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Iran. La prière des poètes
Par Jean-Pierre Perrin - Bruxelles, Nevicata, coll. "L'âme des peuples", 2017, 90p.
Jean-Pierre Perrin, écrivain et journaliste français, a longtemps travaillé pour Libération en tant que spécialiste du Moyen-Orient. Dans La prière des poètes, l’auteur se concentre sur l’Iran et nous invite à « comprendre l’âme perse » et « déchiffrer le jeu d’une puissance régionale incontournable ».
Construit en deux parties, cet ouvrage offre d’abord au lecteur un voyage littéraire autour des grands poètes ayant marqué au fer rouge l’« âme » iranienne. Au bout de ce récit, deux entretiens − l’un avec Clément Therme, l’autre avec Leili Anvar – complètent cette entrée en matière visant à mieux appréhender la perception iranienne du monde.
Citant Nicolas Bouvier – « le peuple d’Iran est le plus poète du monde » (p. 19) –, l’auteur cherche à prouver qu’en Iran, la poésie n’est pas simplement un genre littéraire. Elle est à la fois un refuge, un guide, un moyen de dépasser l’humanité et de sublimer le réel. Hafez (1325-1390) est par exemple l’un des poètes iraniens les plus connus. Les Iraniens sollicitent ses vers aussi bien pour de grandes occasions − le Nouvel An iranien, Norouz, le 21 mars par exemple − qu’avant un examen. Toutes les générations viennent visiter son sanctuaire, situé à Chiraz, au Sud-Est du pays. J.-P. Perrin évoque également Saadi (1184-1283), célèbre auteur du « Golestân » (le jardin des roses) ou encore le philosophe de l’islam Molla Sadra Shirazi (1571-1641) comme penseurs fondateurs de l’Iran actuel. In fine, cinq poètes – Hafez, Saadi, Ferdowsi, Rûmi et Omar Khayyam – représentent chacun un regard qu’il est possible d’emprunter pour observer le monde.
J.-P. Perrin s’intéresse également à la place du cinéma iranien en Iran et à l’international, notamment à travers le travail de réalisateurs comme Abbas Kiarostami, Jafar Panahi ou Ashgar Farhadi. Qu’il s’agisse de poètes, de philosophes, de commentateurs ou de réalisateurs, le but est de montrer la complexité de l’identité iranienne d’une part, et son rapport au monde d’autre part. Reprenant le triptyque de Bernard Hourcade – les trois « I » caractéristiques de l’identité iranienne : Islam, Iran, International –, J.-P. Perrin dépeint la cohabitation entre trois Iran : le premier tourné vers la Perse éternelle, le deuxième fasciné par la modernité occidentale, le troisième ancré dans l’islam chiite (p. 25).
Puis, l’entretien « Comment les mollahs ont fabriqué l’homo islamicus », réalisé avec C. Therme, apporte une grille de lecture plus (géo)politique de l’identité iranienne. Il permet de mieux appréhender la dualité du système politique iranien et de dépasser l’idée reçue selon laquelle une révolution religieuse ne peut être moderne. Enfin, à travers une approche purement littéraire, l’entretien avec Leili Anvar, intitulé « Le mythe de la Taverne », plonge le lecteur dans la puissance de la poésie iranienne. Elle explique comment l’ordre du symbolique de la poésie persane permet de transcender le temps et l’espace et de laisser libre cours à toutes les interprétations. L. Anvar compare par ailleurs la poésie persane à un oignon : « elle a toutes sortes de pelures. C’est pour cela qu’elle s’adresse au lettré comme à l’illettré, au mystique comme au débauché » (p. 86).
La prière des poètes prête des yeux iraniens au lecteur pour un temps court de 90 pages. Il n’est pas question de tout décortiquer en profondeur, mais de porter un regard nouveau sur un pays qui reste méconnu. La collection « L’âme des peuples » vise à ouvrir « des grandes portes de l’histoire, des cultures, des religions et des réalités socio-économiques que les guides touristiques ne font qu’entrouvrir. » Dans cette optique, l’ouvrage est un succès, puisqu’il permet de prendre le temps de s’immerger dans la perception iranienne.
