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Jésus est juif en Amérique
Célia Bélin Fayard, Paris, 2011, 360 p.
On attribue régulièrement le soutien inconditionnel des États-Unis à Israël au poids des institutions juives américaines. Elles sont certes puissantes mais la proximité entre Washington et Tel-Aviv a bien d’autres ressorts. Célia Belin, dans son livre Jésus est juif en Amérique donne un coup de projecteur sur le « sionisme chrétien ». Les protestants fondamentalistes, historiquement antisémites constituent désormais la frange la plus radicale aux États-Unis pour soutenir Israël et condamner l’option de « la paix contre les territoires ».
Selon les interprétations des prophéties de la Bible, lors du retour du Christ sur Terre, les juifs auront à choisir entre reconnaître le sauveur ou être précipités dans l’enfer. Mais pour que le retour ait lieu, il faut que les Hébreux disposent des terres que Dieu leur a données.
La possibilité d’une paix entre Israéliens et Palestiniens, basée sur la restitution des terres conquises par les juifs en 1967, viendrait contrarier la lecture que la plupart des évangélistes font de l’histoire. Les accords d’Oslo étaient perçus comme un sacrilège puisque la terre d’Israël donnée aux juifs par Dieu, n’était pas destinée à être divisée. À ce moment, les chrétiens sionistes ont consolidé leur relation avec les groupes juifs proches du Likoud et la droite américaine néoconservatrice. Les attentats du 11 septembre leur ont donné le sentiment d’avoir un ennemi commun.
Les évangéliques dressent un parallèle entre la proclamation officielle de la création d’Israël et les versets d’Esaïe 66, affirmant qu’un pays ne peut naître en un jour si ce n’est celui du peuple élu. L’apparition subite d’Israël sur la scène internationale confirme cette prédiction.
Selon elle, c’est en 1967 que le sionisme chrétien est entré dans l’âge moderne. « Comment expliquer que le tout petit État d’Israël puisse gagner toutes ces guerres alors que cela semble impossible, autrement que parce que le Seigneur l’a aidé ? » s’est interrogé l’auteur évangélique Richard Booker. Reagan va s’appuyer sur eux, ils ne vont pas soutenir George Bush père, le fils saura renouer une alliance avec eux politiquement fructueuse pour lui. Le 13 décembre 1999, au cours d’un débat télévisé, quand on lui demande quel est son philosophe politique préféré, il répond « Jésus Christ parce qu’il a transformé mon cœur. »
Les évangéliques ont pris un rôle unique dans la vie politique américaine en tant que base électorale du Parti républicain. Les chrétiens sionistes ont une voix déterminante. 31 % des Américains croient que la Bible est la véritable parole de Dieu, à lire de façon unilatérale, mot pour mot, 47 % qu’elle est inspirée de la parole de Dieu et 19 % qu’il s’agit d’ensemble de fables et légendes, d’histoires anciennes consignées par l’homme.
Le soutien à Israël fait partie de dogme, au même titre que l’opposition à l’avortement ou au mariage homosexuel. Les juifs américains plutôt libéraux sont opposés, en termes de politique intérieure, aux fondamentalistes.
En conclusion, l’auteur estime (p. 333) que le sionisme chrétien rajoute une dimension religieuse à un conflit politique, économique, démographique et territorial. Sous son influence, ce qui était un problème de revendication nationale et d’auto-détermination des peuples, devient un combat chaque jour un peu plus inextricable pour la vérité religieuse.