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La société écologique et ses ennemis. Pour une histoire alternative de l’émancipation
Par Serge Audier - Paris, La Découverte, 2017, 742p.
Serge Audier présente dans son ouvrage une approche philosophique des débats au sein de la gauche – française et internationale – concernant l’écologie, et tout particulièrement la « société écologique ». L’auteur définit cette dernière comme « une société qui intègre le plus possible, dans l’ensemble de son fonctionnement, l’impératif d’un respect de la “nature” et de la biodiversité sur le très long terme au nombre de ses objectifs et de ses valeurs cardinales en plus de la liberté, de l’égalité et de la solidarité sociale » (p. 22). Bien que ce concept existe de longue date, son utilisation ne s’est répandue que relativement tard, à partir des années 1970. Son intérêt pour l’analyse de la vie en société vient notamment du fait qu’il permet de dépasser l’opposition traditionnelle entre l’homme et la nature, selon laquelle le premier est soit vu comme devant dominer la seconde, soit comme représentant son principal facteur nocif.
En suivant les trois principales dichotomies qui se trouvent généralement au cœur des débats autour de la société écologique, à savoir les clivages entre « société ouverte » et « société fermée », entre Lumières et romantiques, et finalement entre « critique sociale » et « critique artiste » (p. 75), S. Audier démontre les origines et les enjeux liés à ce concept. La méthode de l’ouvrage se veut avant tout celle d’une « historie intellectuelle et philosophie » (p. 77). Il s’agit donc moins de retracer les différentes évolutions en matière de conventions et négociations internationales sur le changement climatique et les conséquences de celui-ci pour les sociétés humaines, que d’identifier les questions de fond liées à ces sujets – et ce, notamment pour les mouvements de la gauche politique. En effet, l’écologie et le modèle d’une société écologique ont pu se trouver rejetés par la gauche politique, notamment lorsqu’ils ont été rapprochés d’auteurs défendant également des théories fascistes et nazies.
Quand bien même l’auteur attire l’attention sur le fait que toute approche réactionnaire de l’écologie ne peut perdurer dans le temps, car elle exclut souvent les plus touchés par les conséquences de l’inaction, à savoir les plus démunis, il accentue également les différents manquements de l’action des gauches pour faire face aux impacts du progrès technique sur l’environnement (p. 733). Ainsi caractérise-t-il le progrès technique comme « se situ[ant] dans le sillage d’autres recherches qui pourraient presque toutes se déchiffrer sous l’angle suivant : les promesses, les défaites et les occasions manquées de la gauche » (pp. 79-80).
Riche d’une analyse profonde et poussée de différents auteurs, l’ouvrage de S. Audier offre une perspective détaillée pour qui s’intéresse à l’histoire philosophique de l’écologie et des différents modèles sociétaux qu’elle a pu inspirer, tout en permettant de dépasser les trois grandes dichotomies mentionnées ci-dessus.
En suivant les trois principales dichotomies qui se trouvent généralement au cœur des débats autour de la société écologique, à savoir les clivages entre « société ouverte » et « société fermée », entre Lumières et romantiques, et finalement entre « critique sociale » et « critique artiste » (p. 75), S. Audier démontre les origines et les enjeux liés à ce concept. La méthode de l’ouvrage se veut avant tout celle d’une « historie intellectuelle et philosophie » (p. 77). Il s’agit donc moins de retracer les différentes évolutions en matière de conventions et négociations internationales sur le changement climatique et les conséquences de celui-ci pour les sociétés humaines, que d’identifier les questions de fond liées à ces sujets – et ce, notamment pour les mouvements de la gauche politique. En effet, l’écologie et le modèle d’une société écologique ont pu se trouver rejetés par la gauche politique, notamment lorsqu’ils ont été rapprochés d’auteurs défendant également des théories fascistes et nazies.
Quand bien même l’auteur attire l’attention sur le fait que toute approche réactionnaire de l’écologie ne peut perdurer dans le temps, car elle exclut souvent les plus touchés par les conséquences de l’inaction, à savoir les plus démunis, il accentue également les différents manquements de l’action des gauches pour faire face aux impacts du progrès technique sur l’environnement (p. 733). Ainsi caractérise-t-il le progrès technique comme « se situ[ant] dans le sillage d’autres recherches qui pourraient presque toutes se déchiffrer sous l’angle suivant : les promesses, les défaites et les occasions manquées de la gauche » (pp. 79-80).
Riche d’une analyse profonde et poussée de différents auteurs, l’ouvrage de S. Audier offre une perspective détaillée pour qui s’intéresse à l’histoire philosophique de l’écologie et des différents modèles sociétaux qu’elle a pu inspirer, tout en permettant de dépasser les trois grandes dichotomies mentionnées ci-dessus.