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Histoire de la Birmanie. Des rois de Pagan à Aung San Suu Kyi
Par Antoine C. Sfeir - Paris, Paris, Tallandier, 2018, 445p.
Après un demi-siècle de silence imposé par une junte répressive et soucieuse de ne pas laisser filtrer d’informations sur ses dérives, la Birmanie fait parler d’elle depuis sa démocratisation et l’élection de 2015, qui a vu la victoire de la Ligue nationale de la démocratie. Plus récemment, c’est le sort infligé aux Rohingyas, désignés par plusieurs rapports des Nations unies comme peuple le plus persécuté de la planète, qui attire l’attention, en marge d’un drame humanitaire et d’une situation politique à la fois complexe et dérangeante. Mais que sait-on de l’histoire si singulière de ce pays, au-delà des clichés qui portèrent aux nues Aung San Suu Kyi, avant d’en faire la cible des critiques des défenseurs des droits de l’homme ? Que connaît-on du caractère hétérogène, et souvent difficile à concilier, de l’ethnicité dans ce pays ancien, mais dont la fragilité est plus que jamais le principal défi ?
Dressant un panorama complet de l’histoire de la Birmanie, des heures de gloire de Pagan aux sombres pages de la junte, en passant par une longue et très déstabilisante colonisation britannique – dépeinte au vitriol par George Orwell dans son premier roman, Une histoire birmane (1934), alors qu’il était employé dans l’administration coloniale –, Antoine Sfeir apporte des éclairages indispensables sur le présent de ce pays. Ce travail est d’autant plus bienvenu qu’il permet de prendre du recul et d’éviter de tomber dans des jugements aussi hâtifs que déplacés.
Car à l’exception sans doute de la Corée du Nord, aucun État ne fut aussi impénétrable que la Birmanie pendant les années de la junte. C’est précisément à cette époque que les maux actuels se sont développés, ou plus exactement que les vieux démons du pays ont été traités par la violence, rendant difficile tout processus de réconciliation nationale. Il s’agit d’ailleurs du principal défi du gouvernement au pouvoir depuis 2015, et qui doit cohabiter avec les militaires, ces derniers s’octroyant, en dehors de tout processus électoral, un quart des sièges au Parlement et contrôlant des ministères-clés comme la Défense, l’Intérieur ou les Frontières.
Comprendre la Birmanie, c’est aussi appréhender la place centrale du bouddhisme et la réalité de la géographie, avec une société majoritaire, les Bamar, qui ont bâti une civilisation autour du fleuve Irrawaddy, et des minorités ethniques et religieuses dispersées sur les plateaux aux marches de ce pays. C’est, enfin, replacer le pays dans son environnement régional, au carrefour de deux civilisations incontournables, l’Inde et la Chine, à la frontière avec la rivale Thaïlande, point de jonction entre le plateau tibétain et l’océan Indien. Pour ces différentes raisons, l’ouvrage documenté et minutieux d’Antoine Sfeir est publié à un moment opportun.
Dressant un panorama complet de l’histoire de la Birmanie, des heures de gloire de Pagan aux sombres pages de la junte, en passant par une longue et très déstabilisante colonisation britannique – dépeinte au vitriol par George Orwell dans son premier roman, Une histoire birmane (1934), alors qu’il était employé dans l’administration coloniale –, Antoine Sfeir apporte des éclairages indispensables sur le présent de ce pays. Ce travail est d’autant plus bienvenu qu’il permet de prendre du recul et d’éviter de tomber dans des jugements aussi hâtifs que déplacés.
Car à l’exception sans doute de la Corée du Nord, aucun État ne fut aussi impénétrable que la Birmanie pendant les années de la junte. C’est précisément à cette époque que les maux actuels se sont développés, ou plus exactement que les vieux démons du pays ont été traités par la violence, rendant difficile tout processus de réconciliation nationale. Il s’agit d’ailleurs du principal défi du gouvernement au pouvoir depuis 2015, et qui doit cohabiter avec les militaires, ces derniers s’octroyant, en dehors de tout processus électoral, un quart des sièges au Parlement et contrôlant des ministères-clés comme la Défense, l’Intérieur ou les Frontières.
Comprendre la Birmanie, c’est aussi appréhender la place centrale du bouddhisme et la réalité de la géographie, avec une société majoritaire, les Bamar, qui ont bâti une civilisation autour du fleuve Irrawaddy, et des minorités ethniques et religieuses dispersées sur les plateaux aux marches de ce pays. C’est, enfin, replacer le pays dans son environnement régional, au carrefour de deux civilisations incontournables, l’Inde et la Chine, à la frontière avec la rivale Thaïlande, point de jonction entre le plateau tibétain et l’océan Indien. Pour ces différentes raisons, l’ouvrage documenté et minutieux d’Antoine Sfeir est publié à un moment opportun.