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L’Arctique. La nouvelle frontière
par Michel Foucher (dir.) - Paris, CNRS Editions, 2014, 180p.
Cet ouvrage présente de manière pertinente les enjeux arctiques, qu’ils soient stratégiques, économiques, environnementaux, ou qu’ils touchent aux questions de définition et de souveraineté. L’accent est mis sur le caractère global et symbolique de l’Arctique, ainsi que sur des problématiques très peu exposées dans les médias, telles que la pose de câbles en fibre optique. Pour répondre à la complexité arctique, les auteurs réunis, spécialistes dans diverses disciplines, analysent la région autour de trois thèmes principaux que sont le droit international, la gouvernance et l’environnement.
Les questions juridiques sont abordées dès le premier chapitre, le plus long de l’ouvrage, touchant aux espaces et aux ressources. Le droit international est central dans la région, d’autant plus que l’Arctique est bien un océan, et non pas une mer semi-fermée. Hélène De Pooter identifie les espaces en présence et souligne la centralité de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Hormis l’île Hans, les différends persistent sur les délimitations maritimes, dont le risque de chevauchement des demandes d’extension des zones économiques exclusives du Canada, du Danemark et de la Russie. Les États-Unis, par l’opposition du Sénat, n’ont pas ratifié ce traité et ne sont donc pas liés par ses dispositions, parmi lesquelles les articles 76, concernant le plateau continental, et 234, utilisé par le Canada et la Russie pour maîtriser l’accès aux routes maritimes arctiques (Jean-Paul Pancracio).
En ce qui concerne la gouvernance, même si la région est bien imbriquée dans une coopération extra-arctique et que des relations infra-arctiques sont développées par ailleurs, une coopération aboutie strictement arctique est difficile à mettre en place (Antoine Dubreuil). Laurent Mayet estime que le scénario le plus probable est le développement d’une coopération « plus réduite et plus influencée par le nationalisme. Au lieu d’une gouvernance multilatérale, la coordination s’effectue[rait] par le biais d’accords bilatéraux » (p. 145). Le Conseil de l’Arctique concentre ces difficultés, avec une intégration limitée des États observateurs et des sujets-clés qui ne sont pas abordés. Ces ambiguïtés des positions des États concernés sont relevées tout au long de l’ouvrage. Si l’Arctique est un enjeu vital pour la Russie, qui « ne lâchera pas la main » (p. 89), Georges-Henri Soutou remarque que la politique de pacification historique envers les États scandinaves semble ainsi s’être étiolée. Olga Alexeeva et Frédéric Lasserre notent, pour leur part, que si la Chine n’affiche pas de politique arctique officielle, son intérêt pour la région n’est pas moins important, notamment d’un point de vue économique, au point d’envisager de « devenir le porte-parole et le défenseur des intérêts des pays non-arctiques » (p. 128).
Le dernier thème analysé est l’environnement. Les opportunités ouvertes par le changement climatique sont nombreuses mais entraînent aussi des risques et des effets potentiellement dommageables. Cyril Maré souligne notamment les dangers liés au méthane, qui peut accentuer le phénomène d’albédo. Au-delà de l’impact sur la faune et la flore, les modes de vie des peuples autochtones sont également perturbés.
Seul un multilatéralisme ouvert pourra apporter des solutions aux enjeux arctiques, sans pour autant remettre en cause la centralité des États riverains. L’Arctique pourrait ainsi devenir un « cadre exemplaire d’une entente entre les nations » (p. 172), visant à répondre aux nombreux défis présents (Patrick Hébrard).
Cet ouvrage constitue au final une très bonne introduction aux problématiques arctiques, qui sont encore trop peu investies par la recherche en France. Sa particularité réside dans sa volonté de traiter de la région de manière pluri-thématique et pluridisciplinaire, tout en restant concis. Il donne ainsi des bases solides pour approfondir ses connaissances sur l’Arctique.
Les questions juridiques sont abordées dès le premier chapitre, le plus long de l’ouvrage, touchant aux espaces et aux ressources. Le droit international est central dans la région, d’autant plus que l’Arctique est bien un océan, et non pas une mer semi-fermée. Hélène De Pooter identifie les espaces en présence et souligne la centralité de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. Hormis l’île Hans, les différends persistent sur les délimitations maritimes, dont le risque de chevauchement des demandes d’extension des zones économiques exclusives du Canada, du Danemark et de la Russie. Les États-Unis, par l’opposition du Sénat, n’ont pas ratifié ce traité et ne sont donc pas liés par ses dispositions, parmi lesquelles les articles 76, concernant le plateau continental, et 234, utilisé par le Canada et la Russie pour maîtriser l’accès aux routes maritimes arctiques (Jean-Paul Pancracio).
En ce qui concerne la gouvernance, même si la région est bien imbriquée dans une coopération extra-arctique et que des relations infra-arctiques sont développées par ailleurs, une coopération aboutie strictement arctique est difficile à mettre en place (Antoine Dubreuil). Laurent Mayet estime que le scénario le plus probable est le développement d’une coopération « plus réduite et plus influencée par le nationalisme. Au lieu d’une gouvernance multilatérale, la coordination s’effectue[rait] par le biais d’accords bilatéraux » (p. 145). Le Conseil de l’Arctique concentre ces difficultés, avec une intégration limitée des États observateurs et des sujets-clés qui ne sont pas abordés. Ces ambiguïtés des positions des États concernés sont relevées tout au long de l’ouvrage. Si l’Arctique est un enjeu vital pour la Russie, qui « ne lâchera pas la main » (p. 89), Georges-Henri Soutou remarque que la politique de pacification historique envers les États scandinaves semble ainsi s’être étiolée. Olga Alexeeva et Frédéric Lasserre notent, pour leur part, que si la Chine n’affiche pas de politique arctique officielle, son intérêt pour la région n’est pas moins important, notamment d’un point de vue économique, au point d’envisager de « devenir le porte-parole et le défenseur des intérêts des pays non-arctiques » (p. 128).
Le dernier thème analysé est l’environnement. Les opportunités ouvertes par le changement climatique sont nombreuses mais entraînent aussi des risques et des effets potentiellement dommageables. Cyril Maré souligne notamment les dangers liés au méthane, qui peut accentuer le phénomène d’albédo. Au-delà de l’impact sur la faune et la flore, les modes de vie des peuples autochtones sont également perturbés.
Seul un multilatéralisme ouvert pourra apporter des solutions aux enjeux arctiques, sans pour autant remettre en cause la centralité des États riverains. L’Arctique pourrait ainsi devenir un « cadre exemplaire d’une entente entre les nations » (p. 172), visant à répondre aux nombreux défis présents (Patrick Hébrard).
Cet ouvrage constitue au final une très bonne introduction aux problématiques arctiques, qui sont encore trop peu investies par la recherche en France. Sa particularité réside dans sa volonté de traiter de la région de manière pluri-thématique et pluridisciplinaire, tout en restant concis. Il donne ainsi des bases solides pour approfondir ses connaissances sur l’Arctique.