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La politique étrangère, de sécurité et de défense de l’Union européenne
Fabien Terpan Paris, La Documentation française, Coll. Réflexe Europe, 2010, 216 p.
La politique étrangère, de sécurité et de défense de l’Union européenne est l’une des politiques de l’Union les plus difficiles à analyser. Après l’échec des premières tentatives de collaboration militaire entre les États de l’Union, tels que la Communauté européenne de défense en 1954, la défense européenne est devenue un sujet tabou pour les États membres qui refusent de mettre en place ex nihilo une telle politique. De plus, la nature intergouvernementale de cette politique rend le lien difficile avec les autres domaines d’action de l’Union. Toutefois, depuis le traité de Maastricht, on assiste à un formidable développement de cette politique en Europe, élaborée par strates successives, à l’initiative des États ou à l’occasion de chacun des traités adoptés depuis 1992. Cet ouvrage est donc le bienvenu pour fournir une cohérence et dégager des lignes de force, alors que le traité de Lisbonne consacre une « politique de sécurité et de défense commune ».
L’analyse historique permet de prendre conscience de la difficulté de mettre en place cette politique, mais aussi de l’accélérateur qu’a constitué la fin de la guerre froide pour l’affirmation de l’Union européenne. La présentation de l’organisation institutionnelle souligne la complexité et le nécessaire primat des États sur la Commission ou le Parlement, et met en lumière la difficile coordination entre la politique étrangère des États et le niveau supranational. Elle justifie le rôle nouveau assumé par le Président du Conseil européen ainsi que le Haut représentant pour les affaires étrangères et de sécurité, postes créés par le traité de Lisbonne. Les moyens d’action de l’Union européenne sont également détaillés, qu’il s’agisse de la politique européenne de voisinage ou des relations diplomatiques avec les autres États du monde.
Au-delà de ces considérations institutionnelles, ce qui intéresse dans cet ouvrage, c’est la capacité de l’Union à mener des actions et la finalité de sa politique étrangère, de sécurité et de défense. Si l’Union européenne est encore pour beaucoup un acteur « en devenir », ses capacités militaires ou civiles ne font aujourd’hui plus de doute. C’est surtout sa place à côté des États, dont les intérêts peuvent être divergents, mais aussi face aux États-Unis ou à l’OTAN, à la fois partenaires et concurrents, qui pose question. Et, souvent dans l’ouvrage, revient cette thématique du rôle exact que l’Union européenne est prête à assumer pour mener des actions civiles ou militaires. L’auteur insiste ainsi sur la légitimité qu’acquiert l’Union européenne comme acteur civil en vue, notamment, d’actions en faveur de la démocratie ou des droits de l’Homme et met en avant la doctrine de soft power prônée par l’Union pour atteindre cet objectif. Il présente chacune des opérations menées et notamment l’importance pour l’Union européenne d’intervenir sur les théâtres d’opération européens et africains. Toutefois, selon l’auteur, l’Union européenne n’est pas encore parvenue au rang de puissance internationale et se trouve à la croisée des chemins. Elle devra faire le choix de se cantonner à des missions de gestion de crise ou d’évoluer vers une réelle capacité de défense commune.