manière dont les États peuvent se préparer aux nouveaux enjeux géopolitiques, en matière de défense ou de sécurité humaine, qui émergent à la suite de ces crises.
L’on pourrait reprocher un certain manque d’unité à cet enjeu mondial du fait de la diversité des sujets abordés, des styles et des horizons des auteurs. De fait, l’ouvrage n’est pas tant un volume destiné à être lu d’une traite qu’une anthologie de problématiques inscrites dans un large prisme de disciplines et auxquelles il est possible de se référer de manière indépendante. Les états des lieux de diverses problématiques environnementales – l’eau, l’agriculture, la précarité énergétique, la sécurité environnementale – succèdent aux questions plus conceptuelles, voire philosophiques, qui fournissent des cadres théoriques précieux pour l’analyse – les biens communs, la souveraineté.
L’environnement reste un sujet encore trop peu traité par les internationalistes francophones, et lorsque c’est le cas, il est davantage abordé sous l’angle des politiques publiques que des relations internationales. Alors que les questions climatiques ont envahi l’espace public avec la COP 21, les auteurs contribuent ici à placer l’environnement au cœur des sciences sociales, dans un effort salutaire pour renouveler la pensée de l’« Anthropocène », nouvelle ère géologique dans laquelle les humains seraient la principale force de changement de notre planète.