Construit en deux parties, cet ouvrage offre d’abord au lecteur un voyage littéraire autour des grands poètes ayant marqué au fer rouge l’« âme » iranienne. Au bout de ce récit, deux entretiens − l’un avec Clément Therme, l’autre avec Leili Anvar – complètent cette entrée en matière visant à mieux appréhender la perception iranienne du monde.
Citant Nicolas Bouvier – « le peuple d’Iran est le plus poète du monde » (p. 19) –, l’auteur cherche à prouver qu’en Iran, la poésie n’est pas simplement un genre littéraire. Elle est à la fois un refuge, un guide, un moyen de dépasser l’humanité et de sublimer le réel. Hafez (1325-1390) est par exemple l’un des poètes iraniens les plus connus. Les Iraniens sollicitent ses vers aussi bien pour de grandes occasions − le Nouvel An iranien, Norouz, le 21 mars par exemple − qu’avant un examen. Toutes les générations viennent visiter son sanctuaire, situé à Chiraz, au Sud-Est du pays. J.-P. Perrin évoque également Saadi (1184-1283), célèbre auteur du « Golestân » (le jardin des roses) ou encore le philosophe de l’islam Molla Sadra Shirazi (1571-1641) comme penseurs fondateurs de l’Iran actuel. In fine, cinq poètes – Hafez, Saadi, Ferdowsi, Rûmi et Omar Khayyam – représentent chacun un regard qu’il est possible d’emprunter pour observer le monde.
J.-P. Perrin s’intéresse également à la place du cinéma iranien en Iran et à l’international, notamment à travers le travail de réalisateurs comme Abbas Kiarostami, Jafar Panahi ou Ashgar Farhadi. Qu’il s’agisse de poètes, de philosophes, de commentateurs ou de réalisateurs, le but est de montrer la complexité de l’identité iranienne d’une part, et son rapport au monde d’autre part. Reprenant le triptyque de Bernard Hourcade – les trois « I » caractéristiques de l’identité iranienne : Islam, Iran, International –, J.-P. Perrin dépeint la cohabitation entre trois Iran : le premier tourné vers la Perse éternelle, le deuxième fasciné par la modernité occidentale, le troisième ancré dans l’islam chiite (p. 25).
Puis, l’entretien « Comment les mollahs ont fabriqué l’homo islamicus », réalisé avec C. Therme, apporte une grille de lecture plus (géo)politique de l’identité iranienne. Il permet de mieux appréhender la dualité du système politique iranien et de dépasser l’idée reçue selon laquelle une révolution religieuse ne peut être moderne. Enfin, à travers une approche purement littéraire, l’entretien avec Leili Anvar, intitulé « Le mythe de la Taverne », plonge le lecteur dans la puissance de la poésie iranienne. Elle explique comment l’ordre du symbolique de la poésie persane permet de transcender le temps et l’espace et de laisser libre cours à toutes les interprétations. L. Anvar compare par ailleurs la poésie persane à un oignon : « elle a toutes sortes de pelures. C’est pour cela qu’elle s’adresse au lettré comme à l’illettré, au mystique comme au débauché » (p. 86).
La prière des poètes prête des yeux iraniens au lecteur pour un temps court de 90 pages. Il n’est pas question de tout décortiquer en profondeur, mais de porter un regard nouveau sur un pays qui reste méconnu. La collection « L’âme des peuples » vise à ouvrir « des grandes portes de l’histoire, des cultures, des religions et des réalités socio-économiques que les guides touristiques ne font qu’entrouvrir. » Dans cette optique, l’ouvrage est un succès, puisqu’il permet de prendre le temps de s’immerger dans la perception iranienne.