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Le nouveau concept de l’OTAN et la défense de l’Europe
Catherine Grandperrier Paris, LHarmattan, 2011, 58 p.
Lorsque l’on voit Le nouveau concept de l’OTAN et la défense de l’Europe de Catherine Grandperrier pour la première fois, on se demande si son illustration de couverture est révélatrice du contenu de l’ouvrage. Doit-on voir dans une photo de la planète Terre centrée sur l’Amérique du Nord un parallèle entre nouveau concept otanien, défense européenne et mainmise états-unienne ?
C’est bien là la problématique soulevée par l’auteure : la place d’une défense européenne autonome face à un système otanien rénové, et une alliance renouvelée. Rappelons que vingt-et-un des vingts-sept États membres de l’Union européenne sont également membres de l’Alliance atlantique.
Malheureusement, C. Grandperrier ne fait ici qu’effleurer du bout des doigts des problématiques qu’il serait bon de développer sur plus de 58 pages. C’est par exemple le cas du concept d’approche globale des conflits, évoqué en introduction de l’ouvrage et désormais inhérent au concept stratégique de l’OTAN. Il n’est plus étudié par la suite, alors même qu’il vient heurter le fonctionnement de la Politique européenne de sécurité et de défense commune (PSDC), laquelle propose déjà des scénarii civilo-militaires de gestion de crise. Dans un tel contexte, les États membres des deux organisations se retrouvent dans une position délicate puisque l’UE et l’OTAN se trouvent potentiellement en concurrence dans l’approche civilo-militaire des crises.
Le nouveau concept stratégique de l’OTAN, validé lors du Sommet de Lisbonne le 2 novembre 2010 et définissant les grandes orientations stratégiques de l’Alliance atlantique pour les dix années à venir, pose également de nouvelles questions, notamment à propos de la défense anti-missile. Ayant à son actif un ouvrage sur le désarmement et la défense nucléaire, C. Grandperrier revient sur les problématiques que soulève un tel dispositif en termes d’indépendance stratégique et de doctrine de dissuasion nucléaire. Son existence même relance le débat sur les relations entre l’OTAN et la Russie. Si l’auteure se montre optimiste sur de telles perspectives, il faut toutefois rappeler que la Russie voit d’un mauvais œil l’implantation de ce dispositif dans une zone qu’elle considère sinon comme son « étranger proche », au moins comme son espace voisin.
Le traité franco-britannique fait également l’objet d’un chapitre. Si cet accord de défense bilatéral concerne en effet la défense de l’Europe, en ce que les deux pays représentent à eux seuls la moitié des dépenses européennes de défense, il semble bien aventureux d’y voir avec l’auteure « le précurseur d’une défense européenne autonome ». Il est néanmoins vrai que les restrictions budgétaires en Europe laissent espérer une augmentation des mutualisations capacitaires entre États européens.
Enfin, à l’heure où la crise économique et l’intervention en Libye ravivent le débat sur l’européanisation des politiques de défense nationales et sur une éventuelle « Europe de la défense », il est regrettable de ne pas voir de bibliographie autre que la liste de sites internet d’organisations internationales ou d’instituts de recherche nationaux, laquelle permettrait au lecteur d’approfondir ses connaissances en la matière.
Si Le nouveau concept de l’OTAN et la défense de l’Europe propose de bonnes bases pour comprendre le fonctionnement de l’Alliance atlantique et de la PSDC, il ne permet pas un développement en profondeur d’une problématique aussi complexe que celle de l’autonomie stratégique européenne et de ses rapports à l’OTAN.