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Le grand livre de la Chine
par Claude Chancel et Libin Liu Le Grix - Paris, Eyrolles, 2013, 266 p.
La montée en puissance de la Chine n’interpelle pas que les cercles d’économistes et les milieux stratégiques inquiets des vertiges de sa croissance et de son budget de défense en hausse. Le pays le plus peuplé de la planète, fort d’une civilisation plurimillénaire et d’une culture d’une richesse sans doute inégalée, voit son importance croître sur tous les fronts de la scène internationale. La Chine est, pour reprendre les mots de François Jullien, « une vieille civilisation en passe de bouleverser l’équilibre mondial
des rapports de forces ». C’est ce constat qui justifie sans doute ce livre ambitieux, séparé en trois grands ensembles – et six parties – couvrant histoire et géographie, civilisation et pensée, économie et géopolitique. Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur la Chine contemporaine, Claude Chancel, accompagné ici de Libin Liu Le Grix, se prête à cet exercice difficile, mais non moins précieux.
Si les deux premières parties se contentent de dresser un tableau assez large des généralités historiques et géographiques de la Chine en prenant soin d’insister sur l’importance du local, les troisième et quatrième parties, consacrées à la civilisation et à la pensée chinoises, constituent véritablement le cœur de l’ouvrage. Les auteurs y abordent de manière complète et didactique la philosophie chinoise – on regrette toutefois l’absence de réflexion sur le néoconfucianisme et son renouveau dans la Chine contemporaine –, la médecine, le système éducatif, la place des femmes dans la société, les questions liées à la démocratie et tant d’autres caractéristiques trop souvent ignorées dans les représentations de la Chine, notamment sur les plans culturel et social. Les deux dernières parties, plus actuelles, n’en demeurent pas moins essentielles et cherchent à répondre à la question que tous se posent : « à quoi pourrait ressembler un monde dominé par la Chine comme première puissance ? » Évitant les clichés et les fantasmes, les auteurs identifient les défis mais aussi les opportunités qui se présentent pour la Chine, et leurs impacts sur le reste du monde, que ce soit sur les questions économiques ou sur un plan politico-stratégique. S’ajoute, en outre, en toile de fond, une interrogation sur le sens à donner au consensus de Pékin, nié par les dirigeants chinois mais de plus en plus fréquemment mentionné dans les cercles académiques, qui pourrait modifier les équilibres économiques, sociaux et politiques internationaux.
On regrette parfois une documentation trop succincte, et certains passages mériteraient d’être développés, notamment les réflexions sur les débats politiques à l’intérieur du Parti, les défis auxquels la Chine fait face ou encore la manière dont elle conçoit son rapport au monde. Mais, à la décharge des auteurs, il est difficile de présenter de manière exhaustive et équilibrée tant de sujets, et cette contribution est à considérer dès lors comme une invitation à explorer la multitude de problématiques que la montée en puissance de la Chine soulève. En attendant, voilà un livre à mettre entre les mains des étudiants et, par extension, de tous ceux qui souhaitent se familiariser un peu plus avec la Chine et ses multiples facettes.
des rapports de forces ». C’est ce constat qui justifie sans doute ce livre ambitieux, séparé en trois grands ensembles – et six parties – couvrant histoire et géographie, civilisation et pensée, économie et géopolitique. Déjà auteur de plusieurs ouvrages sur la Chine contemporaine, Claude Chancel, accompagné ici de Libin Liu Le Grix, se prête à cet exercice difficile, mais non moins précieux.
Si les deux premières parties se contentent de dresser un tableau assez large des généralités historiques et géographiques de la Chine en prenant soin d’insister sur l’importance du local, les troisième et quatrième parties, consacrées à la civilisation et à la pensée chinoises, constituent véritablement le cœur de l’ouvrage. Les auteurs y abordent de manière complète et didactique la philosophie chinoise – on regrette toutefois l’absence de réflexion sur le néoconfucianisme et son renouveau dans la Chine contemporaine –, la médecine, le système éducatif, la place des femmes dans la société, les questions liées à la démocratie et tant d’autres caractéristiques trop souvent ignorées dans les représentations de la Chine, notamment sur les plans culturel et social. Les deux dernières parties, plus actuelles, n’en demeurent pas moins essentielles et cherchent à répondre à la question que tous se posent : « à quoi pourrait ressembler un monde dominé par la Chine comme première puissance ? » Évitant les clichés et les fantasmes, les auteurs identifient les défis mais aussi les opportunités qui se présentent pour la Chine, et leurs impacts sur le reste du monde, que ce soit sur les questions économiques ou sur un plan politico-stratégique. S’ajoute, en outre, en toile de fond, une interrogation sur le sens à donner au consensus de Pékin, nié par les dirigeants chinois mais de plus en plus fréquemment mentionné dans les cercles académiques, qui pourrait modifier les équilibres économiques, sociaux et politiques internationaux.
On regrette parfois une documentation trop succincte, et certains passages mériteraient d’être développés, notamment les réflexions sur les débats politiques à l’intérieur du Parti, les défis auxquels la Chine fait face ou encore la manière dont elle conçoit son rapport au monde. Mais, à la décharge des auteurs, il est difficile de présenter de manière exhaustive et équilibrée tant de sujets, et cette contribution est à considérer dès lors comme une invitation à explorer la multitude de problématiques que la montée en puissance de la Chine soulève. En attendant, voilà un livre à mettre entre les mains des étudiants et, par extension, de tous ceux qui souhaitent se familiariser un peu plus avec la Chine et ses multiples facettes.