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Le boycott
par Ingrid Nyströme et Patricia Vendramin - Paris, Presses de Sciences Po, Contester, 2015, 135p.
Appel au boycott des Jeux olympiques de Sotchi, de produits français (vin, frites, fromage) lors de la seconde guerre du Golfe, « buycott » (défini par Monroe H. Freedman comme « les efforts effectués par des consommateurs activistes pour amener à acheter les produits ou services de sociétés sélectionnées, de façon à récompenser ces firmes par leur comportement conforme aux buts des activistes ») , BDS (boycott, désinvestissement, sanctions), etc. : autant de formes que peut revêtir ce type de sanction qui se veut exclusive dans une société inclusive. Le boycott peut, dès lors, être considéré comme une punition, visant à ostraciser, à mettre au ban un individu, un événement, une société. Dans ce bref mais essentiel ouvrage, Ingrid Nyström, spécialisée en analyse des politiques économiques et sociales, et Patricia Vendramin, directrice de recherche à la Fondation Travail-Université et professeur à l’Université catholique de Louvain, soulèvent les principales questions qui lui sont liées : comment, pourquoi, dans quel contexte et avec quelle efficacité le boycott est-il mis en œuvre ?
Défini comme « une concentration systématique d’actions individuelles et volontaires conduisant au refus d’entretenir une relation (commerciale, politique, culturelle, sportive, diplomatique ou encore académique) avec un tiers (collectivité, entreprise, État) en vue d’exercer sur lui une pression » (p.10), le boycott voit le jour dès l’Antiquité en Grèce, puis devient un véritable outil de pression en Irlande en 1880 par l’action collective menée à l’encontre de Charles Boycott, y trouvant alors son nom par antonomase.
Au gré des chapitres, les auteurs reviennent sur ses mécanismes de mise en œuvre et sur les raisons qui le commandent. Plus qu’une simple analyse politique de cette forme de sanction, l’ouvrage en propose une véritable lecture transversale, abordant ses aspects sociologiques, économiques, voire statistiques. À l’aide d’un travail de synthèse, I. Nyström et P. Vendramin mettent en évidence les différentes typologies du boycott : boycott instrumental / expressif (théorie de M. H. Freedman), boycott consumériste / idéologique et politiques, boycott direct ou indirect. Au-delà, elles dressent même un profil du « boycotteur » type, qu’elles définissent comme jeune, éduqué, aisé et politiquement plutôt de gauche.
D’un point de vue plus politique, l’ouvrage souligne l’extrême hétérogénéité de ces initiatives, qui peuvent être considérées comme l’« arme du pauvre » ou comme un outil de pression utilisé par des activistes, des organisations non gouvernementales (ONG), des individus ou même des structures politiques. Enfin, les auteurs s’interrogent sur le rôle et la place du boycott dans les sociétés postindustrielles, et dressent un parallèle avec les grèves dans le milieu ouvrier à l’ère industrielle. Rappelant son actualité à travers de nombreux exemples, elles considèrent ainsi que « si les organisations syndicales s’associent aux ONG, et que des initiatives citoyennes rejoignent les mots d’ordre des organisations traditionnelles, alors de nouvelles pratiques se feront jour, qui tenteront de rééquilibrer les pouvoirs dans une société transnationale » (p. 122).
Si cet ouvrage peut souffrir de quelques répétitions – volontaires, destinées à ancrer le raisonnement, ou simples maladresses –, il apporte un éclairage complet sur les formes de boycott, ses utilisations, ses conséquences. En dépit de sa taille relativement réduite, il contribue à faire naître et à alimenter le débat sur une forme de sanction, parfois davantage perçue comme une punition.
Défini comme « une concentration systématique d’actions individuelles et volontaires conduisant au refus d’entretenir une relation (commerciale, politique, culturelle, sportive, diplomatique ou encore académique) avec un tiers (collectivité, entreprise, État) en vue d’exercer sur lui une pression » (p.10), le boycott voit le jour dès l’Antiquité en Grèce, puis devient un véritable outil de pression en Irlande en 1880 par l’action collective menée à l’encontre de Charles Boycott, y trouvant alors son nom par antonomase.
Au gré des chapitres, les auteurs reviennent sur ses mécanismes de mise en œuvre et sur les raisons qui le commandent. Plus qu’une simple analyse politique de cette forme de sanction, l’ouvrage en propose une véritable lecture transversale, abordant ses aspects sociologiques, économiques, voire statistiques. À l’aide d’un travail de synthèse, I. Nyström et P. Vendramin mettent en évidence les différentes typologies du boycott : boycott instrumental / expressif (théorie de M. H. Freedman), boycott consumériste / idéologique et politiques, boycott direct ou indirect. Au-delà, elles dressent même un profil du « boycotteur » type, qu’elles définissent comme jeune, éduqué, aisé et politiquement plutôt de gauche.
D’un point de vue plus politique, l’ouvrage souligne l’extrême hétérogénéité de ces initiatives, qui peuvent être considérées comme l’« arme du pauvre » ou comme un outil de pression utilisé par des activistes, des organisations non gouvernementales (ONG), des individus ou même des structures politiques. Enfin, les auteurs s’interrogent sur le rôle et la place du boycott dans les sociétés postindustrielles, et dressent un parallèle avec les grèves dans le milieu ouvrier à l’ère industrielle. Rappelant son actualité à travers de nombreux exemples, elles considèrent ainsi que « si les organisations syndicales s’associent aux ONG, et que des initiatives citoyennes rejoignent les mots d’ordre des organisations traditionnelles, alors de nouvelles pratiques se feront jour, qui tenteront de rééquilibrer les pouvoirs dans une société transnationale » (p. 122).
Si cet ouvrage peut souffrir de quelques répétitions – volontaires, destinées à ancrer le raisonnement, ou simples maladresses –, il apporte un éclairage complet sur les formes de boycott, ses utilisations, ses conséquences. En dépit de sa taille relativement réduite, il contribue à faire naître et à alimenter le débat sur une forme de sanction, parfois davantage perçue comme une punition.