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(In)sécurités humaines : les luttes pour la paix au XXIe siècle
par Bernard Dreano (dir.) - Paris, Éditions Non-lieu, 2015, 216p.
Dirigé par Bernard Dreano, président du réseau international Helsinki Citizens’ Assembly (HCA), (In)sécurités humaines constitue une remarquable synthèse des enjeux qui animent les relations internationales contemporaines, dans laquelle la notion de « sécurités » – au pluriel – invite à embrasser des sujets diversifiés mais interdépendants dans le but de promouvoir la paix et le vivre-ensemble. Issu d’un projet largement initié par le Peace Event qui s’est tenu à Sarajevo en 2014, cet ouvrage collectif, par sa clarté et sa dimension historique, vise un large lectorat et répond brillamment au rôle d’informateur de l’Assemblée européenne des citoyens, membre du réseau HCA.
Dans une première partie, B. Dreano dresse un état du monde, tout en accompagnant son raisonnement de références bibliographiques qui permettent au lecteur de découvrir les auteurs fondamentaux qui irriguent la littérature des relations internationales. La démarche permet également d’approfondir ou d’illustrer les sujets abordés, y compris par des écrits alternatifs et engagés. Ce faisant, c’est la complexité du phénomène de sécurité que l’auteur entend mettre en avant, montrant les liens, parfois ténus mais toujours présents, entre les différentes thématiques.
Ainsi, à travers une revue des problématiques touchant à l’armement, aux stratégies militaires, à la domination économique et aux enjeux humanitaires comme la crise migratoire, B. Dreano nous invite à envisager la paix à travers une approche de la sécurité en termes humains, à l’instar de l’Agenda pour la paix défendu par le secrétaire général des Nations unies Boutros Boutros-Ghali en 1992.
L’auteur propose également un regard critique et novateur sur des sujets comme la « fabrique de l’ennemi » ou les lois liberticides destinées initialement à combattre le djihadisme. À travers cette synthèse globale, c’est finalement une critique du schématisme de certaines analyses géopolitiques que ce premier texte, puis l’ouvrage dans son ensemble invitent à entreprendre. Réciproquement, et comme le résume B. Dreano, « en réduisant un problème à une explication univoque et simpliste […] ou, pire, complotiste, on se lie les mains pour agir pour la paix » (p. 58).
La seconde partie de l’ouvrage est consacrée à un recueil de textes qui permettent d’approfondir et d’illustrer certaines thématiques abordées dans le travail central de B. Dreano. D’abord, Razan Ghazzawi met en lumière le rôle des femmes lors du soulèvement syrien et leur lutte au quotidien, contre le régime mais également pour la reconnaissance de leurs actions dans les développements qui ont accompagné la révolution syrienne. B. Dreano et la branche turque du réseau HCA proposent ensuite une réflexion sur l’implication de la société civile en Turquie à travers le prisme des négociations de la communauté kurde avec Ankara, dans un processus de reconnaissance freiné par les récents événements en Syrie. Le théâtre ukrainien est, pour sa part, traité par Anne Le Huerou et Éric Simon, qui analysent les événements de la place Maïdan et l’affrontement avec la Russie en offrant un éclairage particulièrement original sur les stratégies de communication des différents camps et sur le rôle de la société civile au cœur du conflit armé. Enfin, un recueil d’interventions, présenté par Sharon Weill, vient mettre en lumière les difficultés du droit international à s’imposer dans certaines situations, tout en soulignant ses potentialités. L’ouvrage s’achève sur trois interventions issues du Peace Event de Sarajevo, et sur un appel de Mary Kaldor à repenser l’Union européenne pour éviter tout retour un siècle en arrière.
Dans une première partie, B. Dreano dresse un état du monde, tout en accompagnant son raisonnement de références bibliographiques qui permettent au lecteur de découvrir les auteurs fondamentaux qui irriguent la littérature des relations internationales. La démarche permet également d’approfondir ou d’illustrer les sujets abordés, y compris par des écrits alternatifs et engagés. Ce faisant, c’est la complexité du phénomène de sécurité que l’auteur entend mettre en avant, montrant les liens, parfois ténus mais toujours présents, entre les différentes thématiques.
Ainsi, à travers une revue des problématiques touchant à l’armement, aux stratégies militaires, à la domination économique et aux enjeux humanitaires comme la crise migratoire, B. Dreano nous invite à envisager la paix à travers une approche de la sécurité en termes humains, à l’instar de l’Agenda pour la paix défendu par le secrétaire général des Nations unies Boutros Boutros-Ghali en 1992.
L’auteur propose également un regard critique et novateur sur des sujets comme la « fabrique de l’ennemi » ou les lois liberticides destinées initialement à combattre le djihadisme. À travers cette synthèse globale, c’est finalement une critique du schématisme de certaines analyses géopolitiques que ce premier texte, puis l’ouvrage dans son ensemble invitent à entreprendre. Réciproquement, et comme le résume B. Dreano, « en réduisant un problème à une explication univoque et simpliste […] ou, pire, complotiste, on se lie les mains pour agir pour la paix » (p. 58).
La seconde partie de l’ouvrage est consacrée à un recueil de textes qui permettent d’approfondir et d’illustrer certaines thématiques abordées dans le travail central de B. Dreano. D’abord, Razan Ghazzawi met en lumière le rôle des femmes lors du soulèvement syrien et leur lutte au quotidien, contre le régime mais également pour la reconnaissance de leurs actions dans les développements qui ont accompagné la révolution syrienne. B. Dreano et la branche turque du réseau HCA proposent ensuite une réflexion sur l’implication de la société civile en Turquie à travers le prisme des négociations de la communauté kurde avec Ankara, dans un processus de reconnaissance freiné par les récents événements en Syrie. Le théâtre ukrainien est, pour sa part, traité par Anne Le Huerou et Éric Simon, qui analysent les événements de la place Maïdan et l’affrontement avec la Russie en offrant un éclairage particulièrement original sur les stratégies de communication des différents camps et sur le rôle de la société civile au cœur du conflit armé. Enfin, un recueil d’interventions, présenté par Sharon Weill, vient mettre en lumière les difficultés du droit international à s’imposer dans certaines situations, tout en soulignant ses potentialités. L’ouvrage s’achève sur trois interventions issues du Peace Event de Sarajevo, et sur un appel de Mary Kaldor à repenser l’Union européenne pour éviter tout retour un siècle en arrière.