See English version below « Ça s’est passé comme ça ». Ceci...
Justifier la guerre ?
par Gilles Andréani et Pierre Hassner (dir.) - Paris, Presses de Sciences Po, 2013, 479 p.
Pierre Hassner, chercheur associé au Centre d’études et de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, et Gilles Andréani, ancien directeur du Centre d’analyse et de prévision au ministère des Affaires étrangères, magistrat à la Cour des comptes et professeur associé à l’Université Paris 2, dirigent la publication de cet ouvrage auquel ont contribué 12 auteurs internationaux. Organisé en quatre parties, le livre traite de l’intervention militaire de puissances extérieures dans les affaires d’un pays tiers : il interroge la justification, la légitimité et la moralité du recours à la force face à une situation de violence. Édité une première fois en 2005, ce travail analytique a été revu et modifié à la suite de l’évolution des situations d’intervention au cours de ces dernières années, dans lesquelles les concepts, jusqu’alors bien distincts, de « guerre humanitaire » et « guerre sécuritaire », auxquels s’ajoute la volonté de promouvoir la démocratie, ont fini par s’entrecroiser. En effet, les arguments justifiant les interventions humanitaires et la démocratie ont été maintes fois employés pour mener des guerres. La recrudescence des interventions a, par ailleurs, conduit au retour des questionnements concernant l’aspect moral et éthique de ces actions.
La première partie de l’ouvrage est consacrée à la moralité du recours à la force. Il s’agit de comprendre les raisons d’une intervention et les explications qui peuvent être avancées pour la mener et la faire accepter. Les auteurs prennent en considération la réactualisation de la théorie de la « guerre juste », dont certains des concepts sont utilisés pour justifier le recours à la guerre et sa conduite. La légitimation de ces concepts peut menacer les limites juridiques internationales posées au droit d’intervention, notamment dans le cas de guerres préemptives, qui ont à nouveau émergé au cours de la dernière décennie. Cette partie interroge également la temporalité d’une intervention : celle-ci s’arrête-t-elle lorsque la mission de terrain s’achève ?
L’émergence du rôle de l’individu et de groupes non étatiques dans les conflits, du fait de la démocratisation de la violence, sont ensuite présentés : la montée du terrorisme a été le principal élément modifiant les règles de la guerre lors de cette dernière décennie. Les auteurs étudient le concept de contre-terrorisme, son évolution historique et son application à ce jour. Cette guerre contre un ennemi invisible, et donc contre l’instabilité, perd progressivement son caractère d’urgence du fait de sa continuité temporelle.
Dans la troisième partie, l’autorité des institutions internationales est remise en cause. Un droit international, encore fragile, a été instauré, et doit devenir l’acteur unique à l’origine de la légitimation d’interventions. La légitimité du système international est fragilisée par des États qui interviennent sans tenir compte de l’autorité onusienne. Ces institutions restent malgré tout nécessaires, et un équilibre entre puissances souveraines et droit international doit être trouvé.
La quatrième partie est une étude de cas comparant les interventions aériennes du Kosovo et de la Libye aux interventions au sol d’Irak et d’Afghanistan. La nature différente des conflits montre la diversité des types d’interventions, pour lesquelles les acteurs doivent faire face au dilemme du bien-fondé de leur action, notamment avec la promotion de la démocratie : est-il légitime de considérer ce concept comme universel et de tenter de l’imposer de l’extérieur ?
C’est donc bien la légitimité de l’interventionnisme qui est étudiée dans cet ouvrage très complet, qui apporte une diversité des points de vue selon les auteurs. La grande part accordée à la morale et à la légitimité est primordiale afin que le lecteur puisse appréhender la complexité décisionnelle et la diversité des acteurs qui entourent l’intervention.
La première partie de l’ouvrage est consacrée à la moralité du recours à la force. Il s’agit de comprendre les raisons d’une intervention et les explications qui peuvent être avancées pour la mener et la faire accepter. Les auteurs prennent en considération la réactualisation de la théorie de la « guerre juste », dont certains des concepts sont utilisés pour justifier le recours à la guerre et sa conduite. La légitimation de ces concepts peut menacer les limites juridiques internationales posées au droit d’intervention, notamment dans le cas de guerres préemptives, qui ont à nouveau émergé au cours de la dernière décennie. Cette partie interroge également la temporalité d’une intervention : celle-ci s’arrête-t-elle lorsque la mission de terrain s’achève ?
L’émergence du rôle de l’individu et de groupes non étatiques dans les conflits, du fait de la démocratisation de la violence, sont ensuite présentés : la montée du terrorisme a été le principal élément modifiant les règles de la guerre lors de cette dernière décennie. Les auteurs étudient le concept de contre-terrorisme, son évolution historique et son application à ce jour. Cette guerre contre un ennemi invisible, et donc contre l’instabilité, perd progressivement son caractère d’urgence du fait de sa continuité temporelle.
Dans la troisième partie, l’autorité des institutions internationales est remise en cause. Un droit international, encore fragile, a été instauré, et doit devenir l’acteur unique à l’origine de la légitimation d’interventions. La légitimité du système international est fragilisée par des États qui interviennent sans tenir compte de l’autorité onusienne. Ces institutions restent malgré tout nécessaires, et un équilibre entre puissances souveraines et droit international doit être trouvé.
La quatrième partie est une étude de cas comparant les interventions aériennes du Kosovo et de la Libye aux interventions au sol d’Irak et d’Afghanistan. La nature différente des conflits montre la diversité des types d’interventions, pour lesquelles les acteurs doivent faire face au dilemme du bien-fondé de leur action, notamment avec la promotion de la démocratie : est-il légitime de considérer ce concept comme universel et de tenter de l’imposer de l’extérieur ?
C’est donc bien la légitimité de l’interventionnisme qui est étudiée dans cet ouvrage très complet, qui apporte une diversité des points de vue selon les auteurs. La grande part accordée à la morale et à la légitimité est primordiale afin que le lecteur puisse appréhender la complexité décisionnelle et la diversité des acteurs qui entourent l’intervention.