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Intégration et déviance au sein du système international
par Soraya Sidani - Paris, Presses de Sciences Po, 2014, 238p.
L’ouvrage de Soraya Sidani part d’un constat simple : malgré l’adhésion croissante des États à un ensemble de plus en plus dense de règles communes, certains pays restent situés à la marge du système. L’ambition de ce travail, basé sur la thèse de doctorat de l’auteur, est de comprendre les fondements de ce phénomène en appliquant les notions sociologiques de déviance et d’intégration à l’étude des relations internationales, ce sous une forme empirique très documentée. Il s’agit ainsi d’apporter un ensemble de concepts et d’indicateurs permettant d’appréhender au mieux la déviance et, inversement, l’intégration dans le système international, et d’en cerner les principaux facteurs.
S. Sidani analyse deux types de déviance : la déviance normative, qui caractérise les États se trouvant en retrait du fait de leur non-adhésion à de nombreux traités internationaux, et la déviance comme contestation de l’ordre dominant, qui s’inscrit davantage dans une perspective de défiance et inclut plutôt des États dits « voyous », comme l’Iran ou le Venezuela. Selon l’auteur, un État peut agir de façon déviante soit en raison d’une trop faible insertion sur la scène internationale, soit de façon délibérée. Dans le premier cas, c’est la structure du système qui contraint l’État à agir de la sorte ; dans le second, il agit délibérément comme tel pour se positionner dans le système.
L’auteur identifie l’intégration ou non d’un pays dans un ou plusieurs organismes régionaux comme un premier facteur déterminant de déviance, dans la mesure où les systèmes régionaux sont une première étape cruciale dans l’intégration au niveau mondial. Le développement socio-économique, l’insularité ou la faillite de l’État sont également des éléments qui jouent un rôle essentiel, notamment dans la capacité structurelle d’un État à ratifier et, surtout, à appliquer les traités internationaux. S. Sidani considère également le régime politique comme un indicateur d’intégration important, les États démocratiques ayant une plus forte propension à ratifier des traités. Enfin, la puissance peut jouer un rôle essentiel, dans la mesure où certains États peuvent se permettre des écarts à la norme pour poursuivre leurs intérêts, sans craindre d’être sanctionnés – c’est notamment le cas des États-Unis, qui ont un taux relativement faible de traités ratifiés.
La force de l’ouvrage tient à la fois à la volonté de proposer une grille d’analyse systématique appuyée par un travail quantitatif poussé, et à la capacité de dépasser – sans pour autant rejeter – les catégories usuelles qui ont été constituées par les acteurs dominants des relations internationales – les notions de failed ou rogue states, notamment. La multiplicité des indicateurs proposés permet ainsi de mettre en avant des formes de déviance qui caractérisent des puissances comme les États-Unis ou la Chine, qui ont un intérêt ainsi qu’un poids suffisant pour se permettre certains écarts. Malgré cette approche élargie, on notera peut-être, en guise d’ouverture davantage que de critique, l’absence de l’analyse du cas d’Israël. Alors que la plupart des puissances « moyennes » ou plus petites optent généralement pour une insertion dans le jeu multilatéral afin de pallier leur faiblesse, l’État hébreu, qui profite de l’appui d’une superpuissance mais qui ne l’est pas lui-même, fait office de cas particulier dont l’étude pourrait s’avérer un prolongement intéressant de cet ouvrage.
S. Sidani analyse deux types de déviance : la déviance normative, qui caractérise les États se trouvant en retrait du fait de leur non-adhésion à de nombreux traités internationaux, et la déviance comme contestation de l’ordre dominant, qui s’inscrit davantage dans une perspective de défiance et inclut plutôt des États dits « voyous », comme l’Iran ou le Venezuela. Selon l’auteur, un État peut agir de façon déviante soit en raison d’une trop faible insertion sur la scène internationale, soit de façon délibérée. Dans le premier cas, c’est la structure du système qui contraint l’État à agir de la sorte ; dans le second, il agit délibérément comme tel pour se positionner dans le système.
L’auteur identifie l’intégration ou non d’un pays dans un ou plusieurs organismes régionaux comme un premier facteur déterminant de déviance, dans la mesure où les systèmes régionaux sont une première étape cruciale dans l’intégration au niveau mondial. Le développement socio-économique, l’insularité ou la faillite de l’État sont également des éléments qui jouent un rôle essentiel, notamment dans la capacité structurelle d’un État à ratifier et, surtout, à appliquer les traités internationaux. S. Sidani considère également le régime politique comme un indicateur d’intégration important, les États démocratiques ayant une plus forte propension à ratifier des traités. Enfin, la puissance peut jouer un rôle essentiel, dans la mesure où certains États peuvent se permettre des écarts à la norme pour poursuivre leurs intérêts, sans craindre d’être sanctionnés – c’est notamment le cas des États-Unis, qui ont un taux relativement faible de traités ratifiés.
La force de l’ouvrage tient à la fois à la volonté de proposer une grille d’analyse systématique appuyée par un travail quantitatif poussé, et à la capacité de dépasser – sans pour autant rejeter – les catégories usuelles qui ont été constituées par les acteurs dominants des relations internationales – les notions de failed ou rogue states, notamment. La multiplicité des indicateurs proposés permet ainsi de mettre en avant des formes de déviance qui caractérisent des puissances comme les États-Unis ou la Chine, qui ont un intérêt ainsi qu’un poids suffisant pour se permettre certains écarts. Malgré cette approche élargie, on notera peut-être, en guise d’ouverture davantage que de critique, l’absence de l’analyse du cas d’Israël. Alors que la plupart des puissances « moyennes » ou plus petites optent généralement pour une insertion dans le jeu multilatéral afin de pallier leur faiblesse, l’État hébreu, qui profite de l’appui d’une superpuissance mais qui ne l’est pas lui-même, fait office de cas particulier dont l’étude pourrait s’avérer un prolongement intéressant de cet ouvrage.