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Le système politique chinois. Un nouvel équilibre autoritaire
par Jean-Pierre Cabestan - Paris, Presses de Sciences Po, 2014, 708p
La politique chinoise fait l’objet d’un nombre grandissant d’études, témoignant non seulement d’un intérêt croissant pour ce pays, mais aussi d’un meilleur niveau de connaissances le concernant. S’y ajoutent de nombreuses traductions de textes d’intellectuels chinois, désormais accessibles au plus grand nombre. Le temps des récits calqués sur l’idée reçue d’une Chine lointaine et mystérieuse est désormais révolu, et le regretté Simon Leys se réjouirait sans doute de voir la Chine faire ainsi l’objet d’une attention de plus en plus minutieuse, s’éloignant des préjugés et des clichés. Pour autant, les présentations du système politique chinois restent peu nombreuses. C’est à partir de ce constat que Jean-Pierre Cabestan s’est lancé dans la rédaction d’un ouvrage précis, exhaustif et très actualisé, dans l’espoir de combler ce vide.
Le Parti communiste chinois, premier parti de la planète avec 85 millions de membres, domine bien entendu la vie politique du pays. Pour autant, rappelle l’auteur, il ne représente, avec 10 millions de cadres, qu’une portion très limitée de la population, ce qui pourrait avoir pour effet d’en relativiser l’importance. Bien organisé, tentaculaire, il ne contrôle plus uniquement le pouvoir politique, mais s’est implanté avec force dans les entreprises, renforçant ainsi le lien entre secteurs public et privé. Cette adaptation à la réalité d’une Chine tournée vers l’économie de marché, que le parti a su récupérer à son avantage, est sans doute la mutation idéologique la plus réussie mais aussi la plus étonnante à laquelle il a été confronté depuis sa création.
Si le système politique chinois reste, dans sa forme, assez figé, il convient de s’attarder sur l’évolution du régime et les nouveaux rapports de forces au sein des institutions. À cet égard, le sous-titre du livre n’est pas choisi au hasard. Jean-Pierre Cabestan s’efforce, en effet, de démontrer dans quelle mesure l’État-parti – ou parti-État, comme il l’évoque – a considérablement renforcé son autorité, sans pour autant générer de résistances majeures, en grande partie en raison de sa faculté à préserver une croissance solide. L’auteur s’attarde également sur un élément de plus en plus important qui caractérise la vie politique en Chine : la participation populaire, notamment par le biais des blogs et des réseaux sociaux. L’État-parti doit s’adapter à cette nouvelle réalité et s’efforce de tourner à son avantage ce qui pourrait à première vue être perçu comme un possible fossoyeur, à savoir les critiques incessantes contre ceux qui profitent du système, la corruption et les abus de pouvoir. Là encore, si le système n’a pas été modifié, c’est dans la pratique que les dirigeants actuels doivent se montrer habiles et inventifs s’ils souhaitent pérenniser le parti dont ils sont les principaux acteurs.
Les récents événements à Hong-Kong, connus sous le nom de « mouvement des parapluies » et leur possible impact sur la société chinoise font directement écho à ces nouveaux défis auxquels le système politique chinois est confronté : peut-il, à défaut d’une réforme, s’adapter à un environnement différent, à des attentes et mobilisations qui ne sont en rien comparables avec l’ère de Mao Zedong ? Doit-il accepter le principe d’une interprétation différente du système – une référence directe au slogan « un pays, deux systèmes », qui fait aujourd’hui plus que jamais débat ? Et, enfin, peut-il éteindre les feux qui semblent s’allumer contre son caractère immuable, soit par la voie de la répression, soit par celle du dialogue, sans en faire les frais ? Observateur privilégié de la vie politique à Hong-Kong, où il enseigne et dirige un département de science politique, Jean-Pierre Cabestan est aux premières loges pour observer ces défis, qui détermineront l’avenir du Parti communiste chinois, et avec lui de l’ensemble d’un système politique bien organisé, mais qui reste fragile.
Le Parti communiste chinois, premier parti de la planète avec 85 millions de membres, domine bien entendu la vie politique du pays. Pour autant, rappelle l’auteur, il ne représente, avec 10 millions de cadres, qu’une portion très limitée de la population, ce qui pourrait avoir pour effet d’en relativiser l’importance. Bien organisé, tentaculaire, il ne contrôle plus uniquement le pouvoir politique, mais s’est implanté avec force dans les entreprises, renforçant ainsi le lien entre secteurs public et privé. Cette adaptation à la réalité d’une Chine tournée vers l’économie de marché, que le parti a su récupérer à son avantage, est sans doute la mutation idéologique la plus réussie mais aussi la plus étonnante à laquelle il a été confronté depuis sa création.
Si le système politique chinois reste, dans sa forme, assez figé, il convient de s’attarder sur l’évolution du régime et les nouveaux rapports de forces au sein des institutions. À cet égard, le sous-titre du livre n’est pas choisi au hasard. Jean-Pierre Cabestan s’efforce, en effet, de démontrer dans quelle mesure l’État-parti – ou parti-État, comme il l’évoque – a considérablement renforcé son autorité, sans pour autant générer de résistances majeures, en grande partie en raison de sa faculté à préserver une croissance solide. L’auteur s’attarde également sur un élément de plus en plus important qui caractérise la vie politique en Chine : la participation populaire, notamment par le biais des blogs et des réseaux sociaux. L’État-parti doit s’adapter à cette nouvelle réalité et s’efforce de tourner à son avantage ce qui pourrait à première vue être perçu comme un possible fossoyeur, à savoir les critiques incessantes contre ceux qui profitent du système, la corruption et les abus de pouvoir. Là encore, si le système n’a pas été modifié, c’est dans la pratique que les dirigeants actuels doivent se montrer habiles et inventifs s’ils souhaitent pérenniser le parti dont ils sont les principaux acteurs.
Les récents événements à Hong-Kong, connus sous le nom de « mouvement des parapluies » et leur possible impact sur la société chinoise font directement écho à ces nouveaux défis auxquels le système politique chinois est confronté : peut-il, à défaut d’une réforme, s’adapter à un environnement différent, à des attentes et mobilisations qui ne sont en rien comparables avec l’ère de Mao Zedong ? Doit-il accepter le principe d’une interprétation différente du système – une référence directe au slogan « un pays, deux systèmes », qui fait aujourd’hui plus que jamais débat ? Et, enfin, peut-il éteindre les feux qui semblent s’allumer contre son caractère immuable, soit par la voie de la répression, soit par celle du dialogue, sans en faire les frais ? Observateur privilégié de la vie politique à Hong-Kong, où il enseigne et dirige un département de science politique, Jean-Pierre Cabestan est aux premières loges pour observer ces défis, qui détermineront l’avenir du Parti communiste chinois, et avec lui de l’ensemble d’un système politique bien organisé, mais qui reste fragile.