La France et l’Afrique. Le combat des Anciens et des Modernes

L’ouvrage rédigé par Yves Gounin est remarquable. Il témoigne d’une connaissance de l’intérieur des relations entre la France et l’Afrique de la part d’un auteur qui a eu des responsabilités importantes. Il est  très bien informé et défend une position distanciée sur un sujet souvent passionné. Il est de plus très bien rédigé et se lit aisément et agréablement. Les hommes, au cœur des dispositifs et des rapports de force sont toujours présents. La culture de l’auteur est grande et les lectures et références sont nombreuses. Elle aide à comprendre en quoi les relations France-Afrique sont à la fois complexes et parfois complexées et non réductibles aux termes chocs de type Françafrique et en quoi la relation franco-africaine reste, au-delà des évolutions, d’une exceptionnelle densité.

La mise en perspective historique des relations entre la France et l’Afrique, les réformes institutionnelles de la coopération, l’évolution du dispositif militaire ou la mise en concurrence de la France par rapport à d’autres partenaires sont les passages les plus passionnants et enrichissants. On peut évidemment noter quelques légers regrets. La dichotomie entre les Anciens et les modernes est un peu réductrice. D’autres clivages existent entre ceux qui veulent se désengager de l’Afrique et ceux qui pensent au contraire que la France, puissance moyenne, doit avoir des relations privilégiées avec son ancien empire ou de manière plus large avec l’Afrique dans son ensemble. Il y a débat entre ceux qui privilégient les intérêts économiques, linguistiques, géopolitiques ou humanitaires. L’auteur aurait pu davantage traiter des relations économiques, financières et surtout monétaires en évoquant la zone franc. Le rôle stratégique de l’Afrique pour la Chine avide de pétrole et de produits minéraux est un peu sous-estimé. Mais ce ne sont que des remarques secondaires.