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La puissance américaine à l’épreuve / Politique Américaine n°19.
François De Chantal LHarmattan, Paris, 2012, 167 p.
Le dernier numéro de la revue spécialisée Politique Américaine dresse un état des lieux de la puissance américaine à quelques mois de l’élection présidentielle de novembre 2012. Tandis que s’achève une décennie de guerres qui a dégradé l’image des États-Unis dans le monde, sept enseignants-chercheurs se penchent sur l’évolution de la puissance américaine, au travers des concepts d’unilatéralisme, de hard power, de soft power et de smart power, qui ont caractérisé les relations extérieures des États-Unis au cours des vingt dernières années, ainsi que leurs effets à plus ou moins long terme.
Assez classiquement, la revue se structure autour d’un éditorial complet, exposant les raisons de la thématique choisie, cernant les principaux enjeux et présentant de façon synthétique les conclusions des auteurs, tout en établissant des clés de lecture entre les textes. Ce numéro s’adresse prioritairement aux membres du monde académique, familiers avec les engagements américains à l’international au sens large, et plus généralement avec la géopolitique internationale, avec les approches sociologiques et empiriques qui imprègnent les articles scientifiques, ainsi qu’avec le fonctionnement des institutions politiques américaines.
Nous invitons le lecteur à ne pas se décourager face au contenu aride et à la syntaxe parfois lourde de certains textes, la richesse et les enseignements apportés par les différents auteurs méritant que l’on s’arrête sur chacun de leurs travaux en suivant la grille de lecture préconisée par l’éditorial. L’ordre dans lesquels les textes sont soumis facilite en effet la circulation entre eux : si les deux premiers articles soulignent les impasses de la contre-insurrection menée en Irak et en Afghanistan et concluent à une puissance enlisée, les deux suivants entreprennent de montrer, à travers l’intervention militaire en Libye et les actions dans le Caucase du Sud, combien les États-Unis demeurent un acteur de premier plan sur la scène internationale, tant du point de vue militaire que diplomatique. Toutefois cette série d’articles s’achève sur une note sombre pour la puissance américaine, celle de l’échec du smart power sur la scène chinoise, marquant la fin de l’hégémonie et de l’influence américaine. La pertinence des deux derniers textes de la revue peut être remise en cause puisqu’ils traitent de sujets ayant trait à la politique nationale des États-Unis. Il faut cependant souligner combien ces textes sont instructifs sur des réalités souvent insoupçonnées, d’une part l’existence de mouvements populistes susceptibles d’influencer, voire de faire échec aux deux partis politiques majoritaires, d’autre part la malheureuse procédure budgétaire, qui, afin d’éviter le blocage du fonctionnement de l’État fédéral, contraint le parti minoritaire à avaliser les 13 lois de finances réunies en un seul texte, écartant ses amendements et ne présentant donc que les volontés du parti majoritaire, afin d’éviter le blocage du fonctionnement de l’État fédéral.
Les analyses sont fouillées, élaborées grâce à des recherches documentaires, à des visites de terrain, à des entretiens avec les personnels aux prises avec les décisions et opérations américaines, de sorte que le lecteur soit plongé au cœur des mécanismes de la puissance américaine depuis la chute de l’URSS où elle s’exerçait de façon hégémonique jusqu’à nos jours où sa domination se voit de plus en plus disputée par la montée « pacifique » du géant chinois. Évolution qui exige de la première puissance mondiale plus qu’une introspection mais une acceptation de la nouvelle donne et une (ré)action appropriée et pragmatique.