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Guerres inutiles ?
François Cailleteau Économica, Paris, 2011, 129 p.
Depuis le début du siècle les armées occidentales sont de nouveau confrontées à des populations insurgées, situation à laquelle elles ne sont préparées. Auparavant elles avaient essentiellement participé à des opérations de maintien de la paix ou des guerres plus classiques comme celle du Golfe en 1991 ou du Kosovo en 1999.
Dans son livre Guerres inutiles ?, François Cailleteau passe en revue les différents exemples historiques de ces guerres contre-insurrectionnel partant de la Vendée en 1793, pour arriver à l’Irak aujourd’hui, en passant par la guerre d’Espagne, Napoléon, la guerre du Rif, l'Algérie, le Vietnam, l’Afghanistan, la guerre civile grecque de 1946, etc.
Quelles leçons peut-on tirer de ces exemples historiques pour inciter les responsables politiques et militaires à examiner tous les aspects de la future intervention pour ne pas se poser par la suite la question lancinante des fourberies de Scapin « mais que diable allait-il faire dans cette galère ? » se demande François Cailleteau.
Selon lui, une première donnée fondamentale est de savoir si la force principale de contre-insurrection est indigène ou non, cela concerne aussi ceux qui la commandent. Il s’agit de distinguer en fait la guerre civile et la guerre impériale. La légitimité de la force non indigène est diminuée. Elle heurte le sentiment national du pays dans lequel elle intervient, tout en faisant à terme poser la question du pays d’origine : « pourquoi perdre des hommes et de l’argent dans ce type d’entreprise ? »
L’usage de la violence est beaucoup plus bridé qu’auparavant, les pertes dans les rangs de la puissance intervenante ne sont plus admises ni celles causées à la population et même aux insurgés. Comme le souligne François Cailleteau, « on imagine mal aujourd’hui la tête d’insurgés exécutés orner les places publiques, pratique pourtant courante autrefois. »
Brûler les récoltes, raser les villes, bombarder de façon massive, toutes ces actions autrefois courantes ne sont plus supportées par l’opinion.
En conclusion, François Cailleteau se montre pessimiste sur les possibilités de réussite d’une politique de contrats sur actions. Tout d’abord, l’essor démographique joue contre les puissances occidentales, deuxièmement la diminution des effectifs militaires, notamment de la composante terrestre qui est décisive en contre-insurrection, ne leur permet pas de déployer le nombre nécessaire de soldats pour les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Russie. Or, souligne l’auteur, les contre-insurrections qui, historiquement, ont réussi, ont toujours engagé un nombre de soldats équivalent à 4 ou 5 % de la population du pays dans lequel on intervient. Ce n’est plus possible aujourd’hui. Le volume des forces terrestres a été réduit de deux tiers au cours du dernier quart de siècle. Enfin l’usage de la violence est désormais limité pour les puissances intervenant du fait de l’extrême médiatisation des conflits. L’auteur est formel, l’évolution de ces trois facteurs rendant désormais improbable la réussite d’une contre-insurrection, tout au plus peut-on espérer en sortir sans trop de dommages, « mieux vaut donc éviter ces guerres inutiles » conclut-il.
Dans son livre Guerres inutiles ?, François Cailleteau passe en revue les différents exemples historiques de ces guerres contre-insurrectionnel partant de la Vendée en 1793, pour arriver à l’Irak aujourd’hui, en passant par la guerre d’Espagne, Napoléon, la guerre du Rif, l'Algérie, le Vietnam, l’Afghanistan, la guerre civile grecque de 1946, etc.
Quelles leçons peut-on tirer de ces exemples historiques pour inciter les responsables politiques et militaires à examiner tous les aspects de la future intervention pour ne pas se poser par la suite la question lancinante des fourberies de Scapin « mais que diable allait-il faire dans cette galère ? » se demande François Cailleteau.
Selon lui, une première donnée fondamentale est de savoir si la force principale de contre-insurrection est indigène ou non, cela concerne aussi ceux qui la commandent. Il s’agit de distinguer en fait la guerre civile et la guerre impériale. La légitimité de la force non indigène est diminuée. Elle heurte le sentiment national du pays dans lequel elle intervient, tout en faisant à terme poser la question du pays d’origine : « pourquoi perdre des hommes et de l’argent dans ce type d’entreprise ? »
L’usage de la violence est beaucoup plus bridé qu’auparavant, les pertes dans les rangs de la puissance intervenante ne sont plus admises ni celles causées à la population et même aux insurgés. Comme le souligne François Cailleteau, « on imagine mal aujourd’hui la tête d’insurgés exécutés orner les places publiques, pratique pourtant courante autrefois. »
Brûler les récoltes, raser les villes, bombarder de façon massive, toutes ces actions autrefois courantes ne sont plus supportées par l’opinion.
En conclusion, François Cailleteau se montre pessimiste sur les possibilités de réussite d’une politique de contrats sur actions. Tout d’abord, l’essor démographique joue contre les puissances occidentales, deuxièmement la diminution des effectifs militaires, notamment de la composante terrestre qui est décisive en contre-insurrection, ne leur permet pas de déployer le nombre nécessaire de soldats pour les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Russie. Or, souligne l’auteur, les contre-insurrections qui, historiquement, ont réussi, ont toujours engagé un nombre de soldats équivalent à 4 ou 5 % de la population du pays dans lequel on intervient. Ce n’est plus possible aujourd’hui. Le volume des forces terrestres a été réduit de deux tiers au cours du dernier quart de siècle. Enfin l’usage de la violence est désormais limité pour les puissances intervenant du fait de l’extrême médiatisation des conflits. L’auteur est formel, l’évolution de ces trois facteurs rendant désormais improbable la réussite d’une contre-insurrection, tout au plus peut-on espérer en sortir sans trop de dommages, « mieux vaut donc éviter ces guerres inutiles » conclut-il.