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Jeux olympiques. Raviver la flamme
Par Jean-Loup Chappelet - Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes, 2016, 144p.
Au-delà des scandales actuels remettant en cause l’intégrité des compétitions, le mouvement olympique international rencontre un problème structurel lié à la baisse de candidatures des villes pour accueillir les Jeux : seulement deux villes étaient candidates pour les Jeux olympiques (JO) d’hiver 2022 ; deux le sont pour ceux d’été 2024. Depuis plusieurs années, les voix critiquant la démesure des grands événements sportifs, et le gâchis financier qu’ils induisent, trouvent de plus en plus d’écho parmi les sociétés civiles. Face à ce constat, Jean-Loup Chappelet, éminent spécialiste du mouvement olympique depuis plus de trente ans, propose de revenir sur les bases de la décision d’accueillir les Jeux. La question mérite en effet d’être étudiée, d’autant que la candidature de Paris 2024 n’a pour le moment pas fait l’objet d’une discussion de fond au niveau national. Alors que Budapest, Rome, Hambourg et Boston ont décidé de se retirer de la course, quel serait intérêt pour la France, ou tout autre pays, d’accueillir la foire olympique ?
De façon synthétique, l’auteur revient sur le fonctionnement et les mécanismes d’évolution de ce qu’il appelle le « système olympique », à savoir un ensemble d’organisations complexe et inédit. Quel autre secteur voit un groupe d’organisations non gouvernementales (ONG) gérer une activité universellement diffusée, rassemblant des milliards de (télé)spectateurs et générant des milliards d’euros de revenus ? L’auteur décrit la rapide expansion du mouvement olympique, de sa création il y a seulement cent-vingt ans – sur les bases de l’olympisme de la Grèce antique – à la montée en puissance commerciale des Jeux, en passant par l’intégration progressive des nouveaux États issus de l’histoire du XXe siècle. La mutation de l’olympisme est orchestrée par le Comité international olympique (CIO), organe au centre du système, qui entretient des relations avec un ensemble de « satellites » : fédérations sportives, comités olympiques nationaux, médias, etc. Cet équilibre institutionnel n’est cependant pas démuni d’une stratégie globale, définie par le CIO lui-même. L’Agenda 2020, dernière incarnation adoptée fin 2014, cherche à contrer les conséquences de l’accroissement des enjeux financiers et commerciaux autour des Jeux. Les scandales de corruption exigent, en effet, un repositionnement du sport international vers des objectifs sociétaux – éducation, culture, intégrité, environnement et droits de l’homme. Ainsi, l’analyse systémique permet de comprendre les rouages de la puissance olympique, tout en montrant qu’elle repose sur un équilibre politique instable et actuellement remis en cause.
Dès lors, une redéfinition de la régulation du sport international s’impose. Pour y répondre, le CIO cherche à promouvoir des principes de « bonne gouvernance » – concept flou –, pour préserver son autoproclamée « autonomie sportive » face aux États. Mais, comme l’explique l’auteur, il faut aller plus loin et intégrer dans ce nouvel équilibre les forces publiques – États et organisations publiques internationales –, sportives et économiques – sponsors et médias. Quelle forme doit-il prendre et comment l’atteindre ? L’auteur n’y répond pas ici. On comprend néanmoins que les buts de cette nouvelle gouvernance ne sont pas seulement de revoir les règles d’hébergement de ces organisations sportives par la Suisse, ou la conformité du fonctionnement des compétitions sportives avec le droit européen par exemple, mais aussi de revoir les conditions de l’accueil et du financement des Jeux.
Car accueillir les Jeux nécessite de lourds investissements qui incombent principalement à l’État-hôte, alors même que les impacts économiques ou sociaux directs, s’ils existent, sont éphémères. Pour répondre à la problématique initiale de l’ouvrage, Jean-Loup Chappelet propose donc de dépasser les calculs d’opportunités à court terme et de concevoir l’héritage durable des Jeux, qui peuvent être bénéfiques à condition qu’ils s’inscrivent dans un projet urbaniste et sociétal véritable, et dont la poursuite doit être un objectif à part entière pour le pays-hôte. Tant au niveau local qu’international, Jean-Loup Chappelet propose ainsi de redonner la primauté à l’utilité sociétale de l’olympisme, ce qui est trop rarement pris en compte par les organisateurs des Jeux, mais aussi par les dirigeants olympiques.
De façon synthétique, l’auteur revient sur le fonctionnement et les mécanismes d’évolution de ce qu’il appelle le « système olympique », à savoir un ensemble d’organisations complexe et inédit. Quel autre secteur voit un groupe d’organisations non gouvernementales (ONG) gérer une activité universellement diffusée, rassemblant des milliards de (télé)spectateurs et générant des milliards d’euros de revenus ? L’auteur décrit la rapide expansion du mouvement olympique, de sa création il y a seulement cent-vingt ans – sur les bases de l’olympisme de la Grèce antique – à la montée en puissance commerciale des Jeux, en passant par l’intégration progressive des nouveaux États issus de l’histoire du XXe siècle. La mutation de l’olympisme est orchestrée par le Comité international olympique (CIO), organe au centre du système, qui entretient des relations avec un ensemble de « satellites » : fédérations sportives, comités olympiques nationaux, médias, etc. Cet équilibre institutionnel n’est cependant pas démuni d’une stratégie globale, définie par le CIO lui-même. L’Agenda 2020, dernière incarnation adoptée fin 2014, cherche à contrer les conséquences de l’accroissement des enjeux financiers et commerciaux autour des Jeux. Les scandales de corruption exigent, en effet, un repositionnement du sport international vers des objectifs sociétaux – éducation, culture, intégrité, environnement et droits de l’homme. Ainsi, l’analyse systémique permet de comprendre les rouages de la puissance olympique, tout en montrant qu’elle repose sur un équilibre politique instable et actuellement remis en cause.
Dès lors, une redéfinition de la régulation du sport international s’impose. Pour y répondre, le CIO cherche à promouvoir des principes de « bonne gouvernance » – concept flou –, pour préserver son autoproclamée « autonomie sportive » face aux États. Mais, comme l’explique l’auteur, il faut aller plus loin et intégrer dans ce nouvel équilibre les forces publiques – États et organisations publiques internationales –, sportives et économiques – sponsors et médias. Quelle forme doit-il prendre et comment l’atteindre ? L’auteur n’y répond pas ici. On comprend néanmoins que les buts de cette nouvelle gouvernance ne sont pas seulement de revoir les règles d’hébergement de ces organisations sportives par la Suisse, ou la conformité du fonctionnement des compétitions sportives avec le droit européen par exemple, mais aussi de revoir les conditions de l’accueil et du financement des Jeux.
Car accueillir les Jeux nécessite de lourds investissements qui incombent principalement à l’État-hôte, alors même que les impacts économiques ou sociaux directs, s’ils existent, sont éphémères. Pour répondre à la problématique initiale de l’ouvrage, Jean-Loup Chappelet propose donc de dépasser les calculs d’opportunités à court terme et de concevoir l’héritage durable des Jeux, qui peuvent être bénéfiques à condition qu’ils s’inscrivent dans un projet urbaniste et sociétal véritable, et dont la poursuite doit être un objectif à part entière pour le pays-hôte. Tant au niveau local qu’international, Jean-Loup Chappelet propose ainsi de redonner la primauté à l’utilité sociétale de l’olympisme, ce qui est trop rarement pris en compte par les organisateurs des Jeux, mais aussi par les dirigeants olympiques.