See English version below « Ça s’est passé comme ça ». Ceci...
Individu-s et démocratie au Japon
par Christian Galan et Jean-Pierre Giraud (dir.)
Le Japon continue de susciter une curiosité sans doute propre à un pays dont les écarts culturels avec l’Occident semblent, pour certains, insurmontables. Et pourtant, doit-on résumer le Japon à un « ailleurs » incompréhensible, indéchiffrable et, par voie de conséquence, sujet à toutes formes de clichés, et même de critiques ? En réalité, plus que le Japon lui-même, ce sont les Japonais qui interpellent et sont l’objet de tous les fantasmes. On dépeint ainsi trop souvent la société japonaise comme robotisée, déshumanisée, dans laquelle les individualités n’existeraient pas. S’il ne s’agit pas de son objet, l’un des principaux mérites de ce volume est justement de tordre le cou à cette idée reçue. Un long et très ludique document annexe, qui fait écho au très complet texte d’Emmanuel Lozeran, offre d’ailleurs un excellent florilège, d’Aristote aux commentateurs contemporains, en passant par Pierre Loti, Jacques Lacan et Édith Cresson, de tout ce qui a pu être écrit sur le Japon et entretenu le mythe d’un pays privé d’individus, comme si cela était profondément inscrit dans son identité nationale. Il y a bien des individus au Japon, qu’on se le dise une bonne fois pour toutes.
Les individus au Japon, qui s’expriment dans les domaines artistiques, mais sont également très présents – sous des formes qui peuvent parfois sembler peu évidentes dans les sociétés occidentales – dans la sphère publique, ont joué et continuent de jouer un rôle primordial dans les orientations que prend le pays. La modernité, si souvent mise en avant pour décrire les transformations de l’archipel, en particulier depuis la restauration Meiji, ne saurait ainsi se comprendre sans tenir compte des mouvements dans la société et des implications des Japonais eux-mêmes. Les auteurs croisent ainsi leurs analyses sur les milieux intellectuels et les phénomènes de société qui témoignent de ces activités. Les sujets sont nombreux : place des femmes, immigration, homosexualité, éducation ou encore enfance, laissant apparaître un Japon dans lequel le militantisme existe et qui ne fait pas l’économie de débats publics. Faut-il y voir une forme d’occidentalisation du pays ou est-ce inscrit dans les comportements des Japonais ? Difficile d’y répondre sans tomber une nouvelle fois dans les clichés. Aussi les auteurs prennent-ils un soin particulier à éviter cet écueil. Le choix de recourir à des contributeurs à la fois français et japonais est judicieux, en ce qu’il permet justement d’éviter les lieux communs, sans non plus tomber dans l’excès inverse d’une étude difficilement accessible aux non-initiés.
Parmi les rares reproches que l’on pourrait faire à cet ouvrage figure l’absence d’une définition de ce que représente la démocratie au Japon. La partie consacrée à la question de la démocratie, qui compte de remarquables contributions, aurait ainsi gagné à être enrichie d’une introduction présentant ce que signifie cette notion dans le cas du Japon, et faisant ainsi résonance au texte de Sumitani Hirobumi sur le système impérial ou celui de Christian Galan sur l’éducation après la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, si la question de l’individu est remarquablement introduite dans les différents textes dans le cadre japonais, le lien avec la démocratie est le plus souvent l’objet de développements sur la participation de la société civile. On relève, en revanche, moins de réflexions élargies à l’ensemble des individualités qui composent l’archipel sur le sens à donner à la démocratie.
Individu-s et démocratie au Japon n’en demeure pas moins, par la multiplicité des thèmes qu’il aborde, la richesse de sa documentation et la pertinence de ses analyses, un ouvrage de référence pour comprendre la question de l’individu au Japon, dans son rapport à la société et à la démocratie. Et il ouvre la voie à d’autres travaux portant spécifiquement sur ce deuxième aspect, qui permettront d’explorer ce thème hautement sensible de la démocratie dans le Japon contemporain.
Les individus au Japon, qui s’expriment dans les domaines artistiques, mais sont également très présents – sous des formes qui peuvent parfois sembler peu évidentes dans les sociétés occidentales – dans la sphère publique, ont joué et continuent de jouer un rôle primordial dans les orientations que prend le pays. La modernité, si souvent mise en avant pour décrire les transformations de l’archipel, en particulier depuis la restauration Meiji, ne saurait ainsi se comprendre sans tenir compte des mouvements dans la société et des implications des Japonais eux-mêmes. Les auteurs croisent ainsi leurs analyses sur les milieux intellectuels et les phénomènes de société qui témoignent de ces activités. Les sujets sont nombreux : place des femmes, immigration, homosexualité, éducation ou encore enfance, laissant apparaître un Japon dans lequel le militantisme existe et qui ne fait pas l’économie de débats publics. Faut-il y voir une forme d’occidentalisation du pays ou est-ce inscrit dans les comportements des Japonais ? Difficile d’y répondre sans tomber une nouvelle fois dans les clichés. Aussi les auteurs prennent-ils un soin particulier à éviter cet écueil. Le choix de recourir à des contributeurs à la fois français et japonais est judicieux, en ce qu’il permet justement d’éviter les lieux communs, sans non plus tomber dans l’excès inverse d’une étude difficilement accessible aux non-initiés.
Parmi les rares reproches que l’on pourrait faire à cet ouvrage figure l’absence d’une définition de ce que représente la démocratie au Japon. La partie consacrée à la question de la démocratie, qui compte de remarquables contributions, aurait ainsi gagné à être enrichie d’une introduction présentant ce que signifie cette notion dans le cas du Japon, et faisant ainsi résonance au texte de Sumitani Hirobumi sur le système impérial ou celui de Christian Galan sur l’éducation après la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, si la question de l’individu est remarquablement introduite dans les différents textes dans le cadre japonais, le lien avec la démocratie est le plus souvent l’objet de développements sur la participation de la société civile. On relève, en revanche, moins de réflexions élargies à l’ensemble des individualités qui composent l’archipel sur le sens à donner à la démocratie.
Individu-s et démocratie au Japon n’en demeure pas moins, par la multiplicité des thèmes qu’il aborde, la richesse de sa documentation et la pertinence de ses analyses, un ouvrage de référence pour comprendre la question de l’individu au Japon, dans son rapport à la société et à la démocratie. Et il ouvre la voie à d’autres travaux portant spécifiquement sur ce deuxième aspect, qui permettront d’explorer ce thème hautement sensible de la démocratie dans le Japon contemporain.