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L’Afghanistan en transition. Une approche politique
par Ahmad Mahjoor - Paris, L’Harmattan, 2013, 256 p.
Ahmad Mahjoor, diplômé en sociologie politique en France et expert en évaluation de politiques publiques en Afghanistan, propose une analyse de la situation politique du pays depuis 2001. Le premier chapitre rappelle le rôle géopolitique de l’Afghanistan au cours de l’histoire, notamment à partir du coup d’État de 1978 et de l’invasion soviétique l’année suivante. Les intérêts géopolitiques divergents des puissances internationales et régionales ont conduit à la formation d’alliances internationales privilégiant leurs propres intérêts, ce qui a largement contribué à l’effondrement de la structure étatique du pays. Les principales problématiques de la société afghane sont également abordées, notamment l’importance des logiques tribales ainsi que la contradiction entre tradition et modernité.
Trois chapitres traitent spécifiquement des causes et du déroulement de l’intervention américaine. Du fait de la décision rapide d’intervenir après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis n’avaient pas une bonne connaissance du terrain. De plus, les objectifs de l’intervention ainsi que la stratégie n’ont pas été clairement définis et demeuraient abstraits. Même si la résolution 1373 des Nations unies et la formation d’une vaste coalition ont permis de légitimer l’intervention militaire, Washington a imposé ses conditions d’intervention à ses alliés. La diversité des acteurs a cependant rapidement fait apparaître un manque de cohésion au sein des troupes. Selon l’auteur, une stratégie de reconstruction des institutions étatiques et de l’économie aurait permis une meilleure pacification du pays, alors que le contexte sécuritaire s’est fortement dégradé depuis 2005.
Les trois derniers chapitres mettent en lumière les difficultés d’instauration de la paix et de la sécurité, condition préalable, selon l’auteur, à toute reconstruction de l’État, ce qui explique l’échec des tentatives dans ce domaine jusqu’à présent. Les États-Unis ont constaté l’impossibilité d’instaurer la démocratie par les armes malgré l’envoi de renforts en 2008 et ont admis avoir abandonné cet objectif dont la stratégie était imprécise. La conférence de Bonn avait présenté les fondements d’une reconstruction de l’État mais son manque de légitimité, du fait de l’absence d’acteurs défavorables à l’intervention militaire, a conduit à une répartition inégalitaire du pouvoir sur des bases ethniques et confessionnelles et à une augmentation considérable de la corruption.
D’autres facteurs, comme les lacunes présentes dans la Constitution de 2004, les fraudes massives lors des élections présidentielles de 2005 et 2009 et la mauvaise gestion de l’aide internationale ont provoqué chez les Afghans une forte désillusion envers les élites au pouvoir. Cette crise de confiance généralisée entre les différents acteurs en présence reste un obstacle supplémentaire à la mise en place d’une stratégie de développement viable.
La plus grande réussite en matière de développement est l’augmentation du taux de scolarisation, notamment celui des filles. L’« afghanisation » doit être horizontale et passer par un processus de réconciliation nationale, aujourd’hui embryonnaire, ce qui implique l’instauration d’un système judiciaire transitoire. En couvrant les principales problématiques afghanes de la dernière décennie, l’ouvrage permet une meilleure compréhension du contexte politique, à la veille d’échéances électorales et du retrait des troupes américaines et de la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS).
Trois chapitres traitent spécifiquement des causes et du déroulement de l’intervention américaine. Du fait de la décision rapide d’intervenir après les attentats du 11 septembre 2001, les États-Unis n’avaient pas une bonne connaissance du terrain. De plus, les objectifs de l’intervention ainsi que la stratégie n’ont pas été clairement définis et demeuraient abstraits. Même si la résolution 1373 des Nations unies et la formation d’une vaste coalition ont permis de légitimer l’intervention militaire, Washington a imposé ses conditions d’intervention à ses alliés. La diversité des acteurs a cependant rapidement fait apparaître un manque de cohésion au sein des troupes. Selon l’auteur, une stratégie de reconstruction des institutions étatiques et de l’économie aurait permis une meilleure pacification du pays, alors que le contexte sécuritaire s’est fortement dégradé depuis 2005.
Les trois derniers chapitres mettent en lumière les difficultés d’instauration de la paix et de la sécurité, condition préalable, selon l’auteur, à toute reconstruction de l’État, ce qui explique l’échec des tentatives dans ce domaine jusqu’à présent. Les États-Unis ont constaté l’impossibilité d’instaurer la démocratie par les armes malgré l’envoi de renforts en 2008 et ont admis avoir abandonné cet objectif dont la stratégie était imprécise. La conférence de Bonn avait présenté les fondements d’une reconstruction de l’État mais son manque de légitimité, du fait de l’absence d’acteurs défavorables à l’intervention militaire, a conduit à une répartition inégalitaire du pouvoir sur des bases ethniques et confessionnelles et à une augmentation considérable de la corruption.
D’autres facteurs, comme les lacunes présentes dans la Constitution de 2004, les fraudes massives lors des élections présidentielles de 2005 et 2009 et la mauvaise gestion de l’aide internationale ont provoqué chez les Afghans une forte désillusion envers les élites au pouvoir. Cette crise de confiance généralisée entre les différents acteurs en présence reste un obstacle supplémentaire à la mise en place d’une stratégie de développement viable.
La plus grande réussite en matière de développement est l’augmentation du taux de scolarisation, notamment celui des filles. L’« afghanisation » doit être horizontale et passer par un processus de réconciliation nationale, aujourd’hui embryonnaire, ce qui implique l’instauration d’un système judiciaire transitoire. En couvrant les principales problématiques afghanes de la dernière décennie, l’ouvrage permet une meilleure compréhension du contexte politique, à la veille d’échéances électorales et du retrait des troupes américaines et de la Force internationale d’assistance et de sécurité (FIAS).