Le fascisme : un encombrant retour ?
Michela Marzano Paris, Larousse, 2009, 184 p.
Michela Marzano, chargée de recherches au CNRS, plus précisément au Centre de recherche Sens, éthique et société, publie chez Larousse dans la collection « Philosopher » un essai intitulé Le Fascisme : un encombrant retour ? Cet ouvrage est construit autour d’une question centrale : le fascisme a-t-il disparu en 1945 ou certains éléments survivent-ils encore aujourd’hui dans les démocraties occidentales ?
Pour répondre à cette question, l’auteure divise son ouvrage en deux grandes parties. Dans la première d’entre elles, Michela Marzano traite de ce qu’a été le fascisme dans l’Italie de Mussolini, depuis l’engagement des intellectuels jusqu’à la construction des mythes et à l’articulation de la propagande en passant par la place de la femme. L’auteure démontre que le fascisme de Mussolini recèle de nombreuses contradictions et que son idéologie n’est pas un modèle de cohérence. Anti-libéral et nationaliste, révolutionnaire et réactionnaire, moderniste et traditionaliste, le fascisme apparaît comme une idéologie de l’amalgame. Si les thèmes mentionnés ont été abordés dans d’innombrables ouvrages, la formation de Michel Marzano, notamment en philosophie à l’École normale supérieure de Pise, lui permet de proposer un angle singulier et le lecteur s’engage sur des pistes de réflexions qui ne sont pas offertes par une approche strictement historique. Et c’est ce qui fait tout l’intérêt de l’ouvrage. Contrairement à ce que peut laisser penser la très classique table des matières, il ne s’agit pas d’un énième ouvrage sur le fascisme mais d’un essai original qui a notamment le mérite d’inviter le lecteur à s’interroger sur sa propre perception du fascisme.
Même si des liens entre passé et présent sont tissés dans la première partie, c’est incontestablement dans la seconde que Michela Marzano confronte le fascisme mussolinien avec le présent sociopolitique italien. L’auteure trouve dans l’exercice berlusconien du pouvoir des éléments qui ne sont pas sans rappeler le « fascisme historique ». Elle analyse l’arrivée de Silvio Berlusconi sur la scène politique au début des années 1990 et y voit le retour du leader charismatique, mis en parallèle avec la figure du Duce. La rhétorique employée par Berlusconi, l’utilisation des mass medias et le rôle de l’État sont autant d’éléments que Michela Marzano rapproche du fascisme de Mussolini. Dans les dernières pages, la chercheuse du CNRS ébauche un autre rapprochement, cette fois-ci entre Silvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy qui tous deux ont recours à une « mise en scène de leur existence pour toucher les électeurs de façon intime, pour susciter leurs émotions et mobiliser leurs passions ». Pour conclure, l’auteure fait référence aux processus globaux de diabolisation des étrangers et, si elle voit un signe très positif dans l’élection de Barack Obama aux États-Unis, elle semble plus pessimiste en ce qui concerne le vieux continent.