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La guerre française contre le terrorisme islamiste. De l’opération Serval aux attentats de Paris et Bruxelles
Par Gregor Mathias - Paris, Bernard Giovanangeli Éditeur, 2016, 222p.
Bien des ouvrages ont été publiés sur le terrorisme islamiste et la radicalisation, et force est de constater que celui-ci n’offre pas une approche très originale. Sans doute n’est-ce pas son ambition, mais eu égard au titre, il aurait été intéressant que l’auteur s’attache à montrer le fonctionnement de l’État dans la réponse portée au terrorisme, en analysant davantage les structures, les doctrines, les prises de décision. Toutefois, l’aspect narratif et descriptif du livre s’avère utile, tant l’actualité a été dense.
Il permet ainsi de reprendre le fil des attentats de Paris et Bruxelles et les différentes connexions entre ceux-ci. Il montre l’évolution du choix des cibles entre janvier et novembre 2015 : les civils « innocents » sont désormais massacrés. Il présente également la variété des réactions des responsables confessionnels musulmans en France, en concluant à la nécessité de supprimer ou de réformer le Conseil français du culte musulman (CFCM), inadapté selon lui à représenter l’islam de France et à épauler efficacement l’État français contre la radicalisation de certains musulmans. Plus généralement, il affirme que « l’islam est une religion à réformer pour empêcher toute dérive islamiste » (p. 190), rejoignant en cela les interrogations d’une partie de l’opinion publique. L’insuffisance du cadre d’accueil pour instruire les convertis, soulignée dans l’ouvrage, est désormais une question reconnue par les imams de France.
Tout en montrant la difficulté de cerner le profil psychologique des tueurs, l’auteur rappelle la porosité entre la délinquance et le terrorisme dans certains quartiers sensibles de France et de Belgique. Mais il explore aussi les ravages causés par le cyberdjihad auprès de la jeunesse française, qui devrait être mieux combattu par les autorités – « il faudrait créer un centre audiovisuel, à l’échelle française ou européenne, pour créer des vidéos destinées à répondre à chaque vidéo de l’EI [État islamique] en reprenant ses mêmes codes visuels » (p. 207).
L’ouvrage fournit également une analyse de la lutte menée par la France contre le terrorisme au-delà du territoire national. Il revient sur les opérations de l’armée française au Mali, et sur les conséquences jugées désastreuses du soutien aux insurgés libyens contre le régime de Mouammar Kadhafi. On peut regretter un jugement trop schématique et une condamnation facile de l’action extérieure au vu de la situation actuelle en Syrie. Cette analyse a toutefois le mérite de souligner l’erreur de Paris consistant à soutenir les puissances du Golfe, bien que la responsabilité de celles-ci dans la propagation du salafisme, y compris djihadiste, soit avérée.
Enfin, les sources de l’ouvrage sont trop souvent journalistiques, et l’on peut s’étonner de l’absence de références aux rapports publics et d’une bibliographie étonnante et « nationaliste » qui exclut tout ouvrage anglo-saxon. Sous la réserve de ces critiques, on lira utilement cet ouvrage comme un résumé d’histoire immédiate et une introduction aux grandes problématiques du terrorisme islamiste.
Il permet ainsi de reprendre le fil des attentats de Paris et Bruxelles et les différentes connexions entre ceux-ci. Il montre l’évolution du choix des cibles entre janvier et novembre 2015 : les civils « innocents » sont désormais massacrés. Il présente également la variété des réactions des responsables confessionnels musulmans en France, en concluant à la nécessité de supprimer ou de réformer le Conseil français du culte musulman (CFCM), inadapté selon lui à représenter l’islam de France et à épauler efficacement l’État français contre la radicalisation de certains musulmans. Plus généralement, il affirme que « l’islam est une religion à réformer pour empêcher toute dérive islamiste » (p. 190), rejoignant en cela les interrogations d’une partie de l’opinion publique. L’insuffisance du cadre d’accueil pour instruire les convertis, soulignée dans l’ouvrage, est désormais une question reconnue par les imams de France.
Tout en montrant la difficulté de cerner le profil psychologique des tueurs, l’auteur rappelle la porosité entre la délinquance et le terrorisme dans certains quartiers sensibles de France et de Belgique. Mais il explore aussi les ravages causés par le cyberdjihad auprès de la jeunesse française, qui devrait être mieux combattu par les autorités – « il faudrait créer un centre audiovisuel, à l’échelle française ou européenne, pour créer des vidéos destinées à répondre à chaque vidéo de l’EI [État islamique] en reprenant ses mêmes codes visuels » (p. 207).
L’ouvrage fournit également une analyse de la lutte menée par la France contre le terrorisme au-delà du territoire national. Il revient sur les opérations de l’armée française au Mali, et sur les conséquences jugées désastreuses du soutien aux insurgés libyens contre le régime de Mouammar Kadhafi. On peut regretter un jugement trop schématique et une condamnation facile de l’action extérieure au vu de la situation actuelle en Syrie. Cette analyse a toutefois le mérite de souligner l’erreur de Paris consistant à soutenir les puissances du Golfe, bien que la responsabilité de celles-ci dans la propagation du salafisme, y compris djihadiste, soit avérée.
Enfin, les sources de l’ouvrage sont trop souvent journalistiques, et l’on peut s’étonner de l’absence de références aux rapports publics et d’une bibliographie étonnante et « nationaliste » qui exclut tout ouvrage anglo-saxon. Sous la réserve de ces critiques, on lira utilement cet ouvrage comme un résumé d’histoire immédiate et une introduction aux grandes problématiques du terrorisme islamiste.