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L’appel au pardon : des Turcs s’adressent aux Arméniens
Cengiz Aktar Paris, CNRS éditions, 2010, 77 p.
Le 15 décembre 2008, l’universitaire Cengiz Aktar et 200 représentants de la société civile turque lançaient un appel au pardon adressé au peuple arménien : « Ma conscience ne peut accepter que l’on reste indifférent à la Grande Catastrophe que les Arméniens ottomans ont subie en 1915, et qu’on la nie. Je rejette cette injustice et, pour ma part, je partage les sentiments et les peines de mes frères arméniens et je leur demande pardon ». Quelques mois plus tard, plus de 30.000 personnes avaient signé cet appel et cette initiative citoyenne, relevant de la conscience individuelle, est devenue un acte de mémoire collective. Aux yeux de Cengiz Aktar, cet appel a ainsi « ouvert une brèche dans le mur de la négation que l’on ne pourra pas refermer ». Depuis 1915, le gouvernement turc a en effet toujours refusé de reconnaître ce que l’on qualifie généralement de « génocide arménien », alors que 26 000 ouvrages publiés hors de Turquie relatent de manière détaillée les événements de cette période. L’auteur rappelle que c’est la perspective de l’adhésion à l’Union européenne qui a permis cette remise en question. Dans cette publication, il explique les raisons de son action, ainsi que les réactions positives ou négatives à cette initiative. Il témoigne de la réaction immédiate des autorités turques, qui est pourtant restée mesurée selon lui. Il rapporte les nombreux soutiens et la réception de cet appel par le peuple arménien. Il évoque également les nombreuses contestations à cette initiative, et en détaille le fondement. L’auteur rappelle également les enjeux de cette reconnaissance pour le gouvernement turc, et ses conséquences sur la détermination des frontières ou la nécessaire indemnisation des familles des victimes